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11 août 2024 13:02
Maurice a été complètement à côté de la plaque. Le rideau tombe ce dimanche soir sur la 33e édition des Jeux olympiques à Paris. Après un peu plus de deux semaines de compétition, et alors que Marie Perrier est encore en lice (voir plus loin), on peut commencer à dresser un bilan de cette participation mauricienne, qui s’avère malheureusement décevante. Une fois encore, aucune médaille pour Maurice, malgré les projets à long terme lancés il y a quelques années. De quoi se poser des questions, surtout lorsqu’un pays comme Sainte-Lucie, avec ses 160 000 habitants, parvient à décrocher une médaille d’or olympique.
Si Paris 2024 était un objectif, il est regrettable de constater que ce projet n’a pas abouti. À qui la faute ? Certainement pas aux athlètes, qui se sont donnés à fond dans leur rêve olympique, tant au niveau des entraînements que durant la compétition. Peut-être qu’il convient aux décideurs et aux stratèges de revoir leurs plans, car on savait pertinemment ce à quoi on s’attendait lorsque la délégation mauricienne s’est rendue à Paris. On peut se demander si les expériences du passé ont vraiment servi à quelque chose, au vu des résultats actuels.
Richard Papie, team-manager de l’équipe masculine à Paris, le concède : «Les athlètes ont donné le meilleur d’eux-mêmes, ils ont fait le maximum, mais il reste beaucoup à faire. Si nous voulons ramener des médailles, il faut une vision beaucoup plus grande, plus d’exposition au haut niveau et acquérir un maximum d’expérience. Cela s’est vu lors des épreuves, et si nous réussissons à réunir tous ces facteurs et à garder le cap, nous y arriverons», explique celui qui est aussi vice-président du Comité olympique mauricien (COM).
Les Julien Paul, Kate Foo Kune, Ovesh Purahoo, Anishta Teeluck, Laurent L’Entêté, Noa Bibi, Jean de Falbaire, Julie Paturau et Rémi Feuillet ont mesuré l’abîme qui sépare le sport mauricien des grandes nations. Kate Foo Kune, Noa Bibi et Ovesh Purahoo ont remporté une victoire lors de leur entrée en lice, mais cela a été insuffisant pour aller plus loin. Les cyclistes Aurélie Halbwachs-Lincoln et Kimberley Le Court-Pienaar ont joué de malchance, tandis que la course en tête de Christopher Lagane sur 180 km en cyclisme a été l’un des rares moments de fierté pour notre petite île.
Le travail doit commencer plus tôt, et au lieu de tout miser sur un petit groupe, pourquoi ne pas l’élargir pour avoir encore plus de compétitivité entre les protagonistes et les pousser à se surpasser ? Mais il faudra aussi que les soutiens indispensables pour la progression suivent : les fonds nécessaires pour les sorties internationales, les équipements adéquats, la présence d’entraîneurs et autres personnels médicaux et techniques indispensables pour la préparation de l’athlète avant et pendant les Jeux. Ceux présents à Paris ont pu voir la logistique déployée par les autres pays.
Malgré tout, chapeau bas aux athlètes mauriciens. Ils ont fait de leur mieux avec les moyens dont ils disposaient. Face à une forte opposition, ils n’ont pas baissé les bras et se sont battus sur les courts, les routes, les pistes, le tatami, dans la piscine et en mer pour montrer ièrement le maillot mauricien. Espérons que des leçons seront tirées et que les mêmes erreurs ne se répéteront pas à nouveau. Les JO, c’est du sérieux ; ceux qui ont suivi les compétitions l’ont compris en comparant les performances mauriciennes à celles des autres pays. Le niveau est très élevé, et pour espérer monter sur le podium, il faut de gros investissements et une véritable culture sportive chez les Mauriciens. Les JO, c’est le milieu professionnel, tandis qu’à Maurice, on tarde à sortir de ce niveau amateur, pour ne pas dire «bat bater».
Kimberley Le Court-Pienaar a été victime d’un problème mécanique dans la course en ligne. C’est une situation qui peut arriver dans une compétition de cyclisme, mais la malchance a été à son comble lorsqu’elle n’a pas reçu l’aide nécessaire. «C’était une journée que j’attendais depuis longtemps. Je m’étais vraiment préparée mentalement et physiquement. Toute la préparation était parfaite jusqu’au jour J, et malheureusement, j’ai eu un problème mécanique. Un bidon rempli de liquide est entré dans ma roue arrière, et a cassé ma roue. J’ai dû m’arrêter en espérant avoir un vélo de rechange, mais malheureusement, la voiture de l’équipe ne m’a pas vue. Elle est passée à côté de moi et ne s’est pas arrêtée», raconte-t-elle. Il faut savoir que les pays qui ont seulement un seul coureur doivent partager la même voiture d’assistance.
Le sprinteur mauricien Noa Bibi n’a pas mâché ses mots après son élimination lors du deuxième tour du 100 m messieurs. Le sportif est convaincu que la présence de son coach Stephan Buckland lors de l’échauffement l’aurait mis dans de meilleures conditions psychologiques pour la compétition. « Je suis déçu d’avoir manqué la qualification par seulement trois centièmes. J’ai essayé de rivaliser avec mes concurrents lors des 60 premiers mètres, mais ensuite, c’est l’expérience qui a fait la différence. Mon seul regret est de ne pas avoir eu mon entraîneur avec moi pour me motiver. Durant l’échauffement, je me suis senti un peu seul, et son soutien aurait pu me booster pour la course», confie Noa Bibi après sa course.
Le triathlète Laurent L’Entêté a été contraint d’arrêter sa course après avoir été rattrapé par les meneurs lors de l’épreuve de vélo. Malgré tout, le Mauricien reste lucide quant à sa première expérience olympique : «Pour participer aux JO, il faut se qualifier le plus tôt possible afin d’avoir suffisamment de temps pour se consacrer à la préparation. Je suis satisfait de ma prestation, même si, en situation de course, je suis mal placé. Mais ça reste une expérience bonne à prendre. Je sais où je me situe par rapport aux autres compétiteurs, et je vais continuer à avancer», remarque le jeune homme.
Le badiste Julien Paul, victime d’une blessure au tendon d’Achille il y a quelques années, a bataillé ferme pour retrouver son meilleur niveau et se qualifier pour les JO. Battu par le champion du monde thaïlandais Kunlavut Vitidsarn, puis par le Finlandais Kalle Koljonen lors de son match de groupe, le quadricolore se dit satisfait de son parcours, mais avance que Maurice a le potentiel de faire encore mieux. «Ces Jeux nous ont montré qu’il n’est pas impossible de briller, mais pour y arriver, nous avons besoin de plus d’exposition à ce niveau. Je parle pour l’ensemble des sportifs mauriciens. Si nous avons plus de confrontations avec l’élite mondiale, nous allons progresser. Une seule sortie par an à un championnat du monde ou à un championnat d’Afrique ne suffit pas ; il en faut plus, ainsi que des entraînements, comme pour le badminton, avec des sportifs d’élite pour rehausser notre niveau. Mais pour y arriver, il faut également avoir un soutien financier, car les déplacements, les stages et les camps d’entraînement nécessitent un gros investissement», avance le badiste.
Après deux semaines de compétition, il est temps de clore les Jeux olympiques avec une cérémonie ce soir. Pour l’occasion, pas de spectacle en grande pompe sur la Seine comme à l’ouverture, ce sera le Stade de France qui accueillera l’événement durant deux heures à partir de 23h00 (heure mauricienne). La première heure de la cérémonie verra le défilé des délégations. Le deuxième temps fort sera le spectacle de clôture, encore une fois mis en scène par Thomas Jolly, directeur artistique des Jeux. Le show, baptisé «Records», devrait durer environ quarante minutes. La fin de la cérémonie verra un passage de flambeau et la transmission du drapeau olympique au comité d’organisation des Jeux de Los Angeles, où se déroulera la prochaine édition en 2028. C’est le comité américain qui devrait normalement organiser la séquence d’une vingtaine de minutes. Les spéculations vont bon train sur les artistes qui seront présents ce soir. Selon les informations du Parisien, les groupes Air et Phoenix devraient jouer lors du show, symboles de la «French Touch» musicale tant appréciée outre-Atlantique.
Textes Rehade Jhuboo et Qadeer Hoybun
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