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5 mai 2014 17:07
La dernière photo du couple quelques jours avant le drame.
Il y a un an, son monde s’est brutalement arrêté. Pour cause, elle aurait perdu ses deux parents dans l’accident de Sorèze. Une terrible épreuve pour une fille de 10 ans. Mais un an plus tard, elle semble avoir repris goût à la vie, entourée de ses grands-parents et autres proches. Triya Ujoodha, 11 ans, n’offre plus l’image de la fillette qui pleurait toutes les larmes de son corps devant les dépouilles de ses parents Sanjay et Priya. Mais celle d’une enfant plus sereine et plus forte après une année très difficile.
Il faut dire que depuis le drame, la vie de Triya a été complètement chamboulée. En ce 3 mai 2013, ses parents se rendaient à Port-Louis pour acheter des matériaux dans le cadre de la rénovation de leur maison à Candos. Elle ne les a plus revus vivants et a dû apprendre à vivre sans les piliers de sa vie, les personnes qu’elle aimait le plus au monde et qui l’aimaient plus que tout. La perte de ses parents a été insupportable au début. «Lorsque mon oncle et ma tante sont venus me récupérer à l’école le jour du drame (elle fréquente la SSS de Bambous), j’ai d’abord cru que c’était ma grand-mère qui était décédée. J’ai eu un choc immense quand j’ai appris que j’étais devenue orpheline. Suite à ce traumatisme, je m’étais absentée de l’école pendant trois semaines le temps d’assimiler cette double perte et de retrouver mes marques. Le soutien de ma famille a été très bénéfique en cette période très douloureuse», raconte Triya, 11 ans, d’une petite voix.
Prendre de la distance
Aujourd’hui, elle a trouvé refuge chez ses grands-parents maternels, à Flic-en-Flac. Dans sa nouvelle chambre bien décorée, des photos de ses parents sont accrochées au mur. «Un an déjà est passé et j’essaie de ne plus repenser à ce jour terrible», confie l’enfant unique du couple Ujoodha. Ne plus habiter la maison familiale, à Candos, l’aide à surmonter son chagrin. «J’essaie d’avancer dans la vie. J’ai voulu quitter Candos afin d’avoir les idées plus claires et pour ne plus avoir à repenser à ce jour», explique la fillette, sous le regard de sa tante Varsha Geerdharry.
Triya sur les lieux de l’accident, hier, entourée de ses grands-parents maternels et d’autres proches.
Les souvenirs, dit-elle, sont trop présents dans cette maison. Avec le temps, ils sont devenus insupportables. C’est pour cela qu’elle a préféré aller habiter chez ses grands-parents maternels au lieu d’aller chez sa grand-mère paternelle à Candos lorsque la question de sa garde a été appelée en cour. Elle se rend toutefois, chez sa grand-mère paternelle, en week-end chaque deux semaines, sur les recommandations de la cour.
Triya sait que sa décision a fait de la peine à sa grand-mère paternelle ainsi qu’à ses autres proches du côté de son père mais, souligne-t-elle, elle a toujours été plus proche de ses grands-parents maternels : «C’est ma grand-mère maternelle qui s’est toujours occupée de moi lorsque j’étais encore bébé. J’ai vécu chez elle jusqu’à l’âge de 3 ans. Ce n’est que les week-ends que mes parents venaient me récupérer. C’est pour cette raison que je suis plus à l’aise dans sa maison maintenant.»
Même si la fillette semble aujourd’hui apaisée, ses proches se font beaucoup de soucis pour elle. Selon sa tante Varsha, elle n’a pas bénéficié de suivi psychologique à long terme : «Elle parle à peine de ses parents et du traumatisme qu’elle a vécu. Ce serait bien qu’elle en parle.» Pour tous, la douleur est encore très dure à gérer. Les grands-parents de Triya, Pratima, 62 ans, femme au foyer, et Chand Geerdharry, un taximan de 68 ans, ne diront pas le contraire. Perdre leur fille unique, Priya, a été terrible pour eux. «Il n’y a pas de mot pour exprimer notre tristesse», pleure Pratima. Son époux Chand essaie tant bien que mal d’accepter ce terrible coup du sort. «Si bondie in desid sa mo aksepte me mo pa souhaite mo pir ennemi viv sa. Tro dir sa.»
Le coeur de Beti Ujoodha saigne toujours.
Beti Ujoodha, la grand-mère paternelle de Triya, âgée de 75 ans, peine également à remonter la pente : «J’avais 19 ans quand j’ai perdu mon père dans un accident. J’avais pris beaucoup de temps pour faire mon deuil. Me revoilà plongée à nouveau dans une profonde tristesse après la mort atroce de mon fils et de ma belle-fille. Nepli ena lazoi dan nu lakaz. Notre famille passe par des moments très difficiles. Mo pa kroir mo pu blie zot. Mo tuzur pens zot.»
Les membres des familles Ujoodha et Geerdharry ne s’entendent pas forcément sur la garde de Triya, mais tous souhaitent une chose plus que tout : le bonheur de la fillette qui, pour l’heure, semble affronter avec courage ce drame insupportable.
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