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Soupçons de meurtre après le décès de Gaël Thomas, 22 ans : son père Gaëtan, anéanti : «Je perds un deuxième fils en moins d'un an»

20 décembre 2023

Gaëtan ne se remet pas de la perte d’un autre fils en si peu de temps.

Avec la période festive approchant à grands pas, bon nombre de personnes se réjouissent à l’idée de se retrouver, d’échanger des cadeaux, ou encore de partager un repas copieux avec ceux qui sont chers à leur coeur. Pour les Thomas, néanmoins, cette époque est plus que jamais synonyme de tristesse et de deuil. L’an dernier, en marge de ces instants de bonheur tant attendus, les membres de cette famille ont vécu un moment pénible et affligeant. Le 21 décembre 2022, l’un des leurs, Jérôme, est subitement tombé malade et a poussé son dernier soupir à l’âge de 43 ans ; un événement douloureux qui n’a fait qu’assombrir leurs célébrations de fin d’année.

 

À quelques jours du premier anniversaire du décès de son frère aîné, Gaël, le benjamin de la famille, âgé de 22 ans, mettait déjà tout en oeuvre pour redonner le sourire à ses proches. «Li ti fini dir nou li pou aste sapin li pou mete ek li ti anvi ki nou tou al pass lane kot nou ser Sandrine», relate sa soeur Christelle. Très affecté par la mort inattendue de Jérôme l’an dernier, le jeune homme s’était davantage rapproché des membres de sa famille et était devenu leur pilier dans ces moments difficiles. Néanmoins, ces derniers étaient loin de se douter que celui qu’ils considéraient comme leur rayon de soleil après cette douloureuse épreuve allait les quitter de manière cruelle et tragique durant la même période. Grièvement blessé sur son lieu de travail le 1er décembre, il a rendu l’âme au bout de deux jours d’hospitalisation seulement. «Je perds un deuxième fils en moins d’un an. Je ne souhaite une telle épreuve à personne», lâche Gaëtan, son père, anéanti.

 

Natacha, la soeur aînée, se souvient encore de ce terrible coup de fil reçu en début de soirée le 1er décembre. «Patron mo frer ti sonn nou pou dir nou al get li lopital parski li ti blese dan travay», se remémore-t-elle douloureusement. En arrivant à l’hôpital Victoria, à Candos, elle était loin de se douter de la gravité de l’état de son petit frère. Ceux qui étaient en compagnie du jeune homme au moment des faits lui avaient appris qu’il avait subi une blessure à la tête en tombant d’un camion pendant qu’il le chargeait avec de la ferraille à Stanley. «Je m’étais dit qu’il avait sûrement subi de légères blessures jusqu’au moment où j’ai vu les infirmiers le conduire au département des soins intensifs sur une civière. Les médecins lui avaient bandé la tête et les yeux. Il avait aussi le visage complètement boursouflé et des bleus un peu partout. Mon frère était inconscient et a dû être placé sous respiration artificielle. Vu son état, je m’attendais déjà au pire.» Au bout de seulement deux jours d’hospitalisation, Gaël a poussé son dernier souffle sans avoir jamais pu raconter ce qui lui était arrivé.

 

Au départ, la police a traité cette affaire comme une chute fatale. Cependant, l’autopsie pratiquée par le Maxwell Monvoisin, chef du département médicolégal de la police, a orienté l’enquête vers la thèse d’un acte criminel. Pour cause, la victime a, certes, succombé à des cranio cerebral injuries mais plusieurs fractures ont aussi été décelées sur différentes parties de son corps ; des blessures qui, selon les enquêteurs, n’auraient pas pu être causées par une banale chute. Bien vite, les limiers de la Major Crime Investigation Team (MCIT), qui se sont saisis de l’affaire, ont enchaîné les interpellations et arrestations. Le premier individu soupçonné, un helper de 37 ans domicilié à Camp-Levieux, a été appréhendé le 8 décembre. La police le soupçonne d’avoir menti aux enquêteurs pour couvrir ses patrons. Le lendemain, la police a passé les menottes à la patronne de la victime, âgée de 38 ans. Puis, le 12 décembre, deux proches de cette dernière – une femme de 38 ans et un homme de 43 ans – ont été arrêtés. Le helper fait l’objet d’une accusation provisoire de conspiracy to pervert the course of justice tandis que les trois autres ont été inculpés de meurtre. À ce stade de l’enquête, ils nient tous les faits qui leur sont reprochés et insistent sur la thèse de la chute.

 

«Âme d'enfant»

 

Alors que l’enquête policière continue de suivre son cours pour faire la lumière sur les circonstances ayant conduit au décès du jeune homme, les membres de sa famille, aussi chagrinés que révoltés, sont toujours submergés de questions. «Nous ne comprenons pas pour quelle raison ils auraient fait du mal à Gaël car ils l’ont toujours beaucoup apprécié», lâchent Christelle et Natasha. Elles racontent que le jeune homme travaillait pour cette famille depuis environ deux ans. «Sak fwa, banla ti pe dir zot bien kontan li, ki zame zot pou less personn touss li. Dan lazourne, nou frer ti pe travay lor kamion feray pou zot ek aswar, li ti pe fer gardien pou zot lakaz. Zot ti pe fer li konfians.» Elles reconnaissent, toutefois, que «depuis environ trois mois, le comportement de ses employeurs vis-à-vis de lui avait beaucoup changé. Li ti pe plegne, ti pe dir ki banla pe maltret li, pe vinn agresif ek li. Si zot ti ena kit problem ek li, zot ti bizin met li deor. Zot pa ti bizin touy li». Elles avancent que leur petit frère songeait à quitter ce travail juste après avoir touché son boni de fin d’année et espérait trouver un autre emploi l’an prochain. Malheureusement, il n’a pas été en mesure de concrétiser ses projets.

 

Les proches de Gaël le décrivent comme un jeune homme «gentil, sympathique et très réservé. Lorsqu’il ne travaillait pas, il ne faisait que passer du temps avec sa famille». Sa soeur Natasha raconte avec tendresse et nostalgie : «Il était incapable de faire du mal à une mouche; il avait gardé son âme d’enfant. Li ti ankor pe get tikomik kan li sorti travay. Nou mama ti touzour pe dezos so poul avan li manze ek tir so pikan dan so pwason. Mo ti pe plis konsider li kouma mo zanfan ki kouma mo ti frer. Enn dimoun kouma li zame ti pou al rod lager ek kikenn.»


Il avait aussi le coeur sur la main, dit encore Natasha : «Il cumulait plusieurs boulots pour venir en aide à nos parents; il se sentait responsable d’eux après la mort de notre frère et était le seul à toujours vivre sous leur toit.» S’il n’avait jamais fait part à sa famille de ses projets d’avenir, sa mère Françoise et son père Gaëtan lui répétaient souvent qu’il devait songer à fonder une famille : «Nou ti pe dir li ki li bizin rod enn madam li marye parski nou pa ti pou touzour la ek li.» Ils poursuivent, amers : «C’était plus facile pour nous d’accepter la mort de son frère, l’an dernier, car il était malade. Me la li pa fasil aksepte enn lamor koumsa. Se enn blesir ki zame pou geri.»

 

Les funérailles de Gaël ont eu lieu le 5 décembre. Il a rejoint sa dernière demeure en laissant derrière lui des parents et trois soeurs qui s’apprêtent à passer, une nouvelle fois, la période festive dans le chagrin et le deuil. 

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