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13 mars 2017 03:15
Allongé sur son lit, il essaie de trouver les mots pour exprimer sa détresse. Sarvesh Racktoo, 22 ans, est tellement déçu et ébranlé après le jugement de la Cour suprême qui rejette sa demande de Rs 57 millions à Waterpark. Là où il s’est grièvement blessé le 26 janvier 2010. Depuis, il est cloué à son lit, paraplégique. «Je suis complètement brisé. J’ai fondu en larmes en apprenant que la Cour suprême avait rejeté ma réclamation. C’est la première fois que je pleure depuis mon accident.»
Ce jeune habitant de Trou-d’Eau-Douce avait tenu à être présent dans l’enceinte de la Cour suprême le 7 mars, jour où le jugement a été rendu. Il n’avait pu être dans la salle d’audience au premier étage car il n’y a pas d’ascenseur mais a attendu patiemment au rez-de-chaussée dans son fauteuil roulant. Son père n’a pas eu le courage de lui annoncer la mauvaise nouvelle. C’est son avocat, Me Viren Ramchurn, qui a eu cette lourde tâche. Le juge a donné raison à la partie adverse qui estimait que l’accident du jeune homme était dû à une négligence de sa part.
Sarvesh, lui, affirme qu’après son accident dans le bassin à vagues, où un gros jet d’eau l’a soudainement percuté et fait perdre l’équilibre, il n’y avait pas de lifesaver sur place et qu’il a dû attendre longtemps pour être transporté à l’hôpital de Flacq avant d’être transféré à la clinique Apollo Bramwell. Il y a passé 98 jours, dont 16 aux soins intensifs. Blessé à la colonne vertébrale, il est infirme à 97 %, selon ses parents.
Aujourd’hui, le jeune homme de 22 ans est révolté. «Je vis un véritable cauchemar. Je n’aurais jamais cru que ma demande allait être rejetée.» Il pensait avoir au moins une partie de cette somme «sur une base humanitaire». De l’argent qui aurait couvert les multiples dépenses que nécessite son état de santé et qui s’élèvent à Rs 20 000 mensuellement. Il reçoit une aide sociale de Rs 8 400 de l’État mais le reste est aux frais de ses parents. Jusqu’ici, ces derniers ont dépensé quelque Rs 2 millions pour l’achat de couches et d’équipements spéciaux, les massages, les visites médicales, la physiothérapie, les médicaments et la nourriture, entre autres, pour Sarvesh. «Je suis un régime alimentaire rigoureux.»
Les Racktoo ont transformé une chambre de leur maison afin d’accommoder comme il se doit Sarvesh. Ils ont acheté un lit orthopédique à Rs 60 000. Sa mère a également aménagé un lit dans ladite chambre pour être à son chevet dans la journée. Son époux Ravin prend le relais dans la soirée jusqu’aux petites heures du matin.
Conséquences
Ravin Racktoo, 51 ans, travaille avec des touristes dans sa localité mais il n’arrive pratiquement plus à joindre les deux bouts car il croule sous les dettes dont plusieurs milliers de roupies qu’il doit encore à l’hôpital Apollo Bramwell. Il a dû contracter de nombreux emprunts pour financer les soins de son fils. Son épouse Sandhya, 51 ans, qui gérait un snack, a mis la clé sous le paillasson pour se dédier totalement à son fils cadet. Le fils aîné Sandesh, 25 ans, a mis fin prématurément à ses études pour aider sa famille financièrement. Il travaille comme serveur sur un bateau de croisière. Roopal, 20 ans, la benjamine, vient, elle, d’être employée dans la fonction publique et donne un coup de main. Un grand soulagement pour les siens.
L’accident de Sarvesh n’a pas eu que des conséquences financières pour sa famille. Cette situation génère tellement de stress que sa mère, dit-il, est devenue «dépressive» et suit un traitement avec un psychiatre du privé. Elle est actuellement au repos.
Le jeune homme explique qu’aucun membre de sa famille n’a remis le pied au Waterpark depuis son terrible accident. Son père, précise-t-il, avait déposé devant la commission d’enquête mise sur pied par le gouvernement en 2013 après la mort d’une fillette et d’un adolescent là-bas. Le parc aquatique est fermé depuis.
«La commission d’enquête avait relevé le manque de sécurité après les deux morts et les autres blessés. La Cour suprême a-t-elle pris cela en compte avant de rejeter ma demande ?»se demande Sarvesh. Ses hommes de loi vont faire appel. Lui, s’accroche à sa bible dans l’espoir de cette situation accablante qui affecte toute sa famille.
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