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Réouverture de l’enquête sur le meurtre de son épouse Michaela Harte - John McAreavey : «Il faut laisser la police faire son travail sans pression»

19 avril 2022

John McAreavey entouré de son beau-frère et de sa sœur au bureau de son avocat, Dick Ng Sui Wa, lors d’une visite à Maurice en 2017.

Quel a été votre sentiment en apprenant de votre avocat mauricien qu’une nouvelle l’enquête avait été ouverte sur le meurtre de votre épouse ?

 

Tout d’abord, je suis très heureux que la police ait rouvert l’enquête sur l’assassinat de mon épouse. Je suis ravi d’apprendre qu’il y a une nouvelle équipe d’enquêteurs qui travaille très dur pour arrêter ses meurtriers. Je sais que ce n’est pas une tâche facile. L’ASP Goorah fait de son mieux pour résoudre cette affaire qui est très importante non seulement pour notre famille mais aussi pour l’image de votre île. Notre famille réclame toujours justice car les assassins de mon épouse sont encore en liberté. Michaela mérite justice après 11 ans. Et toute la population irlandaise et celle de Maurice veulent que cette enquête soit résolue.

 

Que pensez-vous des derniers développements survenus dans cette affaire ?

 

La nouvelle arrestation de Dassen Narayanen confirme que les enquêteurs sont sur une bonne piste. Toutefois, il faut laisser la police travailler librement et sans pression. Il y a eu beaucoup de vérités qui ont été révélées en 2012, lors du procès des deux suspects aux Assises. Je suis confiant qu’il y aura de bons résultats cette fois. Je souhaite que les coupables soient enfin traduits en justice.

 

Que pensez-vous de la conférence de presse de l’avocat Rama Valayden et de son équipe sur la réouverture de l’enquête sur le meurtre de votre épouse ? L’avocat s’interroge, entre autres, sur le timing de cette nouvelle enquête et demande à la MCIT de produire des preuves. Il dit également craindre un «miscarriage of justice».

 

Je suis surpris et dégoûté par sa prise de position. Comment peut-il critiquer la police alors que son client n’a même pas encore été interpellé ? Ce n’est pas le rôle d’un avocat d’organiser une conférence de presse pour faire bloquer une enquête et maltraiter la police. Votre système est bizarre car les avocats ne fonctionnent pas ainsi en Irlande ou en Grande-Bretagne. Car ce faisant, il pourrait non seulement être dénoncé dans la profession mais aussi faire l’objet d’une enquête par la police pour obstruction à la justice. Pourquoi fait-il des commentaires maintenant, alors que son client n’est pas encore concerné par la nouvelle enquête ? Je me demande s’il veut que la vérité éclate dans cette enquête non résolue qui traîne depuis 11 ans. Ou s’il veut que la vérité soit étouffée pour toujours. Il faut laisser la police faire son travail sans pression de la part de certains avocats mal avisés. C’est ainsi que fonctionne une société démocratique.

 

Les autorités de votre pays suivent-elles toujours cette affaire ?

 

Oui. Le gouvernement irlandais est toujours en contact avec les autorités de votre pays. Dans le passé, nous avons été frustrés. À plusieurs reprises, on nous a donné de faux espoirs. On nous a promis la justice. Il n’y a pas eu de progrès significatifs dans cette affaire, voire pas du tout, depuis l'acquittement en 2012. On est désormais suspendus aux résultats de la nouvelle enquête. Nous n’avons jamais douté de la culpabilité des deux suspects poursuivis aux Assises en raison des preuves accablantes fournies durant le procès. Lesdites preuves accablantes et convaincantes sont régulièrement ignorées. À notre retour à Maurice, en 2017, on nous avait assuré que l’enquête policière était toujours en cours et qu’il allait bientôt y avoir un rebondissement. Mais à peine étions-nous rentrés chez nous en Irlande que les autorités mauriciennes sont revenus à leur mode d’inertie par défaut. Notre douleur augmente car les meurtriers de mon épouse continuent de marcher librement. Dans le passé, des lettres envoyées au gouvernement mauricien par les bureaux de l’Executive Office de l’Irlande du Nord et par Simon Coveney du bureau du ministère des Affaires étrangères de mon pays sont restées sans réponse.

 

La réouverture de l’enquête prouve toutefois que les données ont changé…

 

Je suis d’accord avec vous. C’est la raison pour laquelle notre famille ainsi que tous les Irlandais plaçons toute notre confiance désormais dans la nouvelle équipe de la MCIT. Mais qu’on laisse les enquêteurs travailler tranquillement. D’après ce que j’ai lu dans la presse, les enquêteurs sont déjà en présence de plusieurs informations pertinentes et troublantes. Il y a également les nouvelles preuves scientifiques après les examens ADN. La justice doit désormais prévaloir à tout prix. Ceux qui ont assassiné ma femme doivent être traduits en justice.

 


 

C’est quoi l’affaire Michaela Harte ?

 

Alors qu’elle était en lune de miel à Maurice avec son époux John McAreavey, l’Irlandaise Michaela Harte a été tuée dans sa chambre à l’hôtel Legends, à Grand-Gaube, le 10 janvier 2011. Elle avait été battue et étranglée. Le rapport d’autopsie indique que cette jeune enseignante est décédée par asphyxie suite à une «compression of the neck».

 

Plusieurs suspects ont été arrêtés à l’époque mais uniquement deux d’entre eux ont été traduits aux Assises. Il s’agit de Sandip Mooneea et d'Avinash Treebohun. Ces deux employés de l’hôtel Legends ont toutefois été trouvés non coupables le 12 juillet 2013. Depuis, aucune autre avancée n’avait eu lieu dans cette affaire et 11 ans après le drame, John McAreavey réclame toujours justice car les assassins sont encore en liberté. Sauf que la MCIT semble tenir le bon bout dans cette affaire cette fois, avec des nouvelles preuves scientifiques incriminant Dassen Narayanen. La police le soupçonne d’avoir comploté pour dérober la carte magnétique de la chambre de la victime. Sandip Mooneea et Avinash Treebohun seront d’ailleurs bientôt interrogés à cet effet.

 

Rama Valayden craint un autre «miscarriage of justice»

 

Il se pose beaucoup de questions. Rama Valayden s’interroge, entre autres, sur le timing de la nouvelle enquête policière sur l’assassinat de Michaela Harte. Il invite ainsi les enquêteurs de la MCIT à produire les nouvelles preuves qu’ils ont pour éviter un autre «miscarriage of justice». C’est ce que l’avocat pénaliste a évoqué lors d’une conférence de presse à son cabinet au début de la semaine écoulée en compagnie de Me Sanjeev Teeluckdharry. Les deux avocats avaient assuré la défense de Sandip Mooneea et d’Avinash Treebohun aux Assises, en 2012. Rama Valayden est d’avis que la MCIT mène l’enquête avec le même mood qu’auparavant. Me Teeluckdharry et lui souhaitent que l’enquête soit menée de façon scientifique pour éviter des erreurs de justice. Sandip Mooneea a également pris la parole lors de cette rencontre avec la presse pour clamer une fois de plus son innocence.

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