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Par Yvonne Stephen
15 septembre 2014 03:45
Plus que quelques jours et les centres de conversion fermeront… Le combat contre la nouvelle ID Card s’essoufflera-t-il ?
Le combat ne s’essouffle pas, il demeure suspendu au jugement de la cour. Mais en temps et lieu, nous annoncerons les couleurs. C’est une question de stratégie.
Votre regard sur la situation actuelle…
Ce nouveau document d’identité est une violation des droits de toute personne de ne pas divulguer ses données personnelles. Et il est clair que nous assistons à un harcèlement de la part du département responsable de la mise en place de la nouvelle carte d’identité. Déjà, il faut souligner que l’entrée en vigueur de la nouvelle loi au sujet de la carte d’identité demeure suspendue au jugement de la Cour suprême. Le Mauritius National Identity Scheme (MNIS), lui, crée une psychose en laissant entendre que toute personne se doit d’avoir sa carte avant la fermeture des centres de conversion. Cela n’est pas vrai parce que l’État doit continuer à assurer la distribution de ce document, nouvelle loi ou pas. Donc, il n’y aura peut-être pas de centres de conversion comme c’est le cas actuellement, mais les personnes pourront toujours faire leurs nouvelles cartes d’identité.
Des cas en cour pour contester la nouvelle carte, une pétition et des actions citoyennes… Ces derniers mois de contestation ont été intenses. Un bilan ?
Le bilan, c’est qu’au lieu d’écouter ce que les citoyens ont à reprocher à cette nouvelle carte, l’État poursuit sa logique absurde. Pire, il terrorise les gens en leur faisant croire que certains droits acquis leur seront enlevés au cas où ils refusent cette nouvelle carte. Il choisit pour cela de s’attaquer aux plus vulnérables : les personnes âgées.
Le directeur du MNIS a lui-même déclaré que les personnes âgées devront être en possession de leurs cartes quand elles voyagent, sinon elles ne bénéficieront pas du transport gratuit. C’est une insulte à nos aînés. On est en droit de se poser de sérieuses questions quant à la motivation de l’État pour contraindre ainsi ses concitoyens à se plier à une loi aussi controversée. Jusqu’où l’État est-il prêt à aller dans la privation des droits acquis au cas où un citoyen ne cède pas sur ses données privées… Lui refuser le droit aux soins gratuits à l’hôpital ?
Quels sont vos prochains «moves» ?
Nous devons prendre en considération ce qui se passe en cour avant d’aller plus loin, puisque cela déterminera aussi l’approche que nous adopterons en fonction du jugement obtenu. D’un côté, il existe le Data Protection Office, une institution d’État, qui veille à ce que les droits de la personne soient respectés dans différents cas de figure quand il s’agit de la sensible question des données personnelles. De l’autre côté, il y a ce même État qui est en violation de la Data Protection Act en obligeant les Mauriciens à soumettre leurs données personnelles.
Qu’attendez-vous des autorités mauriciennes ?
Nous attendons que les autorités mauriciennes, comme le MNIS et son directeur, ne sortent pas de leur juridiction en proférant des menaces à l’encontre de la population et en jouant aux Tontons Macoute. Nous attendons que l’État respecte le droit des citoyens de ne pas vouloir donner des informations sensibles puisque cela ouvrira la porte à une dynamique dangereuse au sein de la société mauricienne. Nous attendons que l’État et toutes ses institutions oeuvrent pour le bien-être de la population. Nous attendons que l’État crée les conditions favorables pour que les rapports soient basés, davantage, sur la confiance plutôt que sur la méfiance et la suspicion, comme c’est le cas dans des sociétés ultra-surveillées, en mode Big Brother.
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