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11 avril 2016 02:44
Lacité Père-Laval, à Quatre-Bornes, grouille de monde en ce samedi matin. Mais avenue Guy-Rozemont, le temps semble s’être arrêté. La présence d’un policier et la grosse bande jaune et noire portant l’inscription «Police» rappellent sans cesse aux habitants de ce quartier très fréquenté de Quatre-Bornes qu’un terrible drame s’est produit la veille au domicile de la famille Pajaniandy.
Il est 16h30, le vendredi 8 avril, lorsque le personnel du poste de police de cette localité reçoit une requête urgente. Quelques minutes plus tôt, Vassu Pajaniandy a retrouvé sa mère Soopamah, âgée de 80 ans, gisant sans vie dans un coin de sa maison. Lorsque les policiers débarquent sur place, ils découvrent la vieille dame face contre terre dans sa salle à manger, avec des blessures à la tête. L’octogénaire est également ligotée et bâillonnée avec un vêtement.
Les deux chambres de la maison sont sens dessus dessous et tout laisse croire qu’il s’agit d’un cambriolage qui a mal tourné. Peu après, la police sécurise la maison et la dépouille de Soopamah Pajaniandy, née Chinarassen et plus connue sous le nom de Pakion, est emmenée à la morgue de l’hôpital Candos pour autopsie. Celle-ci, pratiquée hier matin, a attribué le décès à une asphyxie. Selon le rapport préliminaire de cet exercice, Soopamah Pajaniandy a été battue à mort vers 13 heures.
Vassu est présent dans l’enceinte de l’hôpital, avec d’autres proches, au moment où l’autopsie prend fin. Quand un policier lui fait part des résultats, l’homme laisse éclater sa colère : «Ma mère a connu une fin atroce. On lui a donné un violent coup de poing au visage. On lui a également fracassé la tête contre le sol avant de la bâillonner. Comment peut-on faire du mal ainsi à une dame de 80 ans, qui en plus est de petite taille ? L’assassin de ma mère mérite une lourde peine.»
Cela faisait 35 ans que Soopamah Pajaniandy vivait seule dans sa maison de l’avenue Guy-Rozemont. Elle avait perdu son époux Vela il y a 40 ans et était maman d’un fils et de quatre filles dont l’une vit à La Réunion, précise Vassu. Cet électricien explique que c’est la troisième fois que sa mère est victime de cambrioleurs. Lors du premier cambriolage, on avait fait main basse sur des bijoux fantaisies. La deuxième fois, on lui avait volé plus de Rs 20 000 en devises étrangères.
Le jour du drame, Soopamah Pajaniandy s’était réveillée très tôt pour faire sa prière matinale et prendre son petit déjeuner. Peu après, son fils qui habite tout près lui a rendu visite, comme tous les jours vers 8 heures, pour lui apporter du pain avant d’aller travailler. «Elle m’avait invité à boire un café mais j’ai refusé car j’étais en retard. C’est par une cousine que j’ai appris qu’il s’était passé quelque chose chez ma maman.»
Vassu se précipite alors au domicile de sa mère et découvre que la porte d’entrée est grande ouverte. «La première chose que j’ai fait, c’est appeler ma mère, en vain. J’ai alors foncé vers sa chambre en passant par le salon et la salle à manger. C’est alors que je l’ai trouvé dans un coin de la salle à manger. Elle était par terre.»
Croyant qu’elle s’est simplement évanouie, il se met à quatre pattes pour voir si elle respire toujours. Le constat est terrible. La vieille dame a déjà rendu l’âme. «So lekor ti ankor so selma», souligne Vassu qui a ensuite appelé la police. Cet homme de 57 ans peine toujours à croire que sa mère n’est plus de ce monde : «Mo mama zame pann fer personn dimal. Bon dimoun kouma li pa pou gagne ankor sa.»
Patrick, un voisin, confirme les dires de Vassu : «C’était une dame sans histoires qui menait sa vie tranquillement. Je l’ai vue vendredi matin vers 9h30 alors que je revenais du supermarché. Elle avait acheté des chouchous qu’elle allait déposer chez un proche. C’est la première fois que nous avons ce genre de problème dans notre cité.»
Les habitants de la cité Père-Laval sont révoltés après cet assassinat. «Dimoun site deza stigmatize, aster zot pe vinn touy vye dimoun pou kokin. Seki finn arive byen grav», s’insurge une dame, visiblement très irritée par ce drame. Comme elle, plusieurs habitants de la cité ont tenu à venir soutenir Vassu et les siens dans cette dure épreuve.
Dans son quartier, Soopamah était aussi connue comme une personne très pieuse et active sur le plan social au sein de la Golden Eagles Senior Citizens Association, présidée par Siven Pathin. Ce dernier se dit d’ailleurs très attristé par cette tragédie. Soopamah Pajaniandy, qui fréquentait cette association depuis plus de 20 ans, avait «le cœur sur la main», dit-il. Le groupe devait faire un séjour à l’hôtel le week-end prochain. «Ma mèrene ratait jamais les sorties avec son groupe de personnes du troisième âge. Elle se rendait aussi au kovildu coin tous les jours», dit Vassu. Il est sûr d’une chose : «La personne qui l’a tuée devait connaître ses habitudes. Le malfrat est entré dans la maison à une heure où, après avoir mangé, elle se reposait un peu.»
Une source policière confirme qu’il n’y a pas eu d’effraction dans la demeure de Soopamah Pajaniandy. Les enquêteurs explorent toutes les pistes possibles. Les funérailles de l’octogénaire auront lieu cet après-midi vers 14h30. Elle sera ensuite inhumée au cimetière de Saint-Martin à Mont-Roches. Les Pajaniandy comptent sur la police pour élucider cette affaire au plus vite afin que justice soit rendue à la vieille dame qu’ils aimaient tant et que son meurtrier paie pour cet acte horrible.
Le meurtrier de Soopamah Pajaniandy a laissé une empreinte sur les lieux du drame. À l’heure où nous mettions sous presse hier, les enquêteurs de la Major Crime Investigation Team étudiaient la base de données de la police pour voir si la personne à qui appartient cette empreinte est déjà fichée. Selon les premières indications de l’enquête policière, l’assassinat de Soopamah Pajaniandy serait le résultat d’un vol qui a mal tourné. Ce serait également l’œuvre d’une seule personne. Cette dernière aurait paniqué à un certain moment et n’a pas pris les boucles d’oreille et le bracelet que la victime portait sur elle. La police pense aussi que le meurtrier est quelqu’un de la région qui savait qu’il pouvait agir en toute impunité car les rues de la cité Père-Laval étaient pratiquement désertes en cet après midi de jour férié. En général, l’avenue Guy-Rozemont est très fréquentée car d’un côté, il y a des maisons, et de l’autre, un terrain de foot et un centre municipal. Mais personne n’a rien remarqué d’anormal ce jour-là.
La police se retrouve avec deux affaires presque similaires. Le 8 janvier dernier, Soopamah Ramasawmy, née Vydalingum, fêtait ses 61 ans. Un mois et quelques jours plus tard, le 14 février, la police retrouvait son cadavre calciné sous un matelas dans sa chambre. Il est 7h10 en ce dimanche matin lorsque des policiers du poste de Rose-Belle et des pompiers débarquent à Chandra Lane suite à une requête sur le 999. Sur place, les policiers et les pompiers font face à un incendie. Après l’avoir circonscrit, les pompiers entrent dans la maison où ils découvrent le cadavre calciné de Soopamah Ramasawmy. Les premiers éléments recueillis sur les lieux indiquent que cette femme a été victime d’un cambriolage qui a mal tourné. Sa maison était sens dessus dessous. Les tiroirs étaient ouverts et les vitres brisées. La police a interpellé deux suspects avant de les autoriser à rentrer chez eux. Ce crime n’a toujours pas été élucidé.
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