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22 septembre 2015 17:41
Le bonheur n’est plus dans la mer. Du moins, pour les pêcheurs de Souillac. En ce mercredi après-midi, l’eau marron qui se déverse dans la mer au port du Batelage constitue une scène choquante. Les détritus n’arrangent en rien les choses. Il n’a plu que quelques heures dans l’après-midi du dimanche précédent. Pourtant, le flux de boue accompagné d’ordures est toujours impressionnant. Guitto Bonnapen, 47 ans, et ses compères Jean-Noël Chevathian, 45 ans, et Thibault Roméo, 63 ans, n’en peuvent plus de cette situation qui s’aggrave au fil du temps. Ils s’insurgent encore une fois contre tous ceux qui font la sourde oreille face à leurs nombreux appels de détresse.
«La passe va se rétrécir davantage avec cette masse importante de boue et d’ordures. Le problème d’érosion et les eaux provenant du drain de la Lady Barkly Street et des rues avoisinantes empirent davantage la situation», souligne Guitto, pêcheur et président de l’Association des Pêcheurs professionnels du Sud. Chaque année, ses collègues et lui-même attirent l’attention des autorités sur ce problème précis, mais rien n’a été fait jusqu’ici pour remédier à la situation. Suite à une rencontre qu’ils avaient eue avec le ministre de la Pêche, Prem Coonjoo, en janvier, des officiers dudit ministère avaient fait un site visit, mais les choses n’ont pas bougé.
«Ki zot pe atann pu fer kitsoz pu nu ? Bato bizin vire ek dimun mor pu zot fer kitsoz pu nu la passe ?» se demande Thibault. Selon ce loup de mer, les seuls travaux pour agrandir la passe ont eu lieu au début des années 80. Et depuis, il y a eu beaucoup de changement. «Avant, nous étions une dizaine de pêcheurs professionnels. Aujourd’hui, nous sommes 80. Notre village a connu un boom résidentiel. Des morcellements ont poussé au détriment de l’écologie. Toute l’eau usée se déverse dans la mer. Des poissons comme le maquereau, le line ou le millet ont disparu ainsi que les algues utilisées comme appât. Concernant les mollusques, on ne trouve que des coquilles vides. Cette situation n’a que trop duré», regrette Jean-Noël.
La liste des tribulations de Guitto et de ses amis est encore longue. «Nous évitons tous de sortir en mer le soir pour éviter le naufrage de nos embarcations, car lorsque la marée est basse, nos moteurs touchent pratiquement le fond. La météo n’arrange pas les choses. Donc, nous ne sortons que six à huit mois par an. En plus, dans le Sud, la mer est toujours houleuse et il faut en tenir compte», explique Guitto. Pour lui, il n’y a pas 36 solutions : «Notre demande est très simple. Il faut élargir la passe en fouillant sur 30 mètres de long et trois mètres de profondeur, car il y a trop de boue et de pierres qui obstruent la passe. Les autorités doivent également trouver une solution pour les eaux usées qui se déversent directement dans la mer.»
Ses amis pêcheurs et lui espèrent qu’une solution sera bientôt trouvée à leur problème. D’autant que Maneesh Gobin, député de la localité, a promis de les aider : «Cette situation est inquiétante. J’ai déjà rencontré le secrétaire permanent du ministère de la Pêche, M. Utchanah, à cet effet, le jeudi 17 septembre. Ce dernier m’a fait comprendre qu’il va dépêcher un ingénieur de son ministère sur place dans les jours à venir pour un état des lieux. Cet exercice se fera en collaboration avec les pêcheurs de la localité.»
Voilà qui apporte une lueur d’espoir dans la vie de ces nombreux pêcheurs ainsi que des membres de leurs familles respectives. Ils espèrent de tout coeur que les choses vont s’arranger et qu’ils pourront faire sereinement leur travail de pêcheur.
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