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Resto du Cœur : un élan citoyen et solidaire

13 avril 2021

L'équipe de Tablier Rouze et celle de Bruneau Laurette sillonnent l'île.

Il suffit de pas grand-chose pour changer les choses. Un petit geste, un petit don de rien du tout, quand il vient du cœur, peut avoir un impact bien plus important que ce que l’on croit. Et lorsqu’on s’unit, qu’on rassemble nos forces, les retombées ne peuvent qu’être positives. Quand des citoyens «met enn koste» pour venir en aide à ceux qui sont dans le besoin, ça donne naissance à une initiative humaine qui apporte réconfort et soulagement à ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts.

 

Le dimanche 4 avril, à l’occasion de la fête de Pâques, une distribution de repas chaud a fait le bonheur de nombreuses familles. «Il n’y avait qu’à voir les grands sourires des enfants. Nous avions, dans notre groupe, neuf cuistots qui ont cuisiné une trentaine de repas chacun et avec ce que les autres habitants ont cuisiné, on a dépassé largement les 350 repas. C’était formidable !» lance Tony Ah Yu, l’instigateur de ce projet.

 

Depuis l’année dernière, c’est la mission de la mobilisation citoyenne Resto du Cœur, qui œuvre dans la région d’Albion et des villages avoisinants en offrant aux plus démunis de quoi se nourrir. En ces temps de crise où la détresse de ceux qui se trouvent en bas de l’échelle est encore plus importante, un groupe de bénévoles mené par Tony Ah Yu s’entraide pour tendre une main bienveillante à de nombreuses familles touchées par la précarité. L’objectif, souligne-t-il, est simple : permettre à ceux qui n’ont rien sur la table d’avoir de quoi manger. «Toutes les personnes qui se trouvent dans l’économie parallèle et qui bossent le matin pour manger le soir se retrouvent à être incapables de nourrir leur famille dès qu’il y a confinement et que tout s’arrête. Nous voulons, à travers notre action, apporter un soutien alimentaire qui reste cependant toujours insuffisant.»

 

C’est l’année dernière, lors du premier confinement, qu’ils ont mené leur première action. «Le Resto du Cœur d’Albion est une idée qui date de septembre 1985, quand le grand comédien Coluche lança l’idée que j’avais trouvé géniale. Je me suis alors dit qu’un jour, je ferai pareil mais c'est restée pendant longtemps une idée jusqu’au premier confinement de 2020 où l’appel à l’aide de certains démunis m’ont fait réagir ; j’ai commencé à aider de façon régulière avec des dons alimentaires. Le nombre de bénéficiaires n’a cessé d’augmenter et à deux ou trois personnes, cela devenait trop difficile à gérer. J’ai alors vu avec des amis et voisins d’Albion pour monter le Resto du Cœur avec pour but d’être mieux structuré et d’avoir aussi plus de bras», explique Tony Ah Yu.

 

Entraide

 

Forte de cette première expérience, une équipe s’est très vite mise en place pour organiser les différentes actions du mouvement. «L’équipe s’est formée et de là, on a commencé à avoir nos bases de données pour nos bénéficiaires. Après un travail de terrain préalable pour connaître la composition de chaque famille, nous avons pu avoir, en décembre 2020, un terrain où on a installé un container pour pouvoir stocker des denrées non périssables. Nous avons partagé les responsabilités entre nous. Il y en a qui s’occupent de récolter les dons, d’autres qui réceptionnent ces dons. On les classe et ensuite on prépare des boîtes, dépendant de la spécificité de la famille en question. On va rajouter des couches, le lait de bébé ou plus de fromages et de biscuits s’il le faut.»

 

Si au début, le groupe de citoyens touchait des localités comme La Ferme, Bambous et La Tour Koenig, il a finalement décidé de se concentrer sur Albion et ses environs. «Bien vite, on a vu que c’était au-dessus de nos forces. On a demandé de l’aide à d’autres ONG pour s’occuper de ces régions-là afin que nous, nous puissions nous concentrer sur Albion et les régions avoisinantes», souligne Tony Ah Yu. Ensemble, ils ont su mettre en place une véritable chaîne de solidarité. S’ils peuvent compter sur les dons de certaines entreprises, les habitants du village contribuent sans relâche pour que les donations puissent avoir lieu régulièrement.

 

Aujourd’hui, ils touchent approximativement une centaine de familles issues des différentes poches de pauvreté d’Albion et des villages annexes. «La solidarité est un mot qui a toute son importance en cette période de pandémie car la nourriture, il y a en a pour tout le monde mais elle est tout simplement mal redistribuée. Ceux qui le peuvent doivent être conscients qu’ils doivent aider les démunis qui sont pas très loin de chez eux, parce qu’en les aidant, ils s’aident eux-mêmes», lance Tony Ah Yu.

 

Si le confinement a retardé leur enregistrement en tant qu’association, cela ne saurait tarder une fois que la situation sera redevenue à la normale. En attendant, le Resto du Cœur continue de fonctionner et de soulager la détresse de nombreuses familles. «À court terme, nous voulons pouvoir toucher toutes les autres poches de pauvreté. Nous voulons aussi développer des projets. Par exemple, nous avons déjà commencé des petits projets avec des matériaux de récupération pour des cageots de poules pondeuses et nous allons développer d’autres projets dans le même ordre d’idées.»

 

Le but est d’aider les bénéficiaires à être autonomes, de façon durable.

 


 

Se serrer les coudes face à la crise

 

Après trois semaines de total lockdown et une reprise partielle, de nombreuses familles, qui subissent encore les contrecoups du dernier confinement, se retrouvent à genoux. Dans cette conjoncture aussi difficile, des élans de solidarité à travers le pays se sont automatiquement mis en route afin de soutenir ceux affectés par la crise. Parmi, l’équipe de Tablier Rouze, un restaurant à Réduit, a décidé de se mobiliser et de prêter main forte à ceux qui ont besoin de soutien. «Nous avons commencé l’année dernière avec la distribution de sacs de légumes. Pendant le confinement, on a pu voir à quel point ceux qui vivent au jour le jour n’arrivent pas à s’en sortir», explique Vishesh Gangaram.

 

Lorsque la crise sanitaire frappe encore le pays en mars, impossible de rester les bras croisés. L’équipe entre en contact avec les travailleurs sociaux de plusieurs régions et organise des distributions de repas chauds dans des endroits comme Bambous, Barkly, Chebel, Case-Noyale ou encore Roche-Bois. Chaque jour, Tablier Rouze distribue entre 300 et 400 repas chauds. «Nous ciblons principalement les enfants car nous devons tout faire pour les protéger. Les Social Workers nous aident en ciblant et en rassemblant les personnes qui sont dans le besoin. Outre les repas, nous distribuons des denrées alimentaires.»

 

Bruneau Laurette a, lui aussi, regroupé un groupe de bénévoles afin de venir en aide à ceux qui font face à des difficultés. Eux aussi ont commencé à offrir ce coup de pouce lors du dernier confinement. «De nombreuses familles vivent encore dans l’extrême pauvreté, surtout avec la Covid-19 qui a accentué leur situation. On essaie de couvrir l’île au maximum avec des distributions qui ont lieu tous les jours.» Entre distribution de food packs et de repas chauds, ils touchent actuellement, dit-il, environ 900 familles.

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