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Squatters : une belle mobilisation

15 juin 2020

Artistes (ici Stevie, Bruno Raya et Ejilen Faya), ONG et citoyens étaient sur le terrain pour aider.

Ils se bougent. Il y a eu un bel élan de solidarité durant la semaine écoulée pour venir en aide aux squatters qui sont dans l’actualité ces derniers jours. L’ONG Developman, Rassembleman, informasyon ek prevensyon (DRIP), notamment, est très présente sur le terrain. Son représentant Danny Philippe nous donne des détails. «Nous avons eu une réunion de coordination en fin de semaine car plusieurs personnes viennent sans savoir à qui remettre les dons. Nous allons canaliser les dons vers un lieu ou plusieurs s’il y en a en grand nombre, ce qui montre que la solidarité mauricienne est bien là.» Mais la coordination ne se fait pas uniquement au niveau des dons : «C’est une aide psycho-sociale car beaucoup de ces enfants sont marqués à vie par l’image des tracteurs détruisant leurs maisons. Heureusement, des psychologues ont répondu à l’appel», poursuit Danny Philippe. Il demande aussi au public de penser aux enfants qui reprendront l’école bientôt et de faire des dons en conséquence. Il conseille aussi d’appeler sur le 5725 1850 avant de venir avec vos dons. Car la coordination est très importante, souligne également le producteur Percy Yip Tong, très présent sur le terrain et très concerné par cette situation. «Beaucoup profitent de la situation, le ministre avait un peu raison en disant cela. Car sur le terrain, on voit, par exemple, des marchands de drogue, des voleurs ou des gens qui ont déjà un terrain… Mais, bien sûr, les cas genuine sont aussi là. Et puis, il faut penser aux enfants qui, eux, sont innocents.»

 

Ce n’est pas tout comme mobilisation. Ces derniers jours, un collectif de citoyens a mis sur pied une page publique sur Facebook – Help for Squatters: Citizens Buy Land. Build Lodgings. Plant Food. Son objectif : faire du fundraising pour identifier et acheter un terrain pour les squatters. Les artistes Jerry and the Resistance, Stevie, Ejilen Faya ou encore Jean-Jacques Arjoon et Bruno Raya étaient à Riambel cette semaine pour faire des dons et s’enquérir de la situation. «On se devait d’être là en tant qu’artistes et citoyens. C’est inhumain tout ça», confie Bruno Raya.

 

D’autres artistes se mobilisent aussi : le collectif Slam Up Poesie a mis sur pied le projet Squa Cœur : envoyez un message pour entrer en contact avec le collectif sur Facebook et il vous communiquera des points de dépôt pour laisser vos dons. Le collectif United Poets, avec son projet Libis, est, lui, en train de se mobiliser pour faire l’acquisition de plusieurs autobus de seconde main pour loger ceux qui sont sans toit.

 


 

Démolition des maisons : les rencontres se multiplient et les actions se concrétisent

 

Recenser les genuine cases, faciliter et procéder à leur inscription auprès de la NEF ou la NHDC, faire les suivis de santé et de scolarité… Autant d’actions qui sont entreprises depuis la démolition des maisons des squatters. «C’est un long travail qui est abattu depuis 10 jours et nous voulons qu’il aboutisse», nous a déclaré le ministre des Terres et du logement Steven Obeegadoo, après sa deuxième rencontre avec les prêtres Mongelard et Rivet ainsi que Caritas, le vendredi 12 juin. Il a aussi souligné que, trois jours auparavant, il avait eu une autre rencontre avec le père Véder et les députés du no 14 concernant les squatters de Riambel. «Nous travaillons à la fois séparément, car les services gouvernementaux ont leurs enquêtes, entre autres, à faire, mais nous nous consultons aussi par la suite pour en discuter et apporter la meilleure solution.»

 


 

Diffusion d’un reportage dans un JT de la MBC : L’Église toujours en attente d’un droit de réponse

 

La demande de l’Église est à l’étude. C’est ce qu’a déclaré Anooj Ramsurrun, directeur général par intérim de la télévision nationale, dans un article paru dans l’express du 8 juin. Mais plusieurs jours après la diffusion d’un reportage dans son journal télévisé, où les squatters interviewés soutiennent que «legliz ek tablisman» doivent les aider à trouver un logement ou un terrain, l’Église est toujours en attente de son droit de réponse. Cela, malgré un courriel officiel émis par le vicaire général Jean-Maurice Labour le 4 juin et adressé au directeur de la MBC, et l’appel du père Jean Claude Veder à travers la page Facebook d’Affirmative Action, le 7 juin.

 

«La responsabilité de donner un logement aux Mauriciens, indistinctement de la communauté à laquelle ils appartiennent, est le devoir de l’État mauricien. Ce droit au logement, reconnu dans les conventions internationales ratifiées par l’île Maurice, indique sans équivoque que c’est à l’État qu’il revient d’appliquer ce droit», explique Jean-Maurice Labour. Il ajoute que l’Église a toujours montré qu’elle est présente et qu’elle collabore à la cause sociale, tout en restant à sa place.

 

Stephane Chinnapen et Valérie Dorasawmy

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