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Show de Dadju non-autorisé, nouveaux règlements de la police : l’évènementiel en eaux troubles

3 décembre 2023

Des organisateurs, comme Jimmy Veerapen et Bruno Raya, vont se rencontrer mardi prochain pour décider de la marche à suivre, où le cas Dadju (photo) et le festival Afrovibes seront aussi sûrement évoqués.

Les temps sont durs pour ce secteur. Le couperet est violemment tombé vendredi dernier, avec un communiqué de la police disant que l’un des plus gros évènements de cette fin d’année, le festival Afrovibes avec comme tête d’affiche Dadju et Arya Starr, prévu hier au Stade Germain Comarmond de Bambous, n’a pas eu l’autorisation du commissaire de Police. Le tout dans un communiqué où l’on peut lire notamment :  «Si ce concert se tenait, il serait illégal et le public est avisé de ne pas s’y rendre».

 

Du coup, gros point d’interrogation pour la troisième venue de l’artiste Dadju à Maurice ! Et bien sûr, un gros tollé sur les réseaux sociaux. À l’heure où nous mettions sous presse, la compagnie Cinco, organisateur du concert avec ses partenaires, essayait de négocier pour trouver un lieu alternatif pour ce show très attendu des Mauriciens. Mais le spectacle n'a finalement pas eu lieu hier, dû aussi au mauvais temps selon un communiqué de la billetterie Ôtayô et les démarches continuaient toujours à l'heure où nous mettions sous presse. Hansley Purmamnund, l’un des directeurs de Cinco, n’arrêtant pas de marteler qu’il ne comprenait pas cette décision de la police et qu’il a eu tous les clearances demandées pour la tenue de l’évènement.

 

Une non-autorisation de la police qui s’ajoute au climat déjà tendu entre les organisateurs et celle-ci, qui a pris une tournure encore plus tendue, avec de nouveaux règlements imposés par la police, annoncés par le Premier ministre lors de la Prime Minister’s Question (PMQT) mardi dernier au Parlement : ainsi, il faudra que les organisateurs aient des services de sécurité qui peuvent gérer des foules. Aussi, la police devra effectuer une inspection du site de l’évènement avant d’envoyer un rapport au commissaire de Police, qui verra par la suite s’il donnera son feu vert. Le site en question devra avoir une sortie de secours pour faciliter la circulation et pour l’accès aux services d’urgence si besoin est. Les organisateurs devront aussi expliquer le déroulement complet de l’évènement à la police. Police qui pourra interrompre l’évènement à tout moment, fouiller toutes les personnes qu’elle estime sont suspectes, et demander aussi une réunion aux Casernes pour discuter de l’évènement et du dispositif de sécurité avec les organisateurs.

 

Des conditions qui font sourciller

 

Autant de conditions que les organisateurs devront suivre à la lettre, ce qui leur fait énormément sourciller… À tel point qu’à l’heure où nous mettions sous presse, une réunion est prévue ce mardi entre les différents organisateurs pour voir la marche à suivre après l’annonce de ces nouvelles conditions en vigueur.

 

En attendant, plusieurs nous ont parlé. À commencer par Jimmy Veerapen, à qui l’on doit le management du groupe Anonym et les nombreuses éditions de l’Underground Rock Festival, qui trouve que «la police essaie de mettre de l’ordre dans un secteur qui n’est déjà pas structuré. Il faudrait déjà pour commencer légiférer plusieurs aspects du secteur de l’évènementiel, pour rendre l’organisation de concerts plus fluide. Cela empêcherait plusieurs couacs au niveau de la sécurité, et empêcherait aussi tous ces règlements excessifs.» 

 

De son côté, Bruno Raya, à qui l’on doit les nombreuses éditions du Festival Reggae Donn Sa est catégorique : «La police ne peut pas faire la pluie et le beau temps avec ce secteur, et c’est exactement le cas maintenant. On investit des millions pour faire venir un artiste international, avoir un lieu, toute une équipe pour l’organisation et la sécurité, et tout ce déploiement d’énergie pour une décision finale suspendue par le bon vouloir de la police ? Ce n’est pas à cause des incidents à La Citadelle qu’il faut maintenant venir avec des règles qui viennent compliquer des procédures déjà éreintantes pour les organisateurs d’évènements ! Mais je veux aussi souligner que les organisateurs sont solidaires, et que nous ne devons pas, à l’avenir, entrer en conflit à cause de ces nouveaux règlements, juste parce que l’un pourra organiser un concert et l’autre pas.» 

 

Et finalement, après le rock ou même le reggae, un organisateur de grandes soirées tendance Bollywood nous dira pour sa part que «dans certains de ces nouveaux règlements de la police, on a l’impression que la logique est qu’il n’y a que dans les concerts que nous aurons des personnes louches qui viendront, ce qui est un peu gros quand même.  Et le fait de rendre l’organisation de concerts plus compliquée, résultera automatiquement qu’il y en aura moins. Où iront les jeunes, eux qui n’ont déjà pas beaucoup de distractions, et qui peuvent si facilement tomber dans des fléaux comme la drogue ?» 

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