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Stefan Gua : «Nous devons rebâtir notre humanité pour être plus en harmonie avec la nature»

10 août 2016

Qu’est-ce que la «School of Ecology» ?

 

La School of Ecology est un espace de réflexion sur la situation du monde d’aujourd’hui : comment est-ce que la crise climatique s’insère dans une crise plus profonde qui est celle de notre civilisation ?

 

Pourquoi un tel projet ?

 

Il y a une sérieuse remise en question aujourd’hui sur le mode de développement qui a jusqu’à ce jour prédominé. Le processus révolutionnaire dans plusieurs pays du Moyen-Orient, le mouvement des indignés en Espagne, le mouvement Nuit Debout en France, les mouvements portés par l’agro-écologie et la permaculture,et même jusqu’à une certaine mesure le Brexits’inscrivent dans une dynamique de rupture avec le modèle de développement existant. Ces mouvements peuvent paraître disparates, mais en réalité, ils traduisent une démarche profonde pour des sociétés fondées sur d’autres valeurs que le profit, la compétitivité et l’exploitation. La School of Ecology s’inscrit dans cela. Restructurer notre modèle de développement et voir quelles sont les valeurs sur lesquelles nous devons rebâtir notre humanité pour être plus en harmonie avec la nature dont l’humanité est une des composantes.

 

Quelle est la nécessité de venir de l’avant avec un tel projet ?

 

L’Intergovernmental Panel on Climate Change, l’autorité en matière de changement climatique, fait état d’une hausse de température de 3,7˚C à 4,8˚C d’ici à 2100 avec la tendance actuelle si nous ne faisons rien pour changer la situation. La température globale de la planète a déjà augmenté de près de 1˚C depuis la seconde révolution industrielle. La période d’après la Seconde Guerre mondiale en est responsable à plus de 50 %. Quand nous savons que cette période correspond à l’apogée du libéralisme économique, nous ne pouvons nier que le réchauffement climatique est la conséquence des caractères inhérents de ce modèle de développement. Or, les discussions à l’échelle mondiale peinent à aboutir à des mesures courageuses pour mettre un frein à ce modèle destructeur qui nous prédomine. Cela, pour la simple raison qu’aujourd’hui, les décisions d’intérêt commun ne sont plus prises par les représentants du peuple, mais par le conseil d’administration des grandes entreprises. C’est pour cela qu’un mouvement massif à l’échelle planétaire doit être développé au plus vite pour que l’humanité puisse mettre un frein à cette course de destruction et inverser la tendance, il y va de la vie elle-même.

 

Comment est-ce que le cours va se dérouler dans la pratique ?

 

Le cours durera 12 heures au total. Il y aura deux groupes : un dans notre centre, Mama Kouraz, à Moka, les samedis après-midi. Ce cours-là débute le samedi 20 août et s’échelonne sur quatre semaines jusqu’au 10 septembre. Ils auront lieu de 15 à 18 heures. Le deuxième se fera à Plaine-Magnien les vendredis après-midi et débute le vendredi 26 août. Ces cours seront dispensés de 16 à 19 heures. Pour les cours de Plaine-Magnien, nous prévoyons un transport pour toute personne qui aura de la difficulté pour rentrer après le cours. Toutes les personnes intéressées peuvent visiter notre page Facebook : carespage, ou nous envoyer un mail sur cares2@myfreeit.org, ou encore appeler Shidan au 5762 7591.

 

Quel est le programme du cours ?

 

Le cours comportera quatre volets : comprendre le système de notre planète, sa création, son évolution… Un deuxième volet consistera à évaluer l’état de notre planète, avec un focussur Maurice. Un troisième volet sera de comprendre la responsabilité de la société humaine et le modèle de développement dominant sur la crise climatique. Aujourd’hui, de nombreux scientifiques se penchent sur la question de l’ère que nous vivons et la décrivent comme la période de l’anthropocène. Enfin, le quatrième volet du cours consistera à réfléchir sur ce qui doit être entrepris afin d’inverser le cour des choses pour un échange plus juste, équitable et en accord avec notre monde, pour la survie de l’humanité et la vie sur Terre.

 

Et ce sera dispensé par qui ?

 

Ce cours est la somme de plusieurs discussions et conférences sur l’écologie, organisées par CARES et la majorité de ces cours seront dispensés par les membres de l’association. Mais nous ferons aussi appel à des ressources externes.

 

À qui est adressé ce programme ?

 

Le cours s’adresse aux jeunes de 18 à 35 ans. Nous avons souhaité cela car nous estimons que la crise civilisationnelle, décriée plus tôt, est déjà en cours et se manifeste par les crises économiques successives, la crise climatique, alimentaire, entre autres. Aussi, nous pensons que le pire est à venir et que la génération future aura un bien lourd héritage à gérer et il lui incombe de prendre la pleine mesure de ce qui se passe, de s’y préparer et de faire en sorte que les pires catastrophes que prévoient les scientifiques n’arrivent pas. Pour cela, je le redis, il nous faut un mouvement planétaire qui puisse bousculer l’ordre établi et les politiques d’aujourd’hui, qui sont les marionnettes aux mains du grand capital. La jeunesse doit montrer de façon historique qu’elle a un rôle majeur à jouer dans les transformations sociétales.

 

Que gagnera une personne qui viendra suivre ce cours ?

 

L’envie, nous l’espérons chez CARES, de voir le monde différemment déjà et de le changer pour le meilleur. Nous vivons malheureusement dans un monde qui nous fait croire que tout ce qui est sur cette planète nous appartient et qu’il faut simplement savoir s’en servir. Or, la vie sur Terre précède par plusieurs millions d’années l’humanité, comment pouvons-nous dans ce cas clamer la propriété sur la forêt, la rivière, la mer… et altérer le cours de la vie ? Nous voulons que ce paradigme change, si une personne qui suivra ce cours en ressort avec cela, ce sera une grande réussite, puisque c’est de là que démarrera ce fameux mouvement dont je vous parle.  De la capacité d’une remise en question profonde des valeurs qui ont guidé l’humanité depuis la révolution industrielle, particulièrement, jusqu’à maintenant.

 

Pourquoi croyez-vous que ce projet portera ses fruits ?

 

Parce que dans la conjoncture actuelle, le prolongement de l’état des choses sera simplement fatal. Dans n’importe quel cas, cette School of Ecologyest le début d’une conversation et nous souhaitons maintenir un dialogue avec la jeunesse pour une évolution constante vers une société plus juste, égalitaire et respectueuse de la vie sur Terre.

 

Bio express

 

Artiste engagé, membre de Rezistans ek Alternativ, Stefan Gua, 39 ans, un habitant de St-Pierre, qui avait sillonné l’Afrique en 2002, est graphiste de profession. Assistant Project Coordinator à CARES, une association qui apporte du soutien aux organisations syndicales et sociales, c’est un homme qui, au fil des années passées, s’est engagé dans plusieurs combats.«Le monde et la société dans lesquels nous vivons nécessitent qu’on s’engage», dit-il. 

 

Ma semaine d’actu 

 

Quelle actualité locale a retenu votre attention ces derniers temps ?

 

Le Budget occupe pas mal mon attention ces temps-ci. C’est un rendez-vous raté pour Pravind Jugnauth. Tout le monde s’attendait à un Budget de rupture qui adresserait la question d’inégalité sociale, de dilapidation de notre littoral, de relance d’une économie réelle et soutenable et non-spéculative où sujette à la frivolité d’un marché global. Or, c’est un Budget qui poursuit sur la dynamique libérale et écocide.

 

Et sur le plan international ?

 

Il se passe beaucoup de choses sur le plan international qui sont la somme de la politique mondiale guidée par les organismes du libéralisme et de l’impérialisme : Banque mondiale, Fonds monétaire international, Organisation mondiale du commerce et même l’Union européenne.

 

Que lisez-vous actuellement et pourquoi ?

 

Je viens de lire le livre de Naomi Klein, This Changes Everything, qui est une œuvre majeure dans le combat contre la crise climatique et est un outil pédagogique très important et très complet pour quiconque souhaite mieux cerner cette crise.

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