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2 février 2015 11:29
17h30, jeudi 29 janvier au collège Notre-Dame, à Curepipe. Un calme plat règne dans l’enceinte de l’établissement. Dans une salle de classe, occupée quelques heures plus tôt par des collégiennes, des adultes ont pris place. C’est là qu’Ella Utile, enseignante en alphabétisation, et ses collègues se réunissent deux fois par semaine pour dispenser des cours à des adultes. «J’aime ce que je fais et je le fais avec mon cœur. Le bonheur, c’est de toujours convaincre les élèves d’aller plus loin dans leur apprentissage et de compléter tous les niveaux que nous offrons», explique cette habitante de Curepipe qui consacre quatre heures de son temps par semaine au Centre du Savoir.
Et le résultat est payant puisque, hier, samedi 31 janvier, les élèves ont obtenu un certificat en alphabétisation. La cérémonie s’est tenue au collège Notre-Dame. Parmi les détenteurs de ce certificat, l’on compte Claudette Marouvenne, âgée de 56 ans. Cette mère de famille – elle a deux enfants âgés de 16 et 11 ans –, qui, enfant, avait échoué aux examens du Certificate of Primary Education (CPE), a toujours eu soif d’apprendre. «Après cet échec, je n’avais plus remis les pieds dans une école. J’avais le sentiment d’être incomplète et j’ai toujours voulu apprendre à lire. Aujourd’hui, c’est possible grâce à ces cours d’alphabétisation. Je peux même payer mes factures sans l’aide de personne», explique Claudette.
Navin Gopaul, lui, s’est inscrit à ces cours dans le but de pouvoir, un jour, lire la Bible. Au bout de 14 mois d’apprentissage, cet habitant de Forest-Side, âgé de 44 ans, a relevé son pari haut la main. «Maintenant, que je sais lire, je me fais un devoir de lire la Bible aussi souvent que je peux», confie-t-il.
Des plus jeunes inscrits, il y en a aussi. Yoan Perraud est de ceux-là. À 27 ans, cet habitant de Cité-Malherbe, peintre de profession, a repris le chemin de l’école afin de prendre sa revanche sur le système éducatif. «J’étais un slow learner à l’école. L’enseignant ne s’intéressait pas à moi et m’avait même installé sur une table au fond de la classe. J’ai échoué deux fois aux examens du CPE», explique-t-il. Cela fait 14 mois qu’il s’est inscrit aux cours dispensés par le Centre du Savoir, encouragé par son frère Johnny Perraud. «Au départ, je n’étais pas très convaincu. Je n’étais pas sûr de réussir. Mais aujourd’hui, je peux lire un journal, envoyer des textos», dit-il.
Johnny, lui, marié à une enseignante, a essayé d’apprendre les bases de l’alphabétisation avec l’aide de sa femme. Mais ça n’a pas fonctionné. «J’ai essayé avec ma femme. Mais je ne comprenais rien. C’est le Centre du Savoir qui m’a permis de lire quelques lignes. Aujourd’hui, j’en suis fier. Je peux aussi me débrouiller concernant les chiffres. À présent, mes enfants me demandent même, de temps en temps, des conseils concernant leurs leçons», souligne-t-il.
De son côté, Pamela Pitchee, 36 ans, a décroché dix unités aux derniers examens du CPE. Elle rêve désormais d’entamer des études secondaires et de décrocher son certificat de School Certificate. «Cela fait cinq ans que je me suis inscrite au Centre du Savoir. Je rêve de devenir enseignante du pré-primaire et je ferai tout pour y arriver», assure-t-elle. Après tout, il n’y a pas d’âge pour apprendre.
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