Publicité
20 mai 2015 19:08
Il est catégorique : le suicide fait de plus en plus de victimes chez les jeunes. «Ce problème de société inquiète. Selon mes observations, il indique clairement qu’il y a un rajeunissement des personnes à risques à Maurice. Actuellement, les appels de détresse ont augmenté et il s’agit, pour la plupart, des jeunes», souligne José Emilien, président de l’ONG Befrienders.
Les récents cas de suicide chez les jeunes tendent à lui donner raison. Le mois dernier, une étudiante du collège Queen Elisabeth, âgée de 18 ans, s’est donné la mort par pendaison à son domicile. Un acte que ses proches n’expliquent pas. Le lundi 11 mai, une autre étudiante de cet établissement secondaire, âgée de 15 ans, s’est donné la mort en plein centre de Rose-Hill, en se jetant du septième étage d’un bâtiment.
Le lendemain, c’est une autre jeune fille de 18 ans qui a commis l’irréparable après une rupture amoureuse. Le dernier cas en date est celui d’une jeune fille de 15 ans qui a ingurgité un produit nocif dans l’enceinte de son collège le vendredi 15 mai et est actuellement admise à l’hôpital. Sa mère a porté plainte, car elle aurait été victime de bullying.
«Tendre l’oreille»
«Au niveau de Befrienders, on va dans les écoles pour former les enseignants. On leur donne des pistes afin de détecter des signes qui peuvent les alerter pour qu’ils puissent agir très rapidement», explique José Emilien. Outre le corps enseignant, les élèves reçoivent des formations. Car ils sont considérés comme faisant partie des premières personnes à qui un élève en détresse se confiera. «On a aussi élargi nos campagnes de prévention. À présent, on travaille aussi avec les nouvelles recrues des officiers de la prison et de la police», fait ressortir notre interlocuteur.
Pour lui, il est tout aussi important qu’une personne en détresse puisse être écoutée et comprise par son entourage que par celui ou celle à qui elle aura choisi de se confier. «Dans pareil cas, il ne faut pas porter de jugement. Mais tendre l’oreille. Or, c’est souvent ce qu’on ne sait pas faire. À travers le dialogue, on peut expliquer à la personne en détresse les conséquences que son acte pourrait avoir, la conduire vers un discernement profond, pour qu’au final, elle arrive à comprendre qu’à chaque problème, il y a une solution. C’est avec le dialogue qu’on peut la trouver», soutient-il.
De son côté, le ministère de l’Éducation et des ressources humaines, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, conseille aux élèves en détresse de se tourner vers la Counselling Unit de leur établissement pour des suivis psychologiques en cas de besoin. «Les écoles privées ont chacune une Counselling Unit. Alors que, pour les établissements du secondaire, nous avons des psychologues qui sont à l’écoute des élèves. Elles sont classées par zone. Il y en a quatre. Chaque élève est bien au courant de ce service», fait ressortir un haut cadre de ce ministère.
Selon notre source, en cas de non disponibilité d’un psychologue dans l’immédiat, le recteur, la rectrice ou le maître d’école doit pouvoir encadrer un élève en détresse dans un premier temps : «Ils ne sont pas des psychologues, mais ont un basic knowledge pour avoir bénéficié de plusieurs sessions de travail quant à la prise en charge des élèves en détresse.»
Vous pouvez toujours appeler au 800 9393 pour le service d’écoute et d’aide de l’ONG Befrienders dont le message est «oui à la vie, non au suicide».
Publicité