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Rita Venkatasawmy : «Au poste d’Ombudsperson for Children, je me sens utile pour mon pays»

11 janvier 2016

Rita Venkatasawmy : «Au poste d’Ombudsperson for Children, je me sens utile pour mon pays»

Comment cela se passe pour vous depuis que vous avez prêté serment le 8 décembre dernier ?

 

J’ai pris mes fonctions d’Ombudsperson for Children il y a un mois et ça se passe très bien. C’est beaucoup de responsabilités et beaucoup de travail. J’ai déjà eu beaucoup de rencontres avec des parents et des enfants. Je les ai tous écoutés, car c’était très important pour moi de les recevoir. Il est aussi essentiel que les enfants participent aux décisions qui les concernent. C’est dans cette direction que je vais avancer. Je me fais un devoir d’écouter autant que possible ceux qui viennent pousser la porte de notre bureau, même si bien souvent nous ne sommes pas aptes à résoudre leurs problèmes. Quoi qu’il en soit, je suis motivée à relever les nouveaux défis qui s’offrent à moi. Évidemment, il s’agit du travail de toute une équipe. Je travaille en collaboration avec les enquêteurs et les différents départements de mon bureau.

 

Que viennent vous dire ceux qui frappent à votre porte ?

 

Beaucoup de gens viennent pour nous faire part de leurs problèmes en espérant que nous pourrons les aider. Même si souvent les doléances ne relèvent pas de nos compétences, on les reçoit quand même. Mais il y a surtout les enfants et adolescents qui viennent nous dire qu’ils sont victimes de maltraitance ou d’abus sexuels. Il s’agit alors de les mettre en contact avec les services concernés.

 

Quelles seront vos priorités cette année ? 

 

Ma priorité, c’est la situation au sein du Rehabilitation Youth Centreet du Correctional Youth Centre. Les choses n’ont malheureusement pas évolué concernant ces centres. Je compte notamment œuvrer pour améliorer leur cadre légal, revoir l’encadrement des jeunes qui y séjournent et faire en sorte que ceux-ci puissent bénéficier de plus d’activités. Je suis convaincue que ces jeunes doivent continuer à aller à l’école. Actuellement, ce sont des profs qui viennent dans les centres pour leur donner des cours. Il y a beaucoup de choses à améliorer. Je vais donc faire des recommandations en ce sens. Je vais aussi me rendre à Agaléga. Je me fais un devoir d’y aller. Car même s’ils sont peu nombreux, il y a des enfants là-bas et ils méritent aussi qu’on travaille pour eux. J’ai fait ma demande vendredi et je vais suivre ce dossier de très près.

 

L’année débute tristement. La petite Ursule Antonia est décédée le 3 janvier après avoir été gravement brûlée dans l’incendie de sa maisonnette à Tranquebar. On parle d’elle comme d’une victime de la pauvreté en raison des conditions dans lesquelles elle vivait. Que vous inspire cette histoire ?

 

Beaucoup d’enfants vivent malheureusement en situation de pauvreté. Nous avons la chance d’avoir un ministère de l’Intégration sociale et ce ministère doit redoubler d’efforts pour améliorer la vie de ces personnes qui vivent dans des conditions précaires afin d’éviter d’autres drames.

 

Dans des déclarations récentes, vous avez parlé du manque de loisirs pour les enfants. Qu’en est-il exactement ?

 

Au mois d’octobre et de novembre, alors que je n’étais pas encore en poste, j’ai vu des enfants travailler dans des magasins. Lorsque je me suis renseignée auprès du gérant, il m’a répondu que ces jeunes n’avaient rien à faire à la maison. J’estime donc qu’il y a un sérieux manque de loisirs pour les enfants et les jeunes dans notre pays. Je travaille en collaboration avec l’association SAFIRE pour estimer le nombre d’enfants qui traînent dans les rues.

 

Qu’en est-il du Centre d’éducation et de développement pour les enfants mauriciens (CEDEM) ?

 

J’ai quitté le CEDEM avec le sentiment du travail accompli. Le succès du centre repose sur une équipe qui fonctionne. Je suis partie de là-bas pour prendre mon poste actuel mais je reste dans le même domaine : le combat pour les droits des enfants. Je suis très honorée de ces nouvelles responsabilités et je vais continuer à me battre. Au poste d’Ombudspersonfor Children, je me sens utile pour mon pays. J’ai commencé mon cheminement en 1984. Cela fait donc 32 ans que j’évolue dans ce domaine. J’ai créé ma petite organisation sans CSR et sans subvention. J’ai le sentiment d’avoir fait le bon choix et de m’être investie dans la bonne lutte.

 

2016 pour vous ?

 

Je place cette année sous le signe de l’enfant mauricien.

 


 

Bio express

 

Ancienne directrice du Centre d’éducation et de développement pour les enfants mauriciens qu’elle a fondé en 1984, Rita Venkatasawmy, 52 ans, a étudié au Queen Elizabeth College, travaillé quelque temps à la Banque de Maurice et s’est formée à l’éducation spécialisée à La Réunion, en France et en Angleterre. Maman comblée, elle partage une grande complicité avec Yukime Ashiana, sa fille adoptive.

 


 

Ma semaine d’actu

 

Quelle actualité locale a retenu votre attention ces derniers temps ?

 

Je suis bouleversée quand j’entends le nombre de morts sur nos routes. La liste a été longue en 2015 et le fait de commencer la nouvelle année avec d’autres accidents me choque. Ce n’est pas normal et c’est triste. Il y a quelques heures encore, un enfant de 9 ans a succombé des suites d’un accident. C’est horrible !

 

Et sur le plan international ?

 

Je reste scotchée à tout ce qui concerne les attentats. Ce qui est arrivée à Paris m’a beaucoup touchée. Trop d’innocents sont morts et je ne peux pas ne pas me sentir concernée, car j’aime trop cette ville. J’ai étudié là-bas et j’y ai vécu de très bons moments.

 

Que lisez-vous actuellement ?

 

Je lis beaucoup de dossiers concernant les enfants qui sont en conflits avec la loi.

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