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22 décembre 2021 05:19
Perdre son père, c’est perdre une partie de soi. La tristesse est à son apogée, surtout lorsque ce papa a toujours été là pour le meilleur et pour le pire. Les soeurs Brinda Beeharry et Artee Mundloll en savent quelque chose. Elles pleurent amèrement aujourd’hui celui qu’elles considéraient comme le plus merveilleux des pères et leur meilleur professeur – celui qui leur a appris tant de choses de la vie. Un être magnifique, disent-elles, qui leur a été arraché brutalement. Woodai Chandra Neetye, 69 ans, plus connu comme Seekar, a succombé à ses blessures après avoir été agressé il y a presque deux mois. Cet ancien électricien, habitant 9e Mile, Triolet, laisse derrière lui ses deux filles ainsi que son fils aîné qui vit à Londres. Son épouse est décédée il y a cinq ans d’une maladie.
Son présumé agresseur est un voisin, un dénommé Vishraj Bhunjun, aussi connu comme Cheng. Selon les habitants du quartier, il serait un toxicomane issu d’une famille à problèmes. «Linn dir la polis ki li travay kwizinie me dan kartie isi, tou dimounn konn li kouma enn voler», avance un commerçant de la localité.
Le 22 octobre, une dispute a éclaté entre Seekar Neetye et Vishraj Bhunjun. Ce n’était pas la première fois d’ailleurs. Un autre incident avait eu lieu entre eux quelques jours auparavant. «Cheng ti pe dir dimounn ki monn al dir enn so kamarad ki li ti kokin banann kot enn vwazin. Enn diskision ti leve akoz palab mem. Li ti zwenn mo papa ek fer li repros akoz sa», raconte Brinda Beeharry, 44 ans, la fille aînée de Seekar Neetye.
La deuxième altercation concernait le même sujet. «Cheng est entré dans une grande colère lorsque mon père l’a croisé dans la rue devant chez nous et lui a dit qu’il voulait lui parler à nouveau concernant cette histoire de banane. Il s’est alors attaqué à mon père avec un gros morceau de bois. Il lui a donné un violent coup à la tête. Cheng a également agressé ma fille et moi lorsque nous sommes intervenus peu après», se souvient Brinda Beeharry.
Après cette agression, Seekar Neetye est rentré chez lui. «Linn dir nou pa dir personn. Papa ti dir mwa pa bizin al la polis. Linn touzour krwar dan dialog. Linn bien tini douler ziska mardi 7 desam. Li dir nou ki li ti pe santi so latet lour. Li ti pe koze impe me nou pa ti pe tro kompran seki li ti pe dir nou. Li ti pe koumans perdi memwar tou. Lerla inn bizin amenn li lopital», souligne Artee Mundloll, la benjamine de Seekar Neetye.
Le sexagénaire a été placé en observation à la salle 0.4 de l’hôpital du Nord. Deux jours plus tard, il a subi une délicate intervention. «On devait lui extraire des caillots de sang du crâne. On l’a, par la suite, transféré à l’unité des soins intensifs. Nous pensions que notre père allait s’en sortir, même s’il avait sombré dans un coma. Il était sous respiration artificielle», indiquent Brinda et Artee. Seekar Neetye est malheureusement décédé d’une hémorragie cérébrale aux petites heures du matin du 15 décembre.
Le personnel du poste de police de Triolet a arrêté Vishraj Bhunjun le même jour, avant de le confier à la Major Crime Investigation Team. Il fait l’objet d’une accusation provisoire de murder. Le suspect est passé aux aveux. Il dit avoir agi dans un accès de colère.
Les proches du sexagénaire sont, eux, inconsolables. «Li bien dir pou nou. Nou fami mari afekte», lance Brinda avec douleur. Sa sœur Artee ajoute, la voix tremblante d’émotion : «Notre père était notre pilier. Il était très apprécié. Il était très populaire. Il faisait beaucoup de social. Il s’occupait d’une baitka. Il n’hésitait jamais à venir en aide à tous ceux dans le besoin. Dans sa jeunesse, il a également travaillé comme guruji.» Avoir leur père auprès d’elles est un privilège que Brinda et Artee n’ont plus désormais. Et cela leur brise le coeur.
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