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Reprise partielle du travail : entre espoir et angoisse

17 mai 2020

Jessyca, Hantish et Mitzi ont repris le chemin du travail après plusieurs semaines de confinement.

Stress, crainte, joie, impatience. Alors que les Mauriciens reprennent graduellement le chemin du boulot, leurs sentiments sont mitigés. Depuis le 15 mai, plusieurs d’entre eux ont repris du service. Petit à petit, nous serons plus nombreux à retrouver notre lieu de travail mais après plusieurs semaines de télétravail ou de chômage partiel, ce retour à nos anciennes habitudes ne sera pas une mince affaire. La crise sanitaire a bousculé nos codes et nos modes de fonctionnement. Si la reprise est réelle, le retour à la normale ne sera pourtant pas pour tout de suite, la Covid-19 ayant engendré un vrai changement au niveau des pratiques et des réflexes de travail.

 

Pour ceux qui ont repris, il a fallu relancer la machine après des semaines à la maison, retrouver une routine, s’adapter aux nouvelles règles et mettre ses angoisses suscitées par le coronavirus de côté. Il a fallu se préparer tant physiquement que psychologiquement. Mitzi Roussety, secrétaire au sein d’une compagnie de surveillance, n’a pas eu beaucoup de temps pour cette préparation. Même si elle a aimé retrouver son travail et son poste, cette reprise n’a pas été évidente. «Mon patron m’a appelée en me disant de venir travailler le lendemain. Je n’y étais pas vraiment préparée. C’était tout un chamboulement. Évidemment, je savais que j’y retournerais tôt ou tard mais ça n’a pas été facile. J’ai dû rassembler tout le travail que j’avais à la maison pour le ramener au bureau.»

 

Pendant ces deux mois, Mitzi Roussety est à peine sortie de chez elle de peur de contracter le virus. Alors reprendre le chemin du bureau a suscité chez elle pas mal d’inquiétude. Retrouver le monde extérieur avait, dit-elle, quelque chose de différent. «Les routes étaient presque vides alors que d’habitude, il y a des bouchons partout. Il y avait aussi beaucoup de policiers sur les routes. L’atmosphère est différente et c’est assez effrayant. Il y a définitivement quelque chose de changé.»

 

Et les changements, il y en a aussi sur son lieu de travail. Outre le port du masque, il faut éviter les poignées de mains et les embrassades. Il y a aussi la charge de travail qui a augmenté et qui demande un rythme soutenu. «Ma première journée a été exténuante. Il y a eu pas mal de travail accumulé et il a fallu cravacher. Je suis rentrée chez moi complètement K.-O.»

 

Reprise sereine

 

Après des semaines de confinement, Hantish Michel, chef d’équipe dans un centre d’appels, n’avait qu’une hâte : retrouver son lieu de travail et ses collègues. Pour le jeune homme, la reprise s’est faite de manière sereine. «Évidemment, il y a toujours un petit stress mais la société a pris toutes les dispositions pour notre sécurité. Il y a le port du masque, les produits sanitaires, la prise de température quotidienne. Je dois dire que nous avons repris le travail dans la sérénité. En plus, ça fait du bien de retrouver ses collègues après tout ce temps.» Au bureau, comme partout ailleurs, les règles ont évidemment changé. Outre le masque et la prise de température, il faut éviter de se regrouper. «On s’adapte aux changements. De toute façon, je pense que nous allons devoir apprendre à vivre avec la Covid-19. Nous faisons donc notre maximum en espérant très vite reprendre le cours normal de nos vies.»

 

Roupa Babajee, employée dans une société de téléphonie mobile, a toujours aimé son travail mais la crise sanitaire a définitivement brisé quelque chose. C’est dans l’inquiétude et sans confiance que la jeune femme a repris le chemin du bureau. Pour elle, la peur est bien présente, même si aucun nouveau cas n’a été enregistré au cours de ces derniers jours. «Pour moi, le virus est toujours là. Il se balade quelque part. Je suis en contact direct avec les clients. Je suis amenée à les côtoyer quotidiennement et je dois dire que je suis inquiète car je suis exposée.» Ce qui l’effraie le plus, confie-t-elle, c’est une éventuelle deuxième vague. «J’ai peur pour mes parents et mon petit frère avec qui je vis. Mes parents sont diabétiques et donc plus à risques. Je dois ainsi prendre le maximum de précautions et faire constamment attention à tout pour limiter les risques.»

 

Jessyca Joyekurun-Toocaram, responsable des ressources humaines dans une entreprise privée, a elle aussi la même crainte. Et si, alors qu’on baisse la garde, le virus resurgissait ? Cette question, la jeune femme l’a retournée dans tous les sens. Pourtant, elle était bien consciente qu’un retour au travail était inévitable. Ses sentiments sont donc mitigés. Toutefois, malgré la peur, elle a été contente de retrouver ses collègues, son bureau, le fait de se réveiller le matin, de se préparer et d’affronter la circulation pour se rendre au travail. Cette routine lui manquait presque.

 

Aujourd’hui, elle le sait, les choses ne seront plus comme avant. «Il va falloir vraiment s’ajuster aux changements et à cette nouvelle routine. Nous avions l’habitude de faire plusieurs réunions mais, avec la crise sanitaire, nous allons essayer de les limiter et de respecter le social distancing au sein de l’entreprise.» Pour se préparer à ce retour au travail, Jessyca Joyekurun-Toocaram ne compte pas uniquement sur les dispositions de sa société. «La compagnie où je travaille a pris plusieurs dispositions pour que le bureau soit safe mais j’ai aussi pris mes précautions en achetant des masques, des gants et du gel hydroalcoolique. Je crois qu’il ne faut pas baisser la garde mais qu'il faut continuer avec nos gestes barrières.»

 

Ce n’est que comme ça, dit-elle, que nous pourrons éviter cette fameuse deuxième vague.
 

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