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Squatters : entre colère, inquiétude et appel à l’aide

8 juin 2020

Clarel et Melody appellent à la compassion des autorités concernées.

Avoir un logement décent. C’est tout ce qu’espèrent les squatters de Pointe-aux-Sables, Riambel et Cité Malherbes. «Isi, Malherbes, pa ankor kraze. Mais c’est stressant de vivre dans l’incertitude et la peur. Nous voulons simplement un coin où vivre. Pour l’heure, nous sommes toujours dans l’attente d’une décision pour savoir ce qui nous arrivera mais les démarches auprès des Citizen Advice Bureaus se font attendre», confie Clarel Thebeau qui a construit sa maison sur un terrain de l’État à Cité Tôle, Malherbes.

 

Du côté de Riambel et Pointe-aux-Sables, la réalité est toute autre. Marie Rose Randamy, surnommée Melody par son entourage, s’insurge face au traitement accordé aux squatters de Riambel. «Comment des êtres humains, comme nous, peuvent-ils agir de la sorte ? Quand j’ai vu ces maisons être détruites, j’ai senti une grande colère mais encore plus quand les officiers de la SMF s’en sont pris à mon potager. Tout cet espace était un dépotoir et ce sont les squatters eux-mêmes qui ont tout nettoyé pour y vivre. Kan zordi tou prop lerla minis vinn rod terin !»  s’indigne notre interlocutrice.

 

Cette dernière, très engagée dans le social, ne cache pas son amertume face à la manière de faire du gouvernement. «Mon potager, c’est mon gagne-pain depuis plus de dix ans. D’ailleurs, par le passé, j’avais déjà fait une application pour avoir ce lopin de terre à bail mais je n’ai pas eu de retour. Dès lundi, je retournerai faire mes démarches et c’est faux de dire que j’ai eu 10 arpents de terre car ce que j’ai, c’est moins, et j’ai payé jusqu’à 2060 pour pouvoir rester. C’est malheureux de traiter les gens de cette façon. Aujourd’hui, des familles entières dorment sous des tentes. C’est inhumain !»

 

Didier Bégué, qui s’est retrouvé à la rue avec sa famille il y a une semaine, abonde dans son sens. Ce n’est pas évident de vivre dans de telles conditions, lâche-t-il. «Ma femme et mes enfants dorment à l’école de La Tour Koenig alors que moi, je dors sous une tente. Je veux simplement un coin pour vivre avec ma famille. Là, nous sommes séparés mais heureusement, nous avons beaucoup de soutien et des gens bienveillants qui nous accompagnent dans nos démarches auprès des Citizen Advice Bureaus, entre autres. Mais cette situation est stressante ; nous ne savons pas ce qui nous attend, particulièrement pour nos enfants.»

 


 

Rita Venkatasamy, Ombudsperson for Children : «Nous faisons un suivi au cas par cas»

 

Depuis que des squatters se retrouvent à la rue, plusieurs personnes ont pris position. Rita Venkatasamy, Ombudsperson for Children, affirme que son bureau travaille en étroite collaboration avec le ministère du Logement et des terres. «Il est primordial que ces personnes-là aient un toit décent pour vivre, surtout à cause des enfants», nous a-t-elle confié.

 

Et d'ajouter : «Nous sommes conscients que des enfants dorment à la belle étoile mais ce n’est pas une raison pour que le squatting continue. Nous faisons un suivi au cas par cas. L’annonce de la construction des maisons sociales est aussi un suivi que nous faisons pour être sûrs que tout ce qui est requis pour un environnement sain et pour l’épanouissement d’un enfant soit pris en compte, tout en espérant que ces logements soient alloués aux personnes nécessiteuses. Nous allons nous assurer que les droits des enfants soient respectés.»

 

Sollicitées à plusieurs reprises pour commenter la situation des squatters, la ministre de l’Égalité du genre et du bien-être de la famille, Kalpana Koonjoo-Shah, et la ministre de l’Intégration sociale et de la sécurité sociale, Fazila Jeewa-Daureeawoo, sont restées injoignables.

 


 

Le ministre du Logement et des terres s’explique

 

Face à la presse, le mardi 2 juin, Steven Obeegadoo, qui a essuyé de nombreuses critiques suivant la destruction des maisons de squatters, a déclaré que son ministère devait agir car ces terres, qui appartiennent à l'État, seront utilisées pour des projets de développement et que le squatting empêche les progrès du pays. Le ministre du Logement et des terres a également soutenu que la mission de son ministère est de promouvoir l’intégration sociale par le développement de projets de logement et de fournir l’assistance nécessaire pour aider les squatters expulsés. Il a aussi affirmé que le gouvernement est résolu à garantir le bien-être de la population et qu’il apportera son soutien indéfectible aux plus vulnérables. Steven Obeegadoo a, en outre, annoncé qu’il reste 11 structures à enlever dont neuf à Cité Tôle, Malherbes, et deux à Pointe-aux-Sables, et que cela se fera d’ici la fin de juin. Précisant que les structures enlevées sur les terres de l’État sont celles qui ont été installées durant le couvre-feu sanitaire. 
 

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