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Simla Ramkissoon succombe à ses brûlures : un drame qui cache d’autres terribles malheurs

12 avril 2022

La quadragénaire a été brûlée sur plusieurs parties du corps suivant un incident au domicile d’une amie.

L’atmosphère est chargée de tristesse à Railway Road, Cluny, en ce matin du jeudi 7 avril. Chez les Ramkissoon, des femmes viennent de finir de débarrasser le salon de son contenu pour faire de la place afin de mettre des chaises en plastique. Tous s’activent à finir les préparatifs pour accueillir la dépouille de Simla Ramkissoon, née Ramroop, dont les funérailles doivent avoir lieu dans l’après-midi. Cette pompiste de 46 ans a succombé à un «shock following excessive burns» vers 00h20, le 7 avril, à l’ICU Burns Unit de Candos, suivant un incident au domicile d’une amie à Rose-Belle dans la soirée du 31 mars. Cette dernière, Jenny Emilie, 41 ans, est également hospitalisée dans cet établissement après avoir été brûlée sur plusieurs parties du corps.

 

Ce matin-là, Anikate, le fils aîné de la défunte, âgé de 26 ans, fait le va-et-vient au volant de sa Toyota avec son frère Akash, 24 ans, en vue des démarches pour les funérailles. Lorsque nous les rencontrons, ils viennent de revenir de la morgue et doivent bientôt repartir pour faire d’autres démarches. La détresse, la fatigue et l’incompréhension se lisent sur leur visage. «Nou touzour pa krwar seki finn arive. Enn sok terib sa. Mo mama pa merit enn lamor koumsa», lance Anikate, visiblement désemparé. Le jeune homme explique que sa mère a vécu un véritable calvaire avant de rendre l’âme. «Mo ti al get li so gramatin lavey. Li ti pe soufer boukou.» Le soir fatidique, le personnel soignant lui avait prescrit des calmants supplémentaires pour lui permettre de dormir, ajoute Anikate.

 

Son frère Akash est, lui, allé rendre visite à leur mère dans l’après-midi. «Mo frer ti bizin fer li bwar la soup par pipe telma li ti pe soufer. Li pa ti pe kapav manze. Mama inn ousi bwar dilo koko apre. Dokter ti dir nou donn li sa kouma rafresi. Bann dokter ICU Burns inn dir mwa apre ki mo mama inn mor an silans», confie Anikate. À ce jour, son frère et lui ne savent toujours pas, disent-ils, quelles sont les circonstances du drame ayant mené à la mort de leur mère. «Bann dokter ti dir nou pa koz sa ditou ek li», précise Anikate dont les parents sont séparés depuis plus de 15 ans. Sa mère, précise-t-il, fréquentait Jenny Emilie depuis sept mois. «Zot de bon kamarad. Lot madam-la deza res kot nou ek so garson.» Il dit attendre le rétablissement de Jenny pour connaître les circonstances et les raisons derrière le drame.

 

«Zot de tousel kone kinn arive», nous avait déclaré un proche, au lendemain du drame. La police avait eu vent de l'affaire suite à une requête dans la soirée du jeudi 31 mars. Interrogé par la police, Brayan Mootooveeren, le gendre de Jenny, avait expliqué qu'il se trouvait dans sa chambre lorsqu'il a entendu une vive discussion éclater entre sa belle-mère et son amie Simla. Lorsqu’il s’est rendu dans la chambre de Jenny pour s’enquérir de ce qui se passait, le jeune homme de 23 ans a vu les deux femmes en feu. Il a alors utilisé des couvertures et de l'eau pour essayer d’éteindre le feu avec l'aide des voisins. Les deux femmes ont, par la suite, été transportées à l'hôpital par le Samu. Si Simla n’a pas survécu à ses brûlures, Jenny, elle, lutte toujours pour sa survie.

 

«So latet mari fatige»

 

Alicia, 20 ans, l’une des jumelles de la quadragénaire, explique que cette dernière a subi une intervention chirurgicale le jeudi 7 avril. «Li pe kapav koze ek manz inpe», confie-t-elle d’une petite voix. La jeune femme souligne que ses deux sœurs et son jeune frère «pann koz sa zafer dife-la ditou» avec leur mère pour ne pas empirer son état de santé. «So latet mari fatige. Dokter inn konsey nou pa koz sa ditou ek li. Enn sok terib sa. Aster si nou dir li ki mo tibaba ousi inn desede, nou kapav perdi li», lâche Alicia, des larmes aux yeux. En effet, comme un malheur vient rarement seul, Kaira, la fille d’Alicia et de Brayan Mootooveeren, est décédée le lundi 4 avril. La jeune maman a sollicité le Samu en constatant, au réveil, que sa fille ne bougeait pas. Mais il était déjà trop tard. Le rapport d’autopsie indique que ce bébé de 2 mois a succombé à un œdème cérébral et pulmonaire. «Nou pe atann bann rezilta analiz pou kone kinn ariv li», avance la jeune femme dont la douleur fait peine à voir. D’autant que ce drame survient quatre jours seulement après l’admission de sa mère et de Simla à l’ICU Burns Unit.

 

Alicia précise que les deux femmes étaient «bon kamarad». D’autres proches de Jenny avancent que cette dernière et Simla avaient une relation «intime» depuis quelques mois. Elles s’étaient connues par des amis communs qui habitent également à la Cité EDC, à Rose-Belle. Selon l’entourage de Jenny toujours, Simla «ti pe ale vini kot nou depi desam» et «ena fwa li ti pe reste enn-de zour tou». Jenny habite dans une cour familiale dans une maison de trois niveaux. Alicia vivait chez sa mère avec son petit frère de 11 ans et son compagnon Brayan. Anastasia, la jumelle d’Alicia, vit à Surinam avec son fiancé, alors que leur sœur aînée Leaticia, 23 ans, réside dans un autre quartier de Rose-Belle.

 

Jenny ne travaillait pas depuis le décès de son époux Éric. «Li ti pe travay sekirite avan», avance un proche. «Mon père est mort le 4 octobre 2019, après un accident. Ma grand-mère Gladys, 80 ans, est morte de chagrin, le 26 décembre 2020. Elle n’a pu accepter le départ subit de mon père», indique Alicia qui n’en a pas fini de pleurer les siens décédés auxquels est venue s’ajouter sa fille chérie Kaira. La jeune femme et les siens prient désormais pour la guérison de Jenny afin qu’un autre deuil ne vienne pas alourdir leur quotidien déjà bien entaché par les tragédies.

 

Tout comme les proches de Simla, ceux de Jenny veulent également connaître les circonstances et les raisons du drame qui bouleverse deux familles liées par une amitié intime entre deux femmes, qui a connu une fin horrible.

 


 

Simla, témoin vedette de l’accident de Wooton

 

Avant le drame qui lui a coûté la vie, Simla Ramkissoon était connue comme le témoin vedette de l’accident fatal survenu à la station-service d’Indian Oil, à Wooton, le 26 novembre 2019. Son collègue Rohit Gobin, 58 ans, avait été percuté par un véhicule de la police qui avait fait une sortie de route. Le pompiste avait succombé à ses blessures deux jours plus tard. Il y avait deux policiers à bord du 4x4 en question. Cette affaire avait fait le buzz car, après l’accident, les policiers avaient quitté les lieux du drame dans une voiture privée, laissant Rohit Gobin, grièvement blessé, sur place, alors que les secours n’étaient pas encore arrivés.

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