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Rubina Seetharamdoo arrêtée pour insultes handiphobes : pluie de soutiens aux personnes en situation de handicap

5 juillet 2021

Yaaseen Edoo, Jean Marie Malepa et Darshini Seesurrun n'ont pas tardé à réagir aux propos tenus par l'internaute.

Elle n’a, semble-t-il, pas mesuré ses paroles. Les propos de l’internaute Rubina Seetharamdoo, dans une vidéo postée sur Facebook cette semaine, n’ont pas laissé les Mauriciens insensibles, notamment ceux qui militent pour les droits des personnes en situation de handicap. Durant les heures qui ont suivi le partage de sa vidéo, plusieurs plaintes ont été enregistrées dans divers postes de police à travers l’île, ainsi qu’aux Casernes centrales. Conduisant à l’arrestation et l’inculpation provisoire de Rubina Seetharamdoo, le vendredi 2 juillet, pour breach of ICTA. La police a objecté à sa remise en liberté.

 

Dans cette vidéo devenue virale, partagée le jeudi 1er juillet, Rubina Seetharamdoo, connue des services de police, s’en prend aux personnes en situation de handicap, jusqu’à proposer de les «éliminer», suscitant l’indignation générale. De nombreux membres et responsables de diverses ONG ont alors réagi et fait entendre leur voix sur les réseaux sociaux. À l’instar de Darshini Anishta Seesurrun de Flame of Phoenix. Cette dernière, dont la sœur est trisomique, a été doublement touchée par les paroles de l’internaute. Elle s’est d’ailleurs rendue aux Casernes centrales, vendredi, pour consigner deux plaintes.

 

Sollicitée, Darshini Seesurrun se dit révoltée. «Depuis l’existence de Flame of Phoenix, nous avons toujours milité pour l’incursion des personnes en situation de handicap dans la société, en organisant divers événements, notamment Mr & Mrs Able, pour démontrer leur talent et potentiel, souligne-t-elle. Ma première plainte a été pour défendre ma petite sœur et tous ceux en situation de handicap. J’ai porté plainte une seconde fois parce que l’internaute m’a attaquée personnellement dans une deuxième vidéo qu’elle a partagée.» Elle lance un appel : «Plusieurs associations tirent la sonnette d’alarme pour que le Disability Bill soit soumis à la discussion au Parlement. Nous demandons la collaboration de l’opposition pour que cela soit voté le plus rapidement possible.»

 

En tant que président du Mauritius Paralympic Committee et de Special Olympics Mauritius, membre de la Mentally Handicapped Persons Sports Federation et assistant directeur de la Fondation Georges Charles, Jean Marie Malepa, lui-même porteur d’un handicap, s’est aussi rendu aux Casernes centrales, accompagné des Mes Olivier Barbe et Khadijah Timol, pour porter plainte. «Cela m’a fait de la peine d’entendre de tels propos. Je m’occupe moi-même de personnes porteuses de handicap et je fais tout pour apporter quelque chose de nouveau dans le domaine sportif. D’ailleurs, nous comptons trois sportifs s’étant qualifiés dans des compétitions paralympiques. Nous ne pouvons pas permettre qu’en 2021, quelqu’un puisse dire autant de mal de ces personnes, alors que nous sommes nombreux à nous battre pour leur inclusion. Porter plainte était un devoir», soutient-il.

 

Yaaseen Edoo n’est pas, non plus, resté insensible aux propos tenus par Rubina Seetharamdoo. «C’est inacceptable», lance-t-il. Lui-même paraplégique, il confie avoir été très blessé : «Nous faisons déjà face à beaucoup de difficultés dans la vie. Nous avons fait des sacrifices, nos parents en ont fait également et ont beaucoup investi pour nous donner une bonne éducation. C’est injuste vis-à-vis de toutes ces personnes de faire de telles insultes.» Il rappelle que Maurice a signé la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées en septembre 2007 et l’a ratifiée  au janvier 2008. «Cela parle de nos différents droits : droit à l’éducation, aux loisirs et à la vie. Nos droits doivent être respectés», lâche Yaaseen Edoo.

 

Selon lui, une éducation inclusive aurait pu changer le regard de certains individus sur les personnes en situation de handicap. «Cette internaute a voulu nous rabaisser mais cela a été pour nous une blessing in disguise car cela a permis à la population de prendre conscience que nous avons besoin d’une société plus inclusive, que nous avons autant de droits que ceux n’ayant aucun handicap.» Il saisit l’occasion pour remercier les Mauriciens pour leur soutien envers tous ceux souffrant d’un handicap et lance un appel à tous ceux qui, comme lui, n’ont pas pu faire le déplacement jusqu’au poste de police, afin qu’ils portent plainte sur le site de la Cyber Crime Unit. «J’espère qu’elle n’obtiendra pas de caution…»

 


 

Réactions de politiques

 

Les propos insultants de l’internaute Rubina Seetharamdoo envers les personnes autrement capables ont également suscité l’indignation dans la sphère politique. Fazila Jeewa-Daureeawoo et Joanna Bérenger ont notamment réagi sur les réseaux sociaux…

 

Fazila Jeewa-Daureeawoo, ministre de la Sécurité sociale : «Mon ministère met beaucoup l'accent sur la protection, le respect et le bien-être des personnes en situation de handicap. J'ai pris connaissance de cette vidéo et je condamne avec force les propos inacceptables tenus par cette femme (…) Nous ne tolérerons pas un tel comportement. J'ai toujours mis l'accent sur la création d'une société plus inclusive où tout un chacun a sa place.»

 

Joanna Bérenger, députée de l’Assemblée nationale : «Je me joins à ceux et celles qui condamnent avec force les propos malsains et choquants qui circulent actuellement sur les réseaux sociaux (…) Il est réconfortant d'apprécier le fait que beaucoup d'entre nous sommes conscients de notre appartenance à une seule et même communauté qui est celle de l'humanité.»

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