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1 novembre 2022 13:24
Comment faire face à un tel drame ? Personne ne le sait. Il n’y a pas de formule magique. On le vit juste en accueillant comme on peut tous les bouleversements, la confusion et le chaos qu’il amène dans son sillage. Atma Pentayya, 77 ans, en sait quelque chose. Depuis le décès tragique de sa soeur Rawonjooloo Pentayya, 78 ans, aussi connue sous le nom de Satya, il est bloqué sur une terrible image : celle de son visage ensanglanté et boursouflé après son agression dans la nuit du 22 au 23 octobre. Elle est décédée le 25 octobre à l’unité des soins intensifs de l’hôpital SSRN. «Li ti dan koma. Li pann koz ditou. Linn mor de zour apre ek nounn fer so lanterman so landime lerla», précise cet habitant de Telegu Temple Road à Goodlands.
L’homme peine toujours à croire que sa soeur n’est plus de ce monde. «Nou ti a sink frer ek sink ser. Mo tousel frer reste aster ek de ser», dit-il, le cœur lourd de chagrin et de regret. D’autant que sa soeur est morte dans des circonstances atroces. Rawonjooloo Pentayya a été agressée mortellement lors d’un cambriolage à son domicile. Après qu’elle l’a surpris en plein vol, le cambrioleur lui aurait tapé la tête contre le mur. Vivant seule et souffrant d’un handicap dû à la poliomyélite, la sexagénaire n’avait aucune chance contre son agresseur.
C’est Atma qui l’a découverte dans un état grave tôt dans la matinée du 23 octobre. «Monn leve 6h30. Monn louk kot li, so lakaz an fas seki pou mwa. Mo trouv so lakaz ankor dan nwar. Pa ti dan so labitid sa. Mo ser abitie lev boner. Monn sorti pou gete kinn ariv li. Partou ti ankor ferme. Li abitie fini ouver tou so bann laport ek la fenet boner. So bann rido ousi pa ti ankor rise», se souvient Atma. C’est en jetant un coup d’œil par une fenêtre entrouverte qu’il a vu sa sœur gisant inconsciente sur son lit. «La porte de son armoire était ouverte. Il y avait des vêtements et ses savates éparpillés dans la pièce. J’ai vu du sang sur sa bouche. J’ai alors demandé à mon épouse d’appeler à l’aide», raconte-t-il.
Quand la police et le Samu sont arrivés sur les lieux, Rawonjooloo Pentayya était toujours inconsciente et éprouvait des difficultés à respirer. Elle a été transportée d’urgence à l’hôpital SSRN. Mais malgré les soins qui lui ont été attribués, elle n’a pas repris connaissance jusqu’à son décès le 25 octobre. Le rapport d’autopsie indique qu’elle a succombé à une «traumatical intra cranial heomoraghie».
La police n’a pas tardé à mettre la main sur son agresseur présumé, identifié grâce aux images d’une caméra de vidéosurveillance d’un voisin. Il s’agit de Jean Michel Mimi, un homme de 36 ans, habitant non loin de la maison de la victime, à Camp-Mimi. Il a avoué les faits lors de son interrogatoire. Il a raconté qu’il s’était rendu au domicile de la victime pour y commettre un cambriolage dans la nuit du 22 au 23 octobre, vers 2 heures du matin.
Il n’a toutefois pu mettre son plan à exécution. Rawonjooloo Pentayya s’est réveillée en sursaut et l’a pris la main dans le sac. Paniqué, Jean Michel Mimi affirme que lorsqu’il a essayé de l’empêcher de crier et qu’elle a fait de la résistance, il a «tap so latet ar miray», avant de s’enfuir. Le suspect, qui fait l’objet d’une accusation provisoire de murder, est détenu au poste de police de Rivière-du-Rempart. Il a déjà participé à une reconstitution des faits.
Les proches de Rawonjooloo Pentayya, eux, ne sont pas près d’arrêter de pleurer sa tragique disparition, elle qui était, selon eux, une personne exceptionnelle. Déjà, malgré son handicap, disent-ils, elle vivait et se débrouillait seule pour faire ses affaires, et menait sa vie comme bon lui semblait. «Li ti gagn maladi polio a lepok. Enn kote lipie ti andikape pou li», explique Atma. En plus de ça, c’était une femme au grand coeur, dit-il : «Ma soeur avait de nombreuses qualités. Elle était d’ailleurs très appréciée pour sa générosité. Li ti tro bon ker, li pa merit enn lamor koumsa.»
Il poursuit, le coeur lourd de tristesse : «Li ti bien zanti. Li finn touletan ed lezot. Li deza aksepte donn manze ki ena dan so karay ek dormi vant vid. Li abitie donn kas ousi. Sa mem kinn fer so maler.» Ce n’était pas la première fois, précise-t-il, que sa soeur est victime d’un cambriolage. «Bann-la kone li res tousel, akoz sa zot vinn kokin kot li souvan. Nou bien trist», lâche Atma. Rawonjooloo Pentayya meublait son temps libre en lisant les journaux, en faisant de la couture et en écoutant la radio. Elle concoctait également de bons petits plats et faisait du jardinage. Sa présence douce et discrète manquera certainement à tous ceux qui l’aimaient…
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