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Support. Don’t Punish 2020 : les femmes au cœur du combat

17 juillet 2020

Brigitte Michel et l'équipe d'AILES militent pour le respect des femmes consommatrices de drogues.

Venir en aide aux femmes consommatrices de drogues et garantir leur accès aux services de réduction des risques. C’est l’une des missions-phares de l’association AILES (Aides, Infos, Liberté, Espoir et Solidarité) depuis 2019. Membre du Women Harm Reduction International Network (WHRIN) depuis lors, l’association participe activement à la campagne Support. Don’t Punish. Cette année encore, AILES ne manque pas à l’appel. Il s’agit d’une initiative communautaire mondiale qui vise à mettre en place des politiques adéquates en matière de réduction des risques, de santé publique et de droits humains.

 

Ce réseau international travaille avec plusieurs associations dans le monde pour la réduction des risques associés à la prise de drogues par les femmes afin de pouvoir développer un environnement qui leur est adapté et une meilleure prise en charge. AILES y est représentée par Cindy Trevedy, Team Leader et paire éducatrice, représentante des populations-clés sur le Country Coordinating Mechanism du Fonds mondial et membre du Harm Reduction Committee National. 

 

Selon l’Organisation des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), lance Brigitte Michel, la responsable d’AILES, les femmes constituent le tiers des usagers de drogues et un cinquième des usagers par voie injectable. Leur parcours en tant que consommatrices est différent de celui des hommes. Souvent initiées par un partenaire intime aux pratiques d’injection, elles se retrouvent alors dans des rapports de domination, de violence, qu’elle soit physique, émotionnelle ou économique. Lorsqu’elles perdent pied, elles n’ont plus le contrôle sur leur consommation qui est souvent régulée par leur partenaire. «Bien que minoritaires, les particularités liées au genre entraînent des problématiques spécifiques. Hommes et femmes ne sont pas égaux face à l’usage de drogues. De par les stéréotypes et les rôles sociaux traditionnellement attribuées aux femmes, elles font face à une plus grande stigmatisation et des discriminations, ce qui limite leur accès aux soins, aux traitements et aux programmes de réduction des risques.»

 

«Partenaires violents»

 

En effet, l’accès aux soins et au matériel de prévention reste compliqué pour les femmes. Il y a deux raisons à cela, explique Brigitte Michel. La première est parce qu’elles sont nombreuses à cacher leur consommation. «D’autre part, les services ne sont pas adaptés aux spécificités du genre, qu’il s’agisse de la distribution de la méthadone au niveau des postes de police, du manque de confidentialité ou encore du non-respect des droits humains. Confrontées à des partenaires violents, beaucoup de femmes ont du mal à négocier le port du préservatif ou l’utilisation de matériel d’injection propre.»

 

La situation est d’autant plus difficile lorsque la femme est enceinte. C’est pour cela, affirme Brigitte Michel, qu’il est aujourd’hui important de mettre en place un organisme qui offre des services intégrés aux femmes enceintes et aux mères utilisatrices de produits psychoactifs. «Il est plus que jamais nécessaire que les lois soient revues afin de mettre fin à la criminalisation des drogues et de réglementer l’usage de drogues qui sont des substances problématiques et qui représentent un réel danger pour ceux qui les consomment.»

 

Participer à la campagne Support. Don’t Punish est ainsi un moyen de faire écho à toutes ces lacunes au niveau du système actuel. «Il est primordial que le ministère de la Santé et du Bien-être revoie les protocoles, ajuste les lois et les structures afin de les adapter aux besoins des femmes», souligne Brigitte Michel. Il est plus que jamais temps de mettre en place des services et des programmes spécifiques, et d’inclure les femmes dans les discussions et les prises de décisions.

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