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Réseaux sociaux - ICTA : zoom sur les propositions qui fâchent

26 avril 2021

Jason Bholanauth veut mettre l'accent sur les risques de ces amendements qui concernent notre vie numérique.

Colère sur le Web. L’Information and Communication Technologies Authority (ICTA), instance régulatrice des technologies de l’information et de la communication (TIC), a proposé une consultation publique le 14 avril, en vue d’amender les lois de l’ICT Act. Le but : «Regulating the use and addressing the abuse and misuse of Social Media in Mauritius.» En d’autres termes, l’État propose de réguler les réseaux sociaux, via un système qui va filtrer les données de tout un chacun et décider de ce que les Mauriciens vont y poster ou pas, avec Facebook en tête de liste. Les données seront jugées via un serveur intermédiaire piloté par un comité du nom de National Digital Ethics Committee.

 

Dès cette annonce, ils étaient plusieurs à analyser, à donner leur opinion et surtout à fustiger ces amendements que beaucoup qualifient de «liberticide». Une pétition a même été mise en ligne, avec près de 20 000 signatures pour dire non à ces amendements. Dick Ng Sui Wa, Chairman de l’ICTA, s’est, pour sa part, défendu durant la semaine écoulée, sur Top FM : «L’ICTA ne devrait pas avoir accès aux messages privés des internautes sur les réseaux sociaux et services de messagerie…» Radio Plus, de son côté, a fait réagir un représentant de Facebook en Afrique du Sud. Ce dernier dit suivre «de près la situation», tout en soutenant que «la liberté d’expression est un droit fondamental».

 

Pour y voir plus clair dans ce que propose l’ICTA, nous avons demandé à Jason Bholanauth, spécialiste des réseaux sociaux (il faisait d’ailleurs partie du panel lors du récent débat organisé par Jacques Maunick sur le thème Sommes-nous victimes des réseaux sociaux ?), de nous expliquer tout ça…

 

Actuellement : «C’est tout simple ; vous vous connectez directement sur les réseaux sociaux et services de messagerie, qui encryptent les données que vous leur envoyez et vous les renvoient tout aussi encryptés. Ce qui en fait des messages, posts, photos, vidéos et données qui se partagent sur ces réseaux numériques entre individus.» 

 

Avec les amendements de l’ICTA : «L’ICTA veut mettre un intermédiaire dans cette procédure, via ce qu’on appelle un proxy server, qui est donc un serveur, un garde-fou, qui va intercepter les données que vous envoyez à ces réseaux. Quand vous allez log in sur Facebook, Messenger, WhatsApp ou n’importe lequel de ces réseaux, vous aurez une prompt box qui sera une petite fenêtre vous disant de mettre le log in car vous serez obligé de passer par le proxy. Dès lors, vous serez enregistré sur le proxy qui va alors filtrer tout ce que vous allez envoyer et recevoir sur ces réseaux, en prenant en compte qu’il aura donc accès à vos données.» 

 

Les risques : «On pourrait résumer les risques en deux points. Tout d’abord, il y a la question de confiance. Beaucoup ne feront pas confiance à un panel de personnes qui s’occuperont de juger le contenu car ces personnes, même si on évoque leur indépendance, pourraient aussi être nommées par le gouvernement. Ensuite, il y a, bien sûr, la question des données, avec ce panel qui pourrait voir tout : posts, photos, vidéos, messages privés, entre autres. Il faudra bien qu’il voie tout ça pour pouvoir ensuite filtrer. Et cela va aussi de soi pour des données bancaires qui seront aussi visibles, je pense. Ce qui est un gros risque, non seulement pour le particulier mais aussi pour des firmes et entreprises qui investissent de l’argent sur les réseaux sociaux. Il en va donc de la privacy de tout un chacun et des entreprises.» 

 

Des solutions : «Beaucoup ont évoqué de passer par un Virtual Private Network pour contourner le proxy et donc ne pas lui donner leurs données personnelles. Oui, c’est possible, mais ce procédé fera ressortir la question légale car il ne sera pas légal de contourner une procédure qui se trouvera dans l’ICT Act si celui-ci est amendé…»

 

Vous avez aussi votre mot à dire sur ces amendements. Il est prévu que la consultation publique prenne fin le 5 mai à 16 heures. Vous pouvez donc toujours envoyer vos commentaires et analyses sur l’adresse mail suivante : socialmediaconsultation@icta.mu

 

Pour consulter le document et les propositions sur les amendements de l’ICT Act, branchez-vous sur le site Web de l’ICTA (www.icta.mu) : https://www.icta.mu/docs/2021/Social_Media_Public_Consultation.pdf.
 

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