Publicité
22 août 2023 00:56
Fin tragique pour Megna Pierre et son fils Leon
La modeste maison en bois et en tôle de Fabiola Pierre à Cité Tôle, à Mahébourg, est dépouillée de son contenu. Au centre : une petite table, des fleurs et des bougies, ainsi qu’une photo de Megna tenant son fils Leon. Fabiola est assise à côté, sous un abri de fortune fait de quelques feuilles de tôle. Elle tente tant bien que mal de mettre un peu d’ordre dans les vêtements de ses petits-enfants. Des proches présents sur place lui font la conversation pour tenter de lui changer un peu les idées. Mais il lui est difficile d’avoir la tête bien sur les épaules en cette fin de matinée de mercredi.
«Mo garson so latet mari fatige depi lamor so madam ek zot tibaba. Li res pans zot. Linn al get sikolog zordi ek so 2 lezot zanfan. Lamor mo belfi ek mo ti zanfan difisil pou aksepte. Mo garson ek mo belfi ti touzour ansam», confie Fabiola, la voix cassée par l'émotion. Le soir fatidique, soit le 12 août, son fils Denis, un pêcheur de 28 ans, et sa belle-fille Megna, une femme au foyer de 27 ans, se rendaient à une soirée à Petite-Rivière avec leur bébé lorsqu’un terrible malheur est venu tout bouleverser. Le van dans lequel ils voyageaient a fait un accident.
Leur fils aîné, Aaron, 10 ans, et leur fille cadette Nessy, 7 ans, étaient restés avec leur grand-mère Fabiola. C'est aux petites heures du matin que cette dernière a appris la terrible nouvelle de la mort de Megna et de son fils Leon dans un accident à Pailles un peu plus tôt, vers 1h30. L’autopsie a, par la suite, conclu à un «shock due to multiple injuries».
Les premiers policiers arrivés sur place ont constaté que le conducteur du van, un habitant de Cité Tôle à Mahébourg âgé de 29 ans, avait pris la fuite. Selon les dires d’un autre jeune homme de 25 ans, présent sur place, le véhicule avait fait une sortie de route lorsqu’une roue arrière a éclaté alors qu’il y avait 10 occupants à son bord. Tous se rendaient à une fête d’anniversaire à Grande-Rivière.
Il précise qu’il venait de changer le pneu en question. Selon les premières indications de la police, au moment de l'accident, le petit Leon et sa mère ont été projetés hors du véhicule. Denis, l’époux de Megna, et les autres occupants ont, par la suite, reçu des soins à l’hôpital Jeetoo. Les policiers ont recueilli le pneu crevé pour les besoins de l’enquête.
La police a arrêté le conducteur quelques heures plus tard. Ce pêcheur habitant Cité Tôle et Anse Jonchée fait l’objet d’une accusation provisoire d’homicide involontaire. La police a également arrêté l’autre jeune homme de 25 ans. Ce dernier, qui aurait été au volant du van à ce moment-là, n’a pas le permis requis pour conduire un tel véhicule. L’enquête policière se poursuit.
Fabiola explique qu’elle dormait lorsqu'on l'a réveillée pour lui annoncer l’horrible nouvelle. «Van la ti demare isi mem. Mo garson inn blese lor fron. Mo belfi ti pe asize lor banket deryer ek so tibaba. Leon ti fek gagn enn an en zwin.» Megna et Denis s'étaient mariés après la naissance de leur fils aîné et habitaient avec Fabiola. «Li bien dir pou nou tou. De gran la res rod zot mama. Mo bizin sanz koze ek zot. Mo pe bizin trase pou donn zot tou seki zot pe rode», explique Fabiola qui ne sait pas comment sa famille et elle arriveront à traverser cette terrible épreuve.
Un jeune de 18 ans, succombe à ses blessures après deux jours
Suzy se demande comment elle pourra continuer à vivre. Cette dame de 46 ans a perdu son fils unique dans un accident. Yoan Leveillé (photo), 18 ans, a succombé à ses blessures après deux jours d’hospitalisation. Le rapport d’autopsie indique que cet habitant de Montagne-Longue est mort suite à un «shock due to multiple injuries». Il a poussé son dernier soupir, le 16 août, alors qu’il était admis à l’hôpital de Pamplemousses depuis le 14 août.
Yoan, qui gagnait sa vie en faisant des petits boulots, était sur une moto au moment du drame. «Mo kont lor la polis pou kone kouma linn tape. Mo kont ousi lor la polis pou kone pou ki sanla sa motosiklet ki linn fer aksidan la. Mo pa ti kontan ditou kan li mont motosiklet», confie Suzy. Selon la police, la Pulsar que pilotait son fils a heurté l’arrière d’un contract van conduit par un habitant Mon Gout.
Cet homme de 32 ans a expliqué à la police qu’il roulait en direction de Notre-Dame à une vitesse de 40 km/h ce soir-là. Arrivé à proximité du marché de Montagne-Longue, il a mis son clignotant pour tourner à droite. Selon ses dires toujours, il a, par la suite, vu une moto blanche heurter de plein fouet l’arrière de son véhicule. Il souligne que le motocycliste est ensuite tombé sur l’asphalte. Grièvement blessé, le jeune homme a été transporté à l’hôpital de Pamplemousses.
Suzy explique qu’elle dormait lorsqu’un voisin est venu la réveiller vers 22h25 pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. Yoan a été admis à l’unité de soins intensifs ce soir-là, après avoir reçu les premiers soins. Il a subi une intervention chirurgicale le lendemain. «Bann dokter ti dir mwa ki so basin ti andomaze. Linn desede so landimin vers 15 er», soutient Suzy, le cœur lourd d'une telle souffrance qu'elle ne sait pas si elle pourra y survivre.
Nilesh Raghoober, 26 ans, meurt après une sortie de route dans une voiture
Le temps s’est arrêté au domicile des Raghoober à Sébastopol depuis quelques jours. Depuis qu'ils ont perdu un des leurs, Nilesh (photo), 26 ans, dans un accident le 13 août. Ils sont encore dans le flou quant aux circonstances exactes de ce drame mais souhaitent d’abord panser un peu leur plaie béante avant de se pencher dessus. Ils attendent la fin des rites funéraires pour se tourner vers la police afin d'avoir des réponses à leurs nombreuses interrogations.
Le soir fatidique, soit le dimanche 13 août, Nilesh et d’autres membres de sa famille «ti ena enn program» chez un oncle qui habite dans la même ruelle. Vers 21h20, le jeune homme a informé son frère aîné Keshav qu'il rentrait à la maison. Ce dernier lui a alors rétorqué qu’il allait en faire de même dans 10 minutes. «Nou mem pa kone kiler linn sorti. Nounn gagn nouvel aksidan par ser sofer loto-la. Ziska ler nou pa kone kot sa mo frer ti pe ale sa swar-la. Nou pa ti kone mem ki li ti dan sa loto-la», précise Keshav.
Le lieu de l’accident se trouve à 10 minutes de route de leur village, dit-il, sur la route principale non loin du Domaine l’Etoile. Selon la police, le conducteur de la voiture, un jeune homme de 20 ans habitant lui aussi Sébastopol, a fait une sortie de route après avoir perdu le contrôle de son véhicule. La Mazda a alors heurté un tronc et a subi de lourds dégâts. Un autre jeune homme de 17 ans était aussi dans la voiture. Son pronostic vital ainsi que celui du conducteur ne sont pas engagés. Ce dernier avait été placé en détention au Moka Detention Centre. Il a dû fournir une caution pour retrouver la liberté. Il fait l’objet d’une accusation provisoire d’homicide involontaire.
Grièvement blessé, Nilesh a, lui, reçu les premiers soins à l’hôpital de Flacq avant d'être admis à l’unité des soins intensifs de cet établissement où il a poussé son dernier soupir le lendemain, vers 18h30. Le rapport d’autopsie indique qu’il a succombé à un «shock due to injuries to chest and abdomen».
Ses funérailles ont eu lieu le 15 août. Les membres de sa famille sont complètement abasourdis depuis ce terrible malheur. Nilesh, le cadet, était très apprécié car il avait plusieurs cordes à son arc. Il travaillait comme Payroll Agent dans une compagnie engagée dans l’offshore. Il était également chanteur et son style de prédilection était le rap. Il projetait de sortir un album de quatre titres bientôt. «Il venait d’upload un premier titre sur TikTok et YouTube. Son nom de scène était Brandon KR. Sa chanson, intitulée Sufferin, est basée sur son vécu», explique Keshav.
Il faisait également du deejaying à temps-partiel, en plus d'être un passionné de tatouages et de bricolage. «Li ti ousi kontan fer la pintir. Li ena plin desin dan so lasam», souligne Keshav. Le jeune homme venait aussi d’avoir une copine et avait déjà signifié à son entourage son intention de se fiancer bientôt. Le lundi 14 août, Nilesh avait rendez-vous en studio pour enregistrer deux titres ; un en anglais et un en créole. Mais le destin en a voulu autrement. Ses funérailles, elles, ont eu lieu le jour même où il devait tourner un clip pour l'une de ses chansons.
Un accident fait deux morts à Pointe-aux-Piments
Le village de Solitude est particulièrement animé en cet après-midi du 16 août. Mais ce n'est pas pour une raison joyeuse, au contraire, cette agitation est due à un bien triste événement. Un jeune de la région, Damien Bucktowar (photo), est décédé dans un accident la veille, plongeant sa famille et son village dans le chagrin. D'ailleurs, la ruelle qui mène au domicile des Bucktowar est fermée à la circulation ce jour-là car ils finalisent les préparatifs pour la veillée mortuaire. Mais déjà, une bonne foule est présente sur les lieux pour rendre hommage à ce jeune soudeur de 25 ans, qui a perdu la vie tragiquement, la veille, quand sa moto et un autre deux-roues – piloté par un homme de 40 ans, habitant Morcellement St-André – sont entrés en collision à Camp Dahlia, Pointe-aux-Piments. Les deux motocyclistes sont décédés de «cranio cerebral injuries».
Depuis, Aurélie, la compagne de Damien, s’est murée dans le silence. Difficile pour cette jeune femme de 21 ans de digérer ce deuxième terrible coup du sort en l'espace de peu de temps. Il y a deux mois, elle a mis au monde une fille mort-née à sept mois de grossesse. «Zordi fer de mwa zot tibaba inn mor. Li bien dir pou li ek pou nou ousi», confie Aurélie, sa belle-sœur. Celle-ci n’a que des mots élogieux pour son frère aîné qui était, dit-elle, un passionné de musique : «Li ti enn bon dimounn. Zot tou ti bien apresie li isi dan landrwa. Li ti touzour reponn prezan kan ti bizin li.»
Damien allait récupérer sa compagne chez des proches vers 22h30 lorsque l’impensable s’est produit. «Aksidan-la inn arive zour fet La Vierz. Li ti lakaz mem. Apre linn sorti pou al depoz nou kouzinn Sylviette ki res Pointe-aux-Piments mem avan li al sers so madam. Lerla mem ki aksidan-la inn arive. Mo frer ti pe tourne kan lot motosiklet-la inn tap ar li. Aksidan-la inn arive pa tro lwin ek lakaz mo kouzinn», explique Aurélie. Sylviette n'a pas tardé à arriver sur les lieux : «Li ti ankor vivan kan monn ariv laba. Linn get dan mo direksion. Linn rod koze me li pa ti pe kapav. Bann la polis Triolet ti deza lor spot. Lambilans inn vini bien apre. Zot inn pran lot misie la ek kit Damien anplas. Linn res lor koltar pandan plis ki enn er tan. Bann dimounn inn koumans sofe akoz sa. Bann dimounn dan landrwa mem kinn fer markaz ek lakre.» Selon la police, il y avait une foule hostile d’au moins 300 personnes.
Un constable présent sur place a été agressé par des inconnus. Un de ses assaillants lui a volé sa torche fluorescente avant de prendre la fuite. Selon un communiqué de la police, le personnel du Samu a constaté le décès de Damien Bucktowar en arrivant sur place vers 23 heures. L’autre motocycliste a, quant à lui, été transporté vers l’hôpital de Pamplemousses où son décès a également été constaté à son arrivée sur place. Il serait mort dans l'ambulance.
Le soleil prépare sa descente vers l’Ouest en ce mercredi 16 août. Mais pour Nistita et sa famille, il fait nuit depuis la veille. Depuis qu'un des leurs a été arraché à la vie brutalement. D'ailleurs, en cette fin de journée, ils attendent l’arrivée des hommes de la famille qui se sont rendus au crématoire pour l’incinération de Kamlesh Dulloo (photo). Sa dépouille avait quitté son domicile, à Morcellement St-André, à 16 heures. Ce peintre de 40 ans est l'une des deux victimes de l’accident impliquant deux motos à Camp Dahlia, Pointe-aux-Piments, dans la soirée du 15 août. Le quadragénaire allait récupérer son épouse Reshmee – qui venait de terminer son service dans un hôtel de la région – lorsque le drame s’est produit.
C’est par un policier que les Dulloo ont appris que la moto de Kamlesh était entrée en collision avec un autre deux-roues et qu'il était grièvement blessé. «Mo belser inn fini travay 22 zer. Li ti pe telefonn mo frer me li pa ti pe gagn li. Monn telefonn li plizier fwa mwa ousi me li pa ti pe pran. Enn la polis inn pran mo call dernier ler ek dir mwa ki mo frer inn fer aksidan. Nou pa ti ankor kone ki li ti fini desede sa moman-la. Se kan mo belser inn rant lopital ki linn gagn move nouvel-la», se souvient Nistita, âgée de 29 ans. Plus tard, un policier les a rappelés pour leur dire que Kamlesh était dédédé. Le rapport d’autopsie indique que les deux motocyclistes ont succombé à des «cranio cerebral injuries».
«Premye kou, la polis ti dir nou ki lot misie la ti mor sir le kou. Plitar, mo frer ousi inn mor dan lambilans ki ti pe amenn li lopital», regrette Nistita. Elle ajoute : «Nou anvi konn sirkonstans sa aksidan-la.» Les Dulloo sont terriblement affectés par ce drame. «Nou tou dan sok. Nou a kat zanfan. Kamlesh ti sel garson. Lamor mo frer bien dir pou aksepte. Nou tou pe res pans li mem», confie notre interlocutrice. Kamlesh, qui a un fils de 7 ans avec Reshmee, voulait plus que tout terminer la construction de sa maison. Un rêve qu'il ne pourra jamais réaliser.
Publicité