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Par Yvonne Stephen
30 août 2014 15:32
Destination ailleurs. Là où vous n’imaginerez jamais aller. Là où vous vous sentirez presque comme à la maison. Savez-vous où se trouvent les îles Samoa ? Avez-vous déjà rêvé d’y poser vos valises pour les remplir d’images et de sensations ? Pas forcément. D’ailleurs, si les regards n’étaient pas braqués sur cette petite île, qui accueille actuellement la conférence des Small Island Developing States (SIDS), vous n’en auriez peut-être jamais entendu parler. À 30 heures et des poussières de nuage de vol de Maurice, ce bout de terre se trouve non loin de la Nouvelle-Zélande. En ce moment, Fabiani Balisson, Yannick Cornet et Zaheer Allam s’y trouvent afin de partager des informations et d’y trouver des solutions pour mettre en place une véritable politique énergétique verte dans notre île.
Ces trois jeunes font partie de la Plateforme citoyenne (PC) qui milite contre les centrales à charbon et pour le respect du concept Maurice île Durable. Ils rêvaient de participer à cette conférence dont les rencontres officielles se tiendront du 1er au 4 septembre à Samoa. Et ils y sont grâce à la générosité des Mauriciens. Ils avaient fait un appel au gouvernement afin de pouvoir se rendre à la conférence dans la délégation mauricienne, mais avaient essuyé un refus. Sans raison. Cet événement regroupe les pays qui font face aux mêmes défis que soulèvent le changement et le réchauffement climatiques. Pour l’instant, ils n’assistent qu’aux ateliers pré-conférence et profitent donc des moments libres pour découvrir cette île.
Et dès les premières minutes sur le sol de cette terre inconnue, ils se sont sentis un peu comme à Maurice. Rassurant : «Le trajet de l’aéroport jusqu’au centre-ville d’Apia, la capitale, se fait par la route côtière qui ressemble, à s’y méprendre, à la côte est de Maurice», confie Fabiani Balisson. L’effervescence autour de la conférence n’a pas échappé au trio : «Tout le monde s’active pour décorer les villages avec des oriflammes et peindre des messages de bienvenue, “Talofa”, pour accueillir les participants au sommet des Petits États Insulaires en Développement.»
Les Samoans, explique le militant écolo, sont très concernés par ce rendez-vous important qui sert à mettre en place des stratégies écologiques pour assurer l’avenir des îles comme Maurice, très touchées par le réchauffement climatique et la montée des eaux : «Ils y voient des opportunités et entretiennent l’espoir de trouver des solutions aux problèmes auxquels ils font face de par leurs spécificités géographique, topologique, économique, sociale et culturelle.»
Aimer sa terre, le monde et l’environnement, c’est aussi s’ouvrir à d’autres cultures. Zaheer, Yannick et Fabiani n’ont donc pas hésité à aller à la découverte de ce peuple inconnu, à comprendre leurs spécificités et leur fonctionnement : «La vie quotidienne dans les villages a gardé son cachet traditionnel et se déroule autour du Fale Tele, la maison traditionnelle, qui ressemble à un préau. Les autres cases se placent tout autour. C’est le lieu de rassemblement de tous les membres de la famille élargie.» Une rencontre avec l’autre…
Un partage également, car la plupart des Samoans ne connaissent pas notre île: «Tout comme beaucoup de Mauriciens ne sauraient placer les îles Samoa sur une carte, les Samoans en général n’ont aucune idée où se trouve notre île.» Du coup, cette méconnaissance peut provoquer des situations cocasses : «Pour la petite anecdote, les Samoans prennent les Mauriciens d’origine asiatique pour des Fidjiens.» Néanmoins, certains savent que dans l’océan Indien se trouve un pays pas très différent du leur : «Eux, nous rappellent que la deuxième conférence s’est tenue à Maurice en 2005. Certains connaissent même des parents ou des connaissances qui avaient fait le déplacement pour représenter les îles Samoa.» D’une île à une autre, les liens se tissent facilement.
L’ailleurs est loin, mais tellement proche en même temps.
C’est où ?
Les îles Samoa se trouvent dans le sud de l’océan Pacifique, à mi-chemin entre Hawaii et la Nouvelle-Zélande. Quatre îles principales sont habitées alors que six îlots ne le sont pas. Cette partie de l’archipel est un État à part entière et constitue la partie occidentale des îles Samoa, la partie orientale étant sous administration américaine. La langue la plus parlée est le samoan. Et malgré les influences européennes et américaines, les coutumes, d’origines indonésiennes, sont toujours en vigueur. Apia est la capitale et sa population est de 33 000 habitants (en 1995). 50 % de la population des îles Samoa habite ou travaille à l’étranger. Les Samoans sont à 99,7 % des chrétiens.
Fabiani Balisson fait le point sur la conférence des Small Island Developing States (SIDS).
Le travail a-t-il déjà commencé ?
Les pré-conférences ont débuté jeudi et ont pris fin, vendredi. Les sessions plénières débutent le 1er septembre et prendront fin le 4 septembre avec l’adoption du Samoa Pathway qui fera suite au Barbados Programme of Action et au Mauritius Strategy. Le ministre des Affaires étrangères, Arvin Boolell, représentera le Premier ministre à ce sommet.
Vous représentez Maurice, sans être au sein de la délégation officielle. Sera-t-il possible de faire part de vos points de vue ?
Nous espérons pouvoir faire entendre notre voix par l’entremise d’un des membres de la Plateforme citoyenne, Zaheer Allam, qui interviendra lors du Multi-stakeholder Partnership Dialogue – Sustainable Energies, à titre de conférencier invité.
Yannick et moi siégeons au sein du comité d’organisation et sur le comité de rédaction du Major Group and other Stakeholders Forum. Nous espérons, de ce fait, pouvoir contribuer de façon positive aux recommandations
qui seront proposées
par ce forum.
Qu’attendez-vous de la tenue de ce sommet ?
Nous espérons que les engagements qui seront pris par les différentes parties prenantes ne resteront pas que des promesses et des intentions. Nous souhaitons le déploiement de toutes les ressources nécessaires afin de donner une chance de réussite aux petits États insulaires à la hauteur de leurs ambitions et de leurs potentiels, tout en les protégeant des dangers du changement climatique. Nous souhaitons aussi l’inclusion et la consultation de la société civile quand il s’agit de prendre des décisions susceptibles de bouleverser la société.
Pour finir, ce sommet nous a aussi permis d’élargir notre réseau afin de favoriser le dialogue avec des pays aux mêmes spécificités que les nôtres et d’établir le dialogue avec les différentes agences des Nations unies.
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