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Sa fille et son fils meurent dans des accidents à neuf ans d'intervalle - Midéa : «Les mots me manquent, tant ma douleur est profonde»

1 juillet 2021

Les larmes coulent mais n’apaisent pas sa souffrance. Cette semaine, Midéa, 54 ans, a dû faire face à un nouveau coup du sort. Son cadet, Sebastien Oomajee, 28 ans, a succombé à ses blessures après un tragique accident de la route survenu le lundi 21 juin, dans leur localité, à Baie-du-Cap. Le rapport d’autopsie indique que le jeune homme, qui exerçait comme maçon, est décédé suite à des «cranio cerebral injuries» après avoir fait une sortie de route au volant de sa Mitsubishi, non loin du Area Health Centre du village. Sebastien Oomajee laisse  derrière lui une veuve et deux enfants en bas âge dont un nourrisson de trois mois. Ses funérailles ont eu lieu le lendemain. «Les mots me manquent, tant ma douleur est profonde. C’est très dur pour ma famille et moi. Je viens de perdre mon fils tragiquement, neuf ans après avoir également perdu ma fille aînée Noshika dans un accident de la route. Je ne sais pas si je vais pouvoir survivre après ce second deuil. C’est une autre dure épreuve. Li pa fasil ditou. Dey mo tifi mo pankor arive fer, ala get kinn ariv nou fami ankor…» se lamente Midéa qui s’accroche à son benjamin, Daryl, 19 ans, pour tenter de surmonter cette nouvelle tragédie.

 

Sa fille Noshika, elle, revenait d’une boîte de nuit, à Quatre-Bornes, aux petites heures du matin, le dimanche 8 janvier 2012, lorsque la voiture dans laquelle elle se trouvait, a fait une sortie de route à Case-Noyale. Jean Stephano Payette, 18 ans, et Jean Cédric Alberto, 24 ans, qui se trouvaient également dans le véhicule, ont aussi perdu la vie dans ce drame routier. Le conducteur, lui, n’avait pas de permis de conduire ; il possédait uniquement un learner’s licence au moment des faits.

 

Depuis ce drame, Midéa ne cesse de pleurer sa fille. Et voilà qu’elle perd cette fois son fils Sebastien dans un accident. «Il m’est difficile de digérer ces deux disparitions tragiques», confie-t-elle, d’une voix à peine audible. À l’époque, sa fille Noshika, dont l’enfant a aujourd’hui 16 ans, travaillait comme vendeuse au Ruisseau Créole, à Rivière-Noire. Tous se souviennent d’elle comme d’une jeune femme remplie d’énergie, qui partageait sa joie de vivre là où elle allait. Des qualités que possédait également son frère Sebastien. Marie-Annick, l’épouse de ce dernier, confie qu’il était toujours disposé à aider son prochain : «Personn pa kapav pwint li ledwa ek fer li repros…» Il avait aussi des projets. En effet, il comptait bientôt construire sa maison sur un terrain appartenant à son père Steward, à Baie-du-Cap. Mais le destin en a décidé autrement.

 

Marie-Annick, jardinière à l’hôtel Dinarobin, se trouvait sur son lieu de travail lorsqu’elle a appris la terrible nouvelle. «Mo ti al direk dan plas kot linn fer aksidan-la. Li ti fini mor», s’attriste Marie-Annick qui fête ses 28 ans ce dimanche  27 juin. «Mon époux avait travaillé à Chemin-Grenier ce jour-là. Lorsqu’il est rentré, notre fils Omael, 9 ans, lui a dit qu’il avait faim. Mon époux est alors sorti pour aller acheter des rotis pour lui. C’est sur le chemin du retour qu’il a fait une sortie de route. On ignore toujours les circonstances de son accident», explique Marie-Annick qui a partagé la vie de Sebastien Oomajee pendant 14 ans. «Ollan n’a que trois mois. Je suis très triste pour lui car il ne connaîtra jamais son père. Omael est, lui, très affecté. Il a dormi en larmes hier (Ndlr : le mercredi 23 juin), après avoir regardé des vidéos et photos de son père qui aurait fêté ses 29 ans le 15 octobre. Il va beaucoup nous manquer. Je ne sais pas ce que je serais devenue sans le soutien de mes parents et beaux-parents», confie Marie-Annick.

 

«La douleur physique a toujours des gémissements à exhaler, des larmes à répandre ; la douleur morale n’a souvent ni la consolation des gémissements, ni le soulagement des larmes.» Cette citation de Pierre-Simon Ballanche, écrivain français, traduit la douleur qu’éprouvent Marie-Annick et sa belle-mère Midéa. Chaque jour qui passe accentue leur souffrance. Mais elles s’accrochent à leurs enfants, en attendant des jours meilleurs…

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