Yovanni Philippe, médaillé de bronze aux Jeux paralympiques, a reçu un accueil digne d’un héros à son retour. Après trois semaines en France, le para-athlète était très heureux de retrouver sa famille. Ce podium est sa rédemption après sa disqualification aux Mondiaux de Kobe, au Japon.
Yovanni Philippe, premier Mauricien de l’histoire à remporter une médaille aux Jeux paralympiques, a été accueilli en héros mercredi après-midi à sa descente d’avion à l’aéroport sir Seewoosagur Ramgoolam. Le médaillé de bronze sur le 400m T20 messieurs aux Jeux de Paris, ainsi que les autres membres de la délégation mauricienne, ont été reçus avec les honneurs par le Premier ministre Pravind Jugnauth, le ministre des Sports Stephan Toussaint, ainsi que d’autres personnalités et les familles des para-athlètes.
Un moment qui restera à jamais gravé dans la mémoire du Beaubassinois, qui, quelques jours après son arrivée, est toujours sous le coup de l’émotion. «Mo mari kontan, mo mari fier de sa lakey ki Moris fine fer mwa la», lance Yovanni Philippe avec enthousiasme en évoquant cet accueil qui l’a profondément touché et qui le marquera à jamais.
Le para-sportif s’est vu remettre un chèque de Rs 1,5 million par le Premier ministre en récompense de son exploit, et son coach, Jean-Marie Bhugeerathee, a reçu une prime de Rs 600 000. Une récompense qui réjouit le jeune homme, qui s’est fixé pour objectif d’utiliser cet argent à bon escient.
Yovanni Philippe sait à quel point la vie d’un sportif est à la fois difficile et courte. Il envisage déjà l’avenir, sachant qu’un jour il devra trouver un autre moyen de subvenir à ses besoins. «Je savais que j’aurais une récompense financière pour mes efforts, mais je ne m’attendais pas à un tel montant. Je remercie le gouvernement et le ministère des Sports pour ce chèque. Je vais utiliser cet argent à bon escient, faire quelque chose pour l’avenir et aussi aider ma famille, car il reste la maison à terminer et j’aimerais bien qu’on y arrive», confie le spécialiste du tour de piste.
Moment magique
À sa descente d’avion, le para-sportif était heureux de revoir sa famille, qui portait fièrement des t-shirts à son effigie. Le retour à la maison a été tout aussi exceptionnel qu’à l’aéroport, où il a été accueilli en héros par son voisinage.
Une fois chez lui, Yovanni a dignement fêté sa victoire avec ses proches autour d’un bon kari la viande, un plat typiquement mauricien qu’il adore.
Fatigué par son périple en France, mais heureux d’être enfin chez lui, Yovanni Philippe n’a pas tardé à reprendre ses petites habitudes quotidiennes, comme regarder la télévision et jouer à la PlayStation. Après trois semaines en terre française, ce passionné de gastronomie mauricienne avait hâte de retrouver son alouda fétiche. Dès le lendemain de son retour, il s’est régalé avec un bon dhal pouri accompagné de sa boisson préférée.
Propulsé sur le devant de la scène, le médaillé paralympique s’est fait une nouvelle popularité. À chaque sortie, les gens le reconnaissent et ne manquent pas de le saluer, que ce soit dans le bus, dans la rue ou dans des lieux publics. «C’est différent maintenant. Quand je suis parti, j’étais peu connu, mais à mon retour tout le monde me connaît. Partout où je vais, les gens me saluent, me parlent, les chauffeurs me klaxonnent dans la rue. Ça me fait très plaisir et je leur rends la politesse. Mais je tiens aussi à préciser qu’il n’y a pas de Yovanni avant et après, je suis resté le même garçon simple qui continue à prendre le bus», souligne Yovanni Philippe.
Cette médaille aux Jeux paralympiques compte beaucoup pour le champion mauricien. Après avoir remporté l’or au Grand Prix de Dubaï en 2023 et le bronze aux Mondiaux de Paris la même année, il a connu un coup dur lors des Mondiaux de Kobe, au Japon, où il a été disqualifié pour avoir écrasé la ligne. Mais Yovanni Philippe, fidèle à lui-même, s’est relevé pour revenir en force, comme il sait si bien le faire en piste lors des derniers mètres pour décrocher un podium. Ce podium est sa rédemption.
«Je me sens soulagé, j’ai l’impression de m’être débarrassé d’un énorme fardeau que j’avais depuis Kobe. Je me sens plus à l’aise maintenant. Après le Japon, j’étais déçu, mais je me suis dit que les Jeux étaient plus importants, qu’il ne fallait pas refaire les mêmes erreurs et que je pouvais me rattraper», confie Yovanni Philippe.
La suite, on la connaît. Il s’élance une nouvelle fois du neuvième couloir, fait une première partie de course où on pense qu’il est battu, mais la fusée remonte dans la ligne droite pour décrocher la troisième place sur la ligne d’arrivée. Un moment magique qui restera gravé dans les mémoires.
Les Jeux terminés, Yovanni Philippe a d’autres objectifs en tête, mais pour le moment, il profite d’un repos bien mérité. Le chemin qui l’a mené aux Jeux paralympiques a été long et éprouvant. Après des mois de sacrifice, le para-sportif a besoin de reprendre son souffle et de se ressourcer avant de se remettre au travail en vue de nouvelles conquêtes.
Le champion célébré lors d’un concert populaire
Ambiance de fête, hier, sur le parking du Tribeca Mall lors du concert pour célébrer l’exploit de Yovanni Philippe aux Jeux paralympiques de Paris. Durant un peu plus de trois heures, Sylvain Kaleecharan, Bigg Frankii, Warren Permal, Didier Clarel, Laura Beg, Jimmy Cassel et Alain Ramanisum se sont succédé sur scène. Yovanni Philippe a même esquissé quelques pas de danse sur le morceau Roule Matak de Bigg Frankii pour le plus grand plaisir du public.