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22 mai 2023 16:25
«Le renvoi des élections municipales me touche et me fait réfléchir. Je trouve que c’est une raison de plus pour avancer que l'île Maurice est entrée dans une ère antidémocratique. Que le gouvernement prenne cette décision équivaut à bafouer notre droit constitutionnel et à nous faire encore perdre notre temps car il est clair que le maire actuel n’en a rien à faire de l’état de nos routes à Beau-Bassin/Rose-Hill, pour ne citer que ça. À en croire mon entourage, c’est un gouvernement qui devient de plus en plus impopulaire. Avec une nouvelle équipe, nous aurions, peut-être, la chance de tomber sur des personnes qui auraient envie de mieux faire. Et la où on en est, ce ne serait pas très dur car c’est la catastrophe. L’équipe actuelle est inutile et inexistante.»
«Je suis sûre que beaucoup sont étonnés comme moi de ce renvoi des élections municipales. Ce n’est pas bien, dans le sens où nous retardons un exercice démocratique essentiel au bon fonctionnement des villes, mais aussi du pays tout entier. Je pense qu’il y a une stratégie politique derrière, surtout quand on pense au timing de ce renvoi pour des élections que beaucoup attendaient pour cette année. Avec ce prolongement de deux ans pour les conseils municipaux, je me demande ce qui va être fait concernant tellement de dossiers, surtout l’état des infrastructures dans les villes, comme des rues ou même des drains. Est-ce que tout va rester comme ça, sans amélioration, dans nos villes avant les élections ?»
«Au-delà de la chose politique, ce renvoi peut être un événement salutaire pour l’équipe en place. Un sursis pour mieux/plus faire. Elle aura le temps de terminer et/ou de voir se concrétiser ses petits et grands projets. Il y a eu des développements ces dernières années, mais il y a bien d’autres choses à faire : compléter les drains, convertir la vieille gare, trouver une solution pour le forum et y rallier le métro…L’Hôtel de ville rénové, qui est un bijou, doit désormais être entretenu avec le plus grand soin. Et puis, je pense qu’il est temps d’apporter des changements conséquents aux lois qui régissent les municipalités afin de donner plus de pouvoir décisionnaire aux équipes dirigeantes, de rendre les mairies plus autonomes. Tout passe par le local government, aujourd’hui. Il faudrait également penser à donner à d’autres lieux, comme Mahébourg ou Moka, le statut de ville.»
«Ce n’est pas fair-play du tout de la part de ce gouvernement de renvoyer une fois de plus les élections municipales. Non seulement leurs raisons pour justifier ce nouveau renvoi ne tiennent pas la route, mais ce qui est le plus grave, c’est qu’ils privent les citadins de leur droit de vote. C’est triste et inacceptable. Le gouvernement bafoue notre droit civique. Il y a beaucoup de choses qui ne se font pas et qui n’ont été faites dans Port-Louis. Les chemins ne sont pas asphaltés ou alors, ils n’ont fait le travail qu’à moitié, les toilettes publiques sont dans un état lamentable, tout comme le bazar pour les viandes. Il y a des problèmes de drains et des soucis administratifs. De plus, est-ce que le lord-maire considère tous les endroits de Port-Louis de la même manière ? La question se pose. Aujourd’hui, ils viennent dire qu’ils renvoient les élections parce qu’ils vont revoir le système ou je ne sais quoi. Ils faisaient quoi pendant tout ce temps ? Franchement, leurs raisons ne sont pas valables. Il y a, selon moi, autre chose derrière ça.»
«C’est dommage qu’on nous prive de notre droit en tant que citadin et citoyen en renvoyant à nouveau les municipales. Car il y a déjà eu deux mandats et nous n’avons toujours pas pu voter alors que c’est à nous, citadins, de décider, en votant, si nous voulons ou pas des même conseillers. D’ailleurs, un mandat de cinq ans, c’est déjà beaucoup, maintenant imaginez huit ans. Et les conseillers, plus longtemps ils sont là, le moins ils s’intéressent au bien-être des citadins. Comme à Vacoas-Phoenix où on a fermé la salle des fêtes pendant huit mois sous prétexte qu’il y a des travaux et cela avait coûté 8 millions avant même que le projet ne commence. Qu’a-t-on fait des fonds ? D’une, les citadins d’ici ne peuvent pas utiliser cette salle comme avant pour les mariages, bals ou autres événements, et de deux, le gaspillage de fonds fait que la mise en place ou l’amélioration des infrastructures ou des loisirs, entre autres, ne sont pas la priorité des conseillers. Nous devons exercer notre droit de vote à travers les municipales pour que nous puissions choisir ce qui est bon pour nous.»
Le gouvernement tente d’expliquer ce que beaucoup ne comprennent pas. Face à la presse, ce samedi 20 mai, celui-ci, à travers le ministre des Arts et de la Culture, Avinash Teeluck, a justifié le renvoi des prochaines élections municipales dans le sillage de la révision du Local Government Act, comme annoncé par le Conseil des ministres. Il a expliqué qu'avec le changement qui s'est opéré dans le pays en termes de démographie, il est temps de revoir le fonctionnement des collectivités locales, tant au niveau des villes que des villages. «Elles ont un rôle très important dans le fonctionnement de notre démocratie en termes de gouvernance. Il est temps de répondre aux nouvelles exigences de la population, car la loi actuelle ne le permet pas.» Il a souligné que tout un chacun, y compris les partis politiques, pourra faire des suggestions pour apporter des réformes dans le fonctionnement des collectivités locales. Dans ce sens, un comité ministériel sera institué pour recueillir les propositions.
«Aujourd’hui, il est temps que le peuple reprenne son destin en main. Pravind Jugnauth a décidé de renvoyer les élections municipales alors qu’elles ont eu lieu la dernière fois en 2015. Elles vont avoir lieu en 2025, soit dix ans plus tard. Pour quelles raisons ? Ils sont en train de confisquer le droit des citadins. C’est un vol au grand jour. Aujourd’hui, les municipalités sont devenues des écuries. Nous pensons, au Parti Travailliste, qu’il y aura les élections générales avant les municipales. La priorité, c’est de tirer ce cancer qui s’appelle MSM. C’est pour cela que nous avons un front de l’opposition PTr-MMM-PMSD qui s’est formé.»
«Cette décision est une autre atteinte à la démocratie. Selon moi, Pravind Jugnauth agit ainsi parce qu’il sait qu’il ira vers une défaite avec les municipales. Mais le plus révoltant, ce sont ces équipes qui gèrent les municipalités. Nous voyons bien que c’est une affaire de petits copains et cela fera bientôt 10 ans que nous subissons cela. Moi-même, j’ai commencé ma carrière politique ainsi, en étant conseiller, puis maire, entre autres. Mais aujourd’hui, les maires sont des marionnettes entre les mains du gouvernement. De ce fait, il n’y a plus de local governement mais que des écuries du MSM. Je crois qu’il y a une colère générale et la population règlera le sort du MSM bientôt lors des élections générales.»
«Il s’agit d’un troisième renvoi inexplicable. Les deux premiers étaient sous le prétexte de la Covid, alors qu’à Rodrigues des élections ont eu lieu et tout s’est très bien passé (pourquoi pas à Maurice, alors ?). Le gouvernement s’était tout simplement caché derrière ! Mardi, au Parlement, il y aura un amendement au Local Governement Act avec un certificat d’urgence ; nous ne pouvons rien y faire. Tous les prétextes sont bons pour renvoyer ces élections malgré cette attente de la population qui espère un renouveau, un changement en profondeur. La motivation du MSM est claire. Il redoute la sanction de l’électorat citadin par rapport à sa performance catastrophique. Mais aussi le rejet de toute l’île.»
«Nous avons eu plusieurs actes de persécution dans le passé contre ceux qui s’opposent au gouvernement ou ceux qui font écho de la vérité, dont certains journalistes. Mais on a atteint, ici, un autre niveau dans la persécution qui est contre la démocratie (…) C’est un amendement digne d’une dictature, proposé sans contexte et sorti de nulle part (…) Nous allons nous mobiliser, avant mardi, avec d’autres partis d’opposition pour voir la marche à suivre, et nous demandons aux parlementaires de se ressaisir, de faire le bon choix, car above party politics, there is politics.»
Textes : Yvonne Stephen, Amy Kamanah-Murday, Stephane Chinnapen, Valérie Dorasawmy et Rehade Jhuboo
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