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Relations PTr-PMSD : À quelle sauce se dégustera le coq ?

19 mai 2014

Quel est l’état des relations entre Xavier Luc Duval et Navin Ramgoolam ?

Certains préparent déjà les épices. Un peu d’oignon pour la trahison et un peu d’ail pour un bye-bye qui se profile depuis des mois. Des feuilles de cari poule pour l’amertume. Du sel et du poivre pour relever le tout et rendre le départ corsé. Reste une question pour les cuistots : quand le coq se fera-t-il cuire en version sauce rouge ? Depuis quelque temps déjà, ceux qui voulaient déguster le roi de la basse-cour pensaient aux meilleurs moyens de le déplumer et de l’apprêter. La guerre fratricide autour des décisions de Michael Sik Yuen, les appels du pied du MMM et les habituelles piques de Navin Ramgoolam – concernant, récemment, les propositions du PMSD sur la réforme électorale – avaient de quoi ouvrir l’appétit. Cette semaine, il semblerait que l’on ait rallumé les braises sous la marmite politique bleue.

Pas de gazinière, pas de plaque à induction, pas de four à micro-ondes. En politique, quand on cuisine, c’est old style ! Comme les banderoles utilisées par les Bleus – faisant l’éloge des réalisations qu’ils estiment être les leurs – et vivement critiquées par Navin Ramgoolam, cette semaine : «Le PMSD n’est pas au courant de beaucoup de choses. Je constate même qu’il essaie de réécrire l’histoire. Le tourisme et la zone franche, c’est grâce à SSR.» Ça sent la montée de température.

Le fait d’être l’ingrédient de trop pour une bonne réforme électorale n’a pas aidé non plus. Le PMSD n’a pas été invité à faire partie du comité mixte institué pour la rédaction du projet de loi. D’ailleurs, il n’était même pas au courant, semble-t-il, de la mise en place de ce groupe de travail !

Comment réagit le leader des Bleus, Xavier-Luc Duval, face à cette situation ? Il sortira peut-être de son silence, ce dimanche 18 mai, lors du congrès du PMSD qui aura lieu à l’école hôtelière Sir Gaëtan Duval. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’il y prendra la parole. «Il parlera de la politique en général et de la ligne de notre parti», confie Mamade Khodabaccus, secrétaire général du PMSD. S’exprimera-t-il sur les récentes déclarations de Navin Ramgoolam ? Notre interlocuteur ne se prononce pas. Mais il est catégorique : «Nous sommes à l’aise au sein de l’alliance gouvernementale.» Le sujet met tout de même mal à l’aise. Difficile de penser le contraire quand on voit la façon dont il est balayé d’un revers de main.

Une rupture est-elle au programme ? Ou alors est-elle tributaire d’une alliance entre le PTr et le MMM avec la possibilité que des élections anticipées aient lieu ? Au PMSD, on préfère jouer la carte de la prudence. D’ailleurs, un scénario à la «lev pake ale» ne serait pas à l’agenda. «Nous n’avons aucun intérêt à précipiter les choses. Attendons voir», confie un proche du PMSD. Les différences de position sur le seuil d’éligibilité des députés à la proportionnelle n’est pourtant qu’un désaccord de plus. Même s’il ne cesse de revenir sur la table. Néanmoins, si les Bleus souhaitent que ce seuil soit revu à la baisse, Navin Ramgoolam n’en démord pas : il veut conserver ses 10 %.

 

Photo prise lors de la présentation des candidats de l’Alliance de l’Avenir en 2010. Un rapprochement entre le PMSD et le MSM est-il possible ?


Et le MSM qui mène le même combat que le PMSD ! Le leader, Pravind Jugnauth, a dit reconnaître la contribution des Bleus, cette semaine. Y aurait-il un parfum d’alliance dans l’air ? Les deux «petits» partis abandonnés trouveront-ils du réconfort dans les bras l’un de l’autre ? Comme le «napolitaine» et la confiture de fraise ? Pour l’instant, il n’en est pas question, confie notre interlocuteur. Néanmoins, le PMSD fait quand même souffler un petit vent d’indignation. Pas très subtil ou très convaincant. Mais ça souffle quand même. Avec ses banderoles, bien sûr. Et avec les sorties de Jacques Panglose.

L’avocat a émis un communiqué, en fin de semaine, pour répondre à Navin Ramgoolam. Le porte-parole des Bleus a tenu à préciser que «le PMSD est fier de l’immense contribution de sir Gaëtan Duval au développement du pays, plus particulièrement dans le tourisme et la zone franche». Et il a commenté l’absence des Bleus du comité sur la réforme électorale : «Nos propositions concernant le projet de réforme électorale ont fait l’objet de mûres réflexions et nous croyons fermement qu’elles peuvent aider à élargir l’espace démocratique à Maurice.»

Ces prises de position n’ont pas fait rougir de bonheur les Rouges. «Le PMSD devrait se la jouer low profile en ce moment. Pourquoi donner l’impression que ses membres ont de l’amour propre ?» lance un député rouge, sarcastique. Il explique que, selon lui, les Bleus donnent souvent l’impression de vouloir une cassure, sans avoir les «guts» de l’assumer jusqu’au bout : «Au final, on le sait tous, c’est quand Navin Ramgoolam décidera que ce sera fini que ça le sera.»

Les braises sont allumées, mais le coq n’est pas encore tout à fait déplumé. Si certains préparent déjà les épices, le principal concerné, lui, attend voir…

 



Propos du PM sur la campagne d’affichage du PMSD : La FCM réplique


«Le tourisme, c’est nous. La zone franche, c’est nous. L’abolition de la peine de mort, c’est nous. Cités ouvrières, c’est nous.» C’est ce qu’affichaient les banderoles installées dans plusieurs régions de l’île. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir le Premier ministre (PM) Navin Ramgoolam qui soutient, lui, que «le tourisme et la zone franche, c’est SSR».

Face à ces propos, Mario Cangy, le président par intérim de la Fédération Créole Mauricien (FCM), avance que le PM se doit de bien réfléchir avant de parler, «pou ki li pa bles bann morisien, sirtou bann minorite». «Nous lui demandons d’avoir le courage de reconnaître que c’est sir Gaëtan Duval,  ancien leader du PMSD, qui avait créé la zone franche, que c’était lui qui avait mis Maurice sur la carte internationale en faisant venir de grandes vedettes du cinéma indien et européen», souligne-t-il. Tout en admettant que c’est bien «SSR qui avait été à la base de l’éducation gratuite et du Welfare State».

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