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14 décembre 2021 14:06
Adaptation. Le premier confinement a été beaucoup plus facile que le second ! À cette époque, je venais de quitter mon job dans une agence de communication pour me mettre à mon compte et, bien évidemment, il a fallu que je m’adapte à la situation. Les enfants aussi ont dû s’adapter à une nouvelle réalité, un nouveau rythme, comme tout le monde. Il s’agissait de find the best you can in a difficult situation. Mais après deux mois, ça commençait à faire long, à sérieusement influer sur le moral. Heureusement pour moi, il y a eu le ramadan durant cette période et cela m’a beaucoup aidée. Ensuite, la vie a plus ou moins repris son cours normal et c’était tant mieux…
Dépression. Puis est venu le second confinement et là, ça a été très tough. J’ai carrément fait une dépression. Dès l’annonce de ce lockdown, j’ai senti comme un mur se refermer sur moi. Ma cadette devait participer aux examens du CPE et nous étions dans l’incertitude quant à la tenue de ces épreuves. Notre priorité était qu’elle traverse cette étape le plus sereinement possible. Et puis, en plein examen, il y a eu un cas de Covid à l’école Rivalland, là où allait ma fille. C’était la panique, mais nous nous sommes ressaisis, nous disant qu’en prenant toutes les précautions ça irait. Heureusement, tout s'est bien passé et elle a très bien travaillé. À l’annonce des résultats, j’ai senti une énorme pression retomber !
Implosion. Mais d’un autre côté, je n’allais toujours pas bien. D’habitude, la lecture et l’écriture sont mes exutoires mais je n’arrivais pas à lire, ni à écrire. Tout se mélangeait dans ma tête. C’était comme si j’avais implosé de l’intérieur. À un moment, mon époux qui a été très patient et compréhensif, m’a conseillé de faire une thérapie et j’ai accepté. Après un mois, j’allais déjà mieux. Depuis, il y a eu beaucoup de progrès même si je suis toujours sous antidépresseur. C’est dire à quel point cette pandémie peut affecter la santé mentale. Mais on peut aussi s'en sortir.
Bataille d'ego. Outre la situation critique avec le nombre de malades et de décès, j’ai l’impression de vivre dans un pays où nous, les citoyens, ne sommes pas pris en compte ni respectés par nos dirigeants. Alors que ces derniers auraient dû, au contraire, nous considérer comme des gens qu’ils doivent servir ! Il semble qu’on nous cache des informations, que la situation est plus chaotique que jamais, que le pays va très mal. Et que font les politiciens pendant ce temps ? Ils continuent leur bataille d’ego. On dirait même que le gouvernement en profite pour faire voter des lois mal venues comme l’IBA Act ou le Petroleum Act. N’y a-t-il pas des choses plus pertinentes à faire ?
Aucune leçon. Prenons l’éducation, par exemple. On a l’impression que le gouvernement n’a tiré aucune leçon du premier confinement et que rien n’a été fait pour donner à nos enfants une éducation adaptée à ces temps de pandémie. Si ça continue, on va produire une génération qui ne saura pas réfléchir par elle-même. De toute façon, d’une manière générale, l’éducation n’est pas adaptée à cette génération. C’est le même programme qu’il y a 20 ans alors que tout a changé, que les enfants ne sont plus les mêmes ! Pour la santé et d’autres secteurs, c’est la même chose. Tout est resté pareil ou presque alors que le monde a évolué.
Évolution. Il est temps de mettre les egos de côté pour évoluer vers quelque chose de mieux pour notre île. Il faut tout le monde on board pour amener un profond changement sociétal, systémique, à tous les niveaux. Pas de manière radicale, d’un seul coup, mais progressivement. Encore faut-il qu’il y ait cette intention de départ d’améliorer notre société ! En tant que citoyens, nous pouvons faire certaines choses mais il y a des changements qu’on ne peut faire qu’en étant au gouvernement. Hélas, même ceux qui y sont et qui voudraient oeuvrer positivement ne semblent pas avoir la liberté de le faire.
Synergie. Et pour un vrai changement positif, il y a une synergie à créer entre le gouvernement, la population et les différents stakeholders. Il faut consulter le plus grand nombre et trouver un consensus avant de prendre les grandes décisions. C’est ce qu’on appelle une démocratie vivante. Il faut aussi impliquer les jeunes et toutes ces personnes qui ont des compétences extraordinaires à mettre au service du pays.
Common ground. Les Mauriciens aiment leur pays et lui veulent du bien. Nous avons vu cela après le naufrage du Wakashio et tout ce qui a suivi. Nous étions unis autour d’un common ground, que ce soit à Mahébourg pour essayer de sauver le lagon ou pour les manifestations pacifiques ensuite. Nous avons vu comment cette union fait notre force. Il faut trouver ainsi des common grounds qui amènent les Mauriciens à travailler ensemble. Nous sommes tous dans le même bateau, même si certains souffrent plus que d’autres.
Priorité. Je crois que la leçon principale, c’est que nous avons compris ce qu’était l’essentiel : la famille, la santé, le temps, la nourriture, prendre soin de soi… La pandémie nous a montré le vrai sens de la vie en dehors de toutes les choses superficielles derrière lesquelles nous courons. Nous avons vu que tout peut s’écrouler n’importe quand. C’est comme si nous étions poussés à value whatever we have, à avoir de la gratitude, à revoir nos priorités, à trouver notre essentiel et à respecter celui des autres.
Empathie. Quand je suis passée par ma dépression, je me suis bien rendu compte qu’il ne fallait pas se comparer aux autres ou les juger ; chacun a ses propres combats à mener, sa propre voie à trouver… Justement, cette pandémie nous a aussi poussés à nous intéresser davantage à notre prochain. Nous sommes plus empathiques, plus enclins à aller vers l’autre, à l’aider si besoin est, nous avons retrouvé un vrai sens de la solidarité. Et c'est formidable.
Nos enfants. Je trouve que les enfants constituent une belle lueur d’espoir. Ce sont eux bien souvent qui nous donnent l’envie et le courage de faire des efforts, d’avancer pour les amener vers un avenir meilleur. Nous devons leur donner des bases solides et plus tard, ils verront quoi en faire.
Coming together. Une autre lueur d'espoir, c’est ce coming together des Mauriciens, notamment en marge de l’épisode Wakashio, qui a cassé toutes les différences et barrières. Nous étions tous Mauriciens et citoyens pour une même cause. Et il ne faut pas laisser ça se perdre. Nous devons retrouver, de temps à autre, cet élan qui nous rassemble, cette union qui fait notre force, pour d’autres causes.
Après avoir travaillé chez Advantedge PR pendant presque sept ans, j’ai décidé de me mettre à mon compte fin 2019 pour faire de l’editing, du proofreading et de la traduction, et être plus disponible pour mes enfants : Saad, 16 ans, Sabah, 12 ans, et Shams, 9 ans. Quand je travaillais dans la communication – et comme mon époux Ibrahim est médecin – c’était un peu compliqué d’être là pour eux comme il faut. Sinon, je lis beaucoup, c’est ma passion. J’aime aussi beaucoup écrire et je voulais même devenir journaliste à un moment. Après avoir entamé des études d’anglais à l’Université de Maurice, j’ai suivi mon époux en Irlande après notre mariage – nous sommes maintenant revenus à Maurice – et là-bas, j’ai fait un degré en psychologie et un diplôme en journalisme. J’ai commencé à écrire dans les pages Forum du Mauricien, il y a une dizaine d'années et je n’ai plus arrêté. J’écris aussi souvent sur ma page Facebook et je donne mon avis quand je suis sollicitée par les médias sur divers sujets. Certains s’étonnent qu’une femme qui porte le voile s’exprime aussi librement mais l’un n’empêche absolument pas l’autre !
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