Publicité

Sabilla Taroo, 55 ans, étranglée lors d'un cambriolage chez ses employeurs : vibrant hommage à une «gentille dame»

1 novembre 2021

Shane Hosseny, l’agresseur présumé, s’est introduit dans la maison en passant par la terrasse.

Elle était réglée comme une horloge. L’heure à laquelle Sabilla Taroo, une habitante de Belle-Rose, âgée de 55 ans, quittait son domicile pour se rendre au travail et rentrait à la maison n’avait jamais changé depuis qu’elle avait commencé à travailler comme femme de ménage pour une famille domiciliée à l’avenue de la Pureté, Morcellement Dookhun, Quatre-Bornes, il y a plus d’une dizaine d’années. Celle-ci, restée à l’étranger depuis la Covid-19 en 2020, faisait entièrement confiance à la quinquagénaire, devenue pratiquement une des leurs.

 

Plusieurs fois par semaine, Sabilla Taroo se rendait chez eux pour aérer les pièces et effectuer les tâches ménagères. Lorsqu’elle avait un imprévu, elle contactait toujours ses proches au téléphone pour les prévenir. C’est pour cette raison que le mardi 26 octobre, ces derniers ont commencé à s’en faire en s’apercevant qu’elle n’était toujours pas rentrée à 18 heures. D’autant qu’elle restait injoignable sur son cellulaire. Inquiet, son époux Ahmed s’est rendu sur place, accompagné d’un de leurs fils, pour s’enquérir de la situation. Détenant un double des clés, il s’est introduit à l’intérieur, sans se douter qu’il allait faire une macabre découverte qui le marquerait à vie…

 

En arrivant sur place, dans la soirée, Ahmed Taroo et son fils sont tombés sur le corps sans vie de Sabilla Taroo gisant sur le sol, dans l’une des pièces de la maison. Elle portait plusieurs traces de blessures, notamment au cou, et avait le visage recouvert de sang. Des traces de sang ont également été décelées dans plusieurs pièces de la maison.

 

Alertés, les policiers du poste de Quatre-Bornes sont arrivés sur place pour un constat et ont bouclé le périmètre. La thèse du vol ayant mal tourné n’a pas tardé à être établie car dans plusieurs pièces, à l’étage, des fils électriques avaient été arrachés. Le téléphone portable et le portefeuille de la victime avaient aussi disparu. Le corps de Sabilla Taroo a été transféré à l’hôpital Victoria où une autopsie a attribué son décès à une compression de la nuque.

 

Inquiétude

 

Les enquêteurs n’ont pas tardé à identifier un suspect. Après une analyse approfondie de la scène de crime, les limiers du Scene of Crime Office (SOCO) ont relevé les empreintes d’un jeune homme déjà fiché à la police. Il s’agit de Shane Hosseny, un habitant de Bassin, Quatre-Bornes, âgé de 22 ans. Il avait déjà été arrêté pour vol de câbles électriques dans la région de Beau-Bassin dans le passé. Lors d’une opération policière montée par plusieurs unités de la division Ouest, le jeune homme, qui avait déserté sa localité, a pu être intercepté dans la région de Stanley, Rose-Hill, avant d’être remis à la brigade criminelle de Quatre-Bornes.

 

Soumis à un feu roulant de questions, Shane Hosseny est passé aux aveux. Il a confié aux enquêteurs qu’il passait souvent devant la maison où travaillait la quinquagénaire car il travaille comme vigile dans la localité. Il a donc décidé de cambrioler celle-ci, le mardi 26 octobre, et s’est introduit à l’intérieur en passant par la terrasse. Toutefois, il a été surpris par Sabilla Taroo. Lorsque cette dernière s’est mise à crier et a tenté d’aller chercher de l’aide, il l’a empoignée, l’a agressée, avant de l’étrangler. Il a ensuite pris la fuite avec des câbles électriques et les effets personnels de la victime. Après avoir passé la nuit en détention, Shane Hosseny a été traduit devant la Bail & Remand Court (BRC) le lendemain, avant d’être reconduit en cellule.

 

Depuis cette tragédie, la tristesse et l’inquiétude règnent dans le voisinage. «Sabilla était une femme qui travaillait dur. Elle pouvait donner sa vie pour ses enfants. Je la regardais passer tous les jours à 10 heures pour aller travailler. Elle s’est occupée de cette famille comme de la sienne pendant plusieurs années. Cela m’attriste qu’elle ait connu un tel sort. Celui qui a commis ce crime doit être mis en prison. Bondie bizin fer so zizman. Akoz inpe difil zot finn tir so lavi», s’insurge une voisine. «J’ai pourtant vécu dans plusieurs endroits, j’ai beaucoup déménagé, mais je n’ai jamais été témoin d’une telle atrocité. Depuis, j’arrive à peine à trouver le sommeil et j’ai perdu l’appétit. Mo abitie asiz deor dan gramatin me aster mo bizin per. Mo espere ki Bondie protez so zanfan, so fami.»

 

Sollicitée, une autre voisine est tout aussi choquée. «Cette femme était vraiment gentille. Elle ne méritait pas qu’on lui ôte la vie de la sorte. La dernière fois que nous nous sommes croisées remonte à quelques jours ; nous avions beaucoup discuté. Ler mo finn aprann seki finn ariv li, mo finn gagn enn sok.» Ayant un fils souffrant d’un handicap à sa charge, elle s'inquiète : «Mo per pou sorti les mo zanfan tousel. Nepli kapav fer dimounn konfians.»

 

L’une des dernières personnes à avoir vu Sabilla Taroo vivante est une autre voisine chez laquelle elle travaillait comme femme de ménage. «Depuis que ses employeurs sont à l’étranger, elle travaille également chez moi.» Elle se souvient que le jour du drame, la quinquagénaire est d’abord venue s’occuper de sa maison. «Elle a déposé ses affaires, avant de se rendre chez les voisins pour ouvrir les fenêtres et aérer leur maison, puis a bouturé les rosiers. Elle est ensuite revenue pour effectuer les tâches ménagères chez moi. Vers 13 heures, elle est partie s’occuper de la maison des voisins. C’est la dernière fois que je l’ai vu vivante», confie-t-elle.

 

D’habitude, Sabilla Taroo quitte leur domicile aux alentours de 15 heures mais elle n’est jamais partie. D’après l’enquête policière, son agresseur se trouvait déjà dans la maison à ce moment-là.

 

Anéantis, les proches de Sabila Taroo ont du mal à contenir leur peine. L’une de ses soeurs confie : «Nou finn fini perdi li. Ses deux fils ont perdu leur mère, ce n’est pas facile. Li ti pe travay pou rod so lavi me Bondie gran, li pou pini sispe-la. Nou trouve ki la lwa Moris pa ase sever pou sa bann kalite krim-la. Mo ser ti enn bon dimounn, li ti pe okip so lakaz, li ti pe travay. Zot finn pran so lavi kouma enn nanye ditou. Même un animal n’aurait pas été traité de la sorte.»

 

Les funérailles de Sabilla Taroo ont eu lieu le mercredi 27 octobre. Elle laisse derrière elle son époux et ses deux fils, âgés de 18 et 23 ans.

Publicité