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Par Elodie Dalloo
14 mars 2023 04:01
La perte d’un enfant est l’un des deuils les plus difficiles à faire dans la vie d’un être humain ; c’est presque contre-nature. Avec le temps, cette peine pourra, certes, sembler moins vive, mais elle laissera toujours des traces importantes. Elisa Lebrasse, 30 ans, ne dira pas le contraire, car le 19 juillet 2020, son nourrisson est décédé subitement d’un oedème pulmonaire aigu ; une mort dont elle n’est certainement pas responsable mais qu’elle continue, à ce jour, à porter. «J’en pleure encore tous les soirs. Je ne cesse de me dire que j’ai veillé sur cet enfant aussi bien que je l’ai fait pour mes trois autres fils avant lui mais je ne comprends pas comment et pourquoi je l’ai perdu.»
Le petit Beau Bryan Elias Kyler n’avait que 2 mois lorsqu’il a rejoint les anges. Le jour fatidique, la jeune maman lui avait fait faire son rot après avoir allaité, puis l’a couché à côté d’elle avant de s’assoupir. «Enn zafer ti pe dir mwa pa dormi. Dan aswar, mo frer ek mo ser ti pe donn mwa enn koudme, me mo ti dir zot ki mo pa fatige, ki mo pou kapav okip li.» C’est son compagnon qui s’est aperçu, plus tard, que le petit garçon ne respirait plus. Le couple s’est aussitôt rendu à l’hôpital le plus proche où le personnel n’a pu que constater le décès du nourrisson. Selon les médecins, ce dernier avait des problèmes respiratoires ; un problème de santé qui n’avait jamais été décelé par ses médecins traitants, dit la mère.
Bien que les années ont passé, poursuit-elle, «la douleur est toujours la même. J’ai simplement appris à vivre avec. C’est une souffrance qui m’accompagnera jusqu’à la tombe». Même si l’an dernier, la venue au monde de sa petite Heaven a fait son bonheur, rien au monde, dit-elle, «ne pourra remplacer l’enfant que j’ai perdu. À chaque fois que ma fille franchit une nouvelle étape – quand elle a fait ses premiers pas, ses premières dents –, je me dis que ce sont des moments que je n’ai pas pu vivre avec mon fils». Ce qui est d’autant plus dur pour elle, c’est de vivre tout cela en se sentant parfois bien seule : «Mes proches voient ma souffrance mais ils évitent de revenir sur ce moment difficile de ma vie pour ne pas me faire davantage de peine. Je me retrouve souvent seule, sans personne à qui parler de cette douleur, sans pouvoir l’extérioriser.» Le poids de cette souffrance aurait, d’ailleurs, eu beaucoup d’impact sur sa relation avec son compagnon.
Pendant longtemps, dit Elisa Lebrasse, «je n’ai cessé de me remettre en question. J’ai reproché à ma mère de m’avoir mise au monde pour que je souffre de la sorte, j’ai eu les idées noires». Cependant, après avoir suivi les conseils d’une connaissance, elle s’est réfugiée dans la prière : «C’est ma foi qui m’a permis de tenir le coup, de voir les signes que m’envoie mon petit Beau de l’au-delà et de rester forte pour survivre. Je considère aujourd’hui le fils que j’ai perdu comme mon ange gardien ; je sais qu’il me guide, me protège de là où il est.» Même si elle ne peut plus le tenir dans ses bras, elle se dit «qu’il est juste égaré, loin de mes yeux et je prie pour qu’il aille bien, peu importe où il se trouve». Cette foi lui a aussi donné suffisamment de force pour briller à nouveau dans sa vie professionnelle, alors qu’à un certain moment, elle avait à peine le courage de sortir du lit ou de se nourrir.
Son message pour celles et ceux qui passent par pareille épreuve est le suivant : «Restez forts, ne vous laissez pas abattre. Les pensées négatives vous inonderont l’esprit mais elles ne dureront pas. Ne vous blâmez pas pour des choses sur lesquelles vous n’avez aucun contrôle et, surtout, gardez la foi. L’enfant que vous avez perdu sera votre ange gardien ; il vous permettra de tout affronter dans la vie et veillera toujours sur vous.»
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