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Sachin Tetree : sa concubine dresse le portrait d’un homme «violent»

29 octobre 2018

Reshmi Sumboo porte encore les traces de brûlure de l’une des nombreuses fois où elle a été agressée.

Il n’avait pas vraiment une réputation d’homme violent dans sa localité. Plusieurs voisins le décrivent plutôt comme un homme discret, réservé, qui marche toujours le dos cambré, la tête baissée et évite tout contact visuel avec ceux qu’il croise. Si la plupart des habitants de ce village intégré de Petite-Rivière n’avaient jamais vraiment prêté attention à Sachin Tetree, plus connu comme Rakesh, depuis qu’il avait emménagé dans le coin, ils sont tout de même quelques-uns à avoir eu vent de son mauvais caractère et du calvaire qu’il faisait vivre à sa famille au quotidien. À l’instar de Laura, une voisine, qui venait souvent en aide à sa compagne lorsque celle-ci traversait ces moments difficiles : «Mo finn ed li kouma mo kapav, donn li manze kan so zanfan ek li pa ti ena. Si li pa ti rakonte par ki li ti pe pase, zame mo ti pou devine.» Effectivement, à en croire Reshmi Sumboo, la concubine de Sachin Tetree, ce dernier avait fait de sa vie un enfer.

 

Le cauchemar de cette femme de 47 ans a pris fin le samedi 20 octobre, quand son compagnon a été arrêté pour le meurtre du petit Ritesh Gobin, 11 ans. Mais elle est tout de même terriblement choquée et attristée par cet acte atroce. Bien qu’elle connaisse le caractère violent de Sachin, elle n’en revient pas qu’il ait pu ôter la vie d’un enfant. «Mo pa ti panse li ti pou kapav fer enn zafer parey a enn zanfan. Mo ti panse zot finn tromp dimoun. Ritesh tiankor enatou so lavi devan li. Me mo sir ki si kou la pa ti al pou Ritesh, li ti pou vinn pou mwa ek mo garson», confie Reshmi qui a un fils de 9 ans avec le présumé meurtrier.

 

Elle avoue avoir vécu les pires années de sa vie auprès de Sachin qui, dit-elle, la tabassait régulièrement. D’ailleurs, quelques jours avant le meurtre de Ritesh, elle a quitté le toit conjugal avec son enfant. «Après une violente dispute, il nous a mis à la porte et j’ai dû me réfugier chez une voisine. Il m’a ensuite demandé de revenir mais j’ai refusé. Il m’a séquestrée et menacée, pensant que j’allais changer d’avis. Me soufrans ki mo finn pase, mo tousel ki kone et mo pa ti anvi reviv sa.»

 

«So vre natir»

 

Leur relation date de 11 ans. Reshmi fait la connaissance de Sachin, déjà marié et père de trois enfants en bas-âge à l’époque, lorsqu’il vient installer des câbles électriques dans la maison qu’elle loue à Beaux-Songes. Peu de temps après, il met un terme à son union pour refaire sa vie avec elle. Reshmi pense avoir rencontré l’homme de sa vie mais déchante vite. «Li ti montre mwa zis so bann bon kote. Me kan mo finn kit tou pou li, li finn montre mwa so vre natir.»

 

Autrefois indépendante, Reshmi perd ce droit aux côtés de Sachin car ce dernier craint qu’elle rencontre un autre homme sur son lieu de travail. Aveuglée par son amour pour lui, elle obtempère et tourne même le dos à sa famille et ses amis pour vivre avec lui. La naissance de leur fils Abhishek, il y a neuf ans, la rend davantage prisonnière de celui qui va devenir son bourreau. «Mo pa ti pe travay, mo fami ti vir ledo ar mwa, mo finn retrouv mwa tousel. Mo ti pe depann lor li pou elve mo zanfan.» Peu à peu, les agressions verbales et physiques deviennent son quotidien. Toutefois, durant toutes ces années, Reshmi n’envisage pas la rupture comme solution à son calvaire. «Je pensais qu’il finirait par changer mais la situation ne faisait que se détériorer.»

 

Il y a deux ans, le couple, son fils Abhishek, ainsi que deux des trois enfants de Sachin issus de sa précédente union emménagent à Petite-Rivière. «Aux yeux de tous, nous passions pour une famille modèle. Mais entre quatre murs, Abhishek et moi subissions les coups de Rakesh.» Quelque temps après, Sachin perd son emploi. Et bien vite, la famille se retrouve sans nourriture ni électricité. «Je n’ai eu d’autre choix que de raconter mon calvaire à quelques voisins qui me sont venus en aide ainsi qu’à mon enfant, puisque Rakesh ne prenait en compte que son bien-être et celui de ses deux autres enfants. Lorsqu’il allait manger chez sa mère à Gros-Cailloux avec ses deux fils, Abhishek et moi restions seuls à la maison, le ventre vide. Il nous avait même dit que si quoi que ce soit lui arrivait, ses biens reviendraient à ses autres enfants et que nous n’obtiendrions rien de lui.»

 

Pour beaucoup, Sachin semble inoffensif. «Li ti pe marse trankil, li pa ti get personn li pa ti lager lor sime», raconte Laura, la voisine. Mais Reshmi Sumboo, elle, sait de quoi il est capable. «Du temps où il travaillait à l’usine, il avait confectionné des armes tranchantes et les gardait à la maison. Li ti dir mwa li pou servi sa pou defigir mwa ek ki li pa per pou fer prizon», raconte-t-elle, en nous montrant les outils en question. Son agression la plus mémorable, elle s’en souvient comme si c’était hier : «Li ti pran dekti diri so li ti vid lor mwa. Li finn bril mo lebra e mo ti admet lopital.» Deux ans après les faits, les cicatrices sont encore visibles sur son bras. «Il ne m’a jamais présenté d’excuses pour tout ce qu’il m’a fait. J’ai souvent pensé mettre un terme à mes jours mais j’ai tenu le coup pour mon enfant.» Elle a consigné plusieurs plaintes pour agression mais à chaque fois, elle finissait par se rétracter pour tirer Sachin d’affaire.

 

Aujourd’hui, Reshmi ne veut plus jamais avoir affaire à lui. «Pandan lontan mo finn aksepte manz ek kou et gagn bate. Me azordi, mo nepli anvi trouv li divan mo lizie», lance-t-elle. Elle veut maintenant avancer et espère que la National Empowerment Foundation (NEF) lui viendra en aide afin que la maison qui a été allouée à son concubin lui revienne et elle lance un appel à la population afin que celle-ci leur vienne en aide, à son fils et elle, le temps qu’elle trouve un emploi.

 


 

Reconstitution des faits sous haute tension : des interpellations à prévoir

 

Une forte présence policière a été sollicitée pour le bon déroulement de l’exercice.

 

Un véhicule de police endommagé et cinq membres des forces de l’ordre blessés. Tel est le bilan de l’exercice de reconstitution des faits du meurtre de Ritesh Gobin, qui s’est tenu le lundi 22 octobre sur le lieu du drame. Après sa comparution devant le Tribunal de Bambous, Sachin Tetree, le meurtrier présumé du garçon de 11 ans, est arrivé à Petite-Rivière sous forte escorte policière. Les habitants de la localité n’avaient alors qu’une idée en tête : lui régler son compte. C’est sous une pluie d’insultes que le trentenaire est arrivé sur le terrain en friche où il aurait tranché la gorge du petit garçon. «Asasin, to pa onte to touy enn zenfan ?», ou encore «zenfan-la ti ena enn lavenir. Li ti bizin pran par lexamin siziem», ont notamment lancé des membres du public. Leur colère était telle à la fin de l’exercice qu’ils n’ont pas hésité à lancer des pierres dans la direction du véhicule de la Major Crime Investigation Team transportant Sachin Tetree et à s’en prendre aux policiers assurant sa sécurité. Deux jours plus tard, un premier individu a été appréhendé dans le cadre de ces désordres. Il s’agit d’un habitant de la localité âgé de 20 ans. D’autres personnes devraient être interpellées dans le même sillage.

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