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Suttyhudeo Tengur : «Notre système de surveillance des maladies animales est dépassé»

24 septembre 2016

Quel est votre avis sur les épidémies de la fièvre aphteuse et de la salmonelle, qui sévissent actuellement ?

 

Les maladies animales menacent depuis toujours la chaîne alimentaire et il nous faut être en alerte en permanence et surtout consolider, jour après jour, notre système de surveillance de ces maladies. Ce n’est pas parce que la fièvre aphteuse s’attaque à nos bêtes après 100 ans qu’on doit se féliciter d’avoir pu l’empêcher de nuire pendant autant d’années.

 

Je trouve que notre système de surveillance des maladies animales est dépassé, très très faible et il faut le renforcer. Je ne sais pas comment, mais les vétérinaires sont mieux placés pour nous donner de nouvelles idées, avec l’aide de la Food and Agricultural Organisation. Je dirais aussi que malheureusement, la population n’est pas très renseignée au sujet des maladies animales. Je crains fort qu’un jour ou l’autre, elle finira par payer le prix fort pour cette négligence au niveau de sa santé. Et le pays avec…

 

Est-ce que ce qui se passe affecte la consommation des Mauriciens ?

 

Tous les Mauriciens consomment une viande ou l’autre. Il y a très peu de végétariens à Maurice. Viande de bœuf, de cabri, de mouton et de porc infectée, salmonelle dans le poulet, mais que vont-ils manger ? Comment vont-ils se nourrir ? Il y aura, si ce n’est pas déjà le cas, une hausse des prix de ces viandes sur le marché. Ceux-ci pèseront très lourd dans le panier alimentaire des consommateurs.

 

Entre la fièvre aphteuse et la salmonelle dans nos œufs et nos poulets, est-ce que les Mauriciens devraient revoir leur mode de consommation ?

 

Nous n’avons pas le choix. Devons-nous tous devenir de stricts végétariens ? Impossible avec le dopage des légumes par des pesticides et autres produits chimiques. Ce n’est pas non plus possible de consommer plus de poissons et autres produits de mer. Car celle-ci est plus polluée que la terre. De plus, notre système de surveillance phytosanitaire laisse beaucoup à désirer.

 

Est-ce qu’il faudrait prendre des précautions ?

 

Bien sûr. Et cette précaution s’applique à nous tous, gouvernement, ministères, autres autorités, organisations non gouvernementales, associations des consommateurs et consommateurs principalement. Nous devons tous être en état d’alerte permanent et cesser de jouer à l’aveugle, au sourd et au muet, car avec le changement climatique et la destruction de notre environnement, les maladies, animales et humaines, deviennent de plus en plus virulentes. Il ne faut rien prendre à la légère.

 

Dans une correspondance adressée au ministre de l’Agro-industrie et de la sécurité alimentaire, Mahen Seeruttun, vous lui demandez depuis quand la salmonelle a été décelée dans les œufs et les poulets. Pourquoi ?

 

Parce que nous avons certaines informations à l’effet que des petits éleveurs qui s’approvisionnent en poussins auprès du ministère de l’Agro-industrie, ont vu ces derniers mourir par centaines dans leurs fermes. Ils les ont juste enterrés sans en avertir les autorités. Nous voulons savoir jusqu’où la salmonelle est entrée dans notre chaîne alimentaire. En plus, il y a eu de nombreux cas d’infection avec vomissements, diarrhées et fièvres qui ont été rapportés dans nos hôpitaux depuis plusieurs semaines. Est-ce une conséquence de la salmonelle ? Nous ne le savons pas. J’ai aussi posé la question au ministère de la Santé. J’attends toujours.

 

Pensez-vous que les autorités gèrent bien ces deux dossiers ?

 

Non, sinon la fièvre aphteuse ne se serait pas propagée dans tout le pays. Plus grave encore, avec la décision de livrer des animaux sans un certificat du vétérinaire attestant que l’animal est en bonne santé, il y a fort à craindre que la maladie has come to stay. Je trouve fade la réaction des autorités par rapport à ces deux maladies qui sont graves, et pour la population et pour le pays en général. Car il ne faut pas oublier son impact économique.

 

Comment gérez-vous cette situation au niveau de votre association ?

 

Nous prenons connaissance de toutes les informations qui circulent à ce sujet. Nous les analysons, nous nous informons auprès des vétérinaires et des experts en maladies animales par le biais d’internet. Nous avons écrit deux lettres ouvertes au ministre de l’Agro-industrie, qui ont été reprises par plusieurs médias. Bref, nous sommes en état d’alerte car il y va de la santé des consommateurs.

 

Bio express

 

Suttyhudeo Tengur, président de l’Association for the Protection of the Environment and Consumers, est aussi actif dans le domaine de l’éducation. Il a notamment travaillé dans les établissements Hugh Otter Barry Government School, Dr O. Beaugard Government School et Reverend Edward Walter Government School. Également actif dans le domaine de la coopérative, il est actuellement président de laGovernment Hindi Teachers’ Unionet de la Vani Printing Cooperative Society Ltd. Il occupe la position de secrétaire à la Primary School Teachers’ Cooperative Credit Union et à la Camp Thorel Multipurpose Cooperative Sty Ltd. Marié et père de deux filles, il est le Chairman du Cooperative Development Council et le rédacteur en chef  du mensuel Akrosh, qui est un journal en hindi. Le syndicaliste a aussi participé à plusieurs conférences internationales, dont les quatre dernières World Hindi Conventions.

 


 

Ma semaine d’actu

 

Quelle actualité locale a retenu votre attention ces derniers temps ?

 

Depuis que le Premier ministre a annoncé, en conférence de presse, lundi dernier, que son fils, Pravind Jugnauth, lui succédera au poste de chef du gouvernement, c’est ce qui domine l’actualité à Maurice. Comme tous les Mauriciens, je suis très intéressé à savoir ce qui va se passer car SAJ se retirera très vite de la politique. Il l’a dit lui-même. Comment va-t-il faire pour céder sa place à son fils ? L’électorat qui a voté SAJ comme PM pour les cinq prochaines années va-t-il accepter cette décision ? Que nous dit la Constitution du pays ? Je me tiens au courant de tout cela.

 

Et sur le plan international ?

 

La campagne pour les prochaines élections présidentielles aux États-Unis. Qu’on le veuille ou pas, ce pays dirige le monde et tout ce qui s’y passe nous concerne. Il y a Donald Trump et ses déclarations fracassantes, et aussi la maladie d’Hillary Clinton. Comme tout citoyen du monde, je réfléchis déjà dans quel monde nous vivrons après ces élections avec la victoire, de l’un ou de l’autre candidat.

 

Que lisez-vous actuellement et pourquoi ?

 

Je lis Pipe Politics, Contested Waterspar Lisa Björkman, Assistant Professor of Urban and Public Affairs (Université de Louisville), qui parle de l’eau et de sa distribution à Mumbai, en Inde. Elle nous dit que malgré les ressources économiques et financières, l’eau manque dans cette grande ville indienne. L’auteur nous montre comment le rêve de l’élite indienne de transformer la ville en un world class business centre a fait des ravages sur les tuyaux de distribution de la ville. L’eau est aussi d’actualité à Maurice – on parle d’une hausse des tarifs et même de privatisation. Je me prépare déjà pour mon prochain combat qui sera de défendre les consommateurs face à ces deux décisions qui sont annoncées.

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