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Swapna Ibrahim-Dawood tuée par son époux Burkatally : le tragique destin d’une femme martyre

9 octobre 2023

Swapna a péri sous les coups de son époux Burkatally après une énième dispute conjugale.

Les derniers rayons du soleil disparaissent dans le ciel de Port-Louis en ce début de soirée du jeudi 5 octobre. La voiture garée en face de l’entrée menant à la morgue de l’hôpital Jeetoo ne passe pas inaperçue, de même qu’un véhicule du poste de police de Grand-Baie. Une jeune femme et son époux, accompagnés d’un autre proche, font les cent pas non loin, tous accrochés à leur téléphone portable. Les visages sont crispés, les traits tirés. On devine très vite qu’ils ont un lien avec Swapna Ibrahim-Dawood, retrouvée morte quelques heures plus tôt sur un terrain en friche, à La Salette, Grand-Baie, et dont le corps est en train d’être autopsié à ce moment-là.

 

C’est un homme de 63 ans, habitant cette localité, qui a fait la découverte macabre ce jour-là, vers 11 heures, en conduisant son bétail sur un terrain boisé. À leur arrivée sur place par la suite, les policiers ont retrouvé le corps d’une femme recouvert d’une couverture à motifs floraux, à une centaine de mètres de la route principale. Sur place, les policiers ont également retrouvé une paire de chaussures roses et un sac à main. Le rapport d’autopsie indique que la jeune femme a succombé à une «smothering asphyxia». Ses funérailles ont eu lieu tard dans la soirée du même jour, selon les rituels musulmans.

 

La police n’a pas tardé à procéder à l’arrestation de l’époux de Swapna, Burkatally Ibrahim-Dawood, âgé de 37 ans, récidiviste notoire fiché pour des délits de vol et de drogue, et sorti de prison le 20 juin dernier. Il avait été condamné à cinq mois de prison pour «larceny breaking». Swapna et Burkatally étaient mariés depuis 14 ans et avaient trois enfants : deux fils de 13 et 4 ans, et une fille de 10 ans. L’épouse, victime de violences, selon son entourage, avait quitté le toit conjugal depuis sept mois et vivait chez sa mère. Ce que son époux n’approuvait pas. Il cherchait par tous les moyens à la faire rentrer à la maison depuis sa sortie de prison.

 

C’est pour cela que les proches de Swapna se sont inquiétés quand ils ne l’ont pas vu rentrer chez elle le mardi 3 octobre. «Mo ti fini doute ena kitsoz pa bon kan monn aprann disparision mo ser», lâche Smita, la sœur aînée de la victime, âgée de 33 ans. Des craintes qui se sont, hélas, avérées vraies. Ce beau-frère pour qui elle avait toujours eu tellement de mépris a fini par tuer sa soeur après l’avoir fait vivre une vie de martyre pendant des années. «Mo ser inn pas boukou mizer ek li», martèle Smita, entre chagrin et amertume. Elle précise que sa famille s’était opposée à la relation entre sa sœur – cadette d’une fratrie de cinq enfants – et Burkatally depuis le début. «Fami pa ti dakor akoz nou pa mem relizion. Nou ti kapav fer linpas lor la me garson-la pa ti ena bon repitasion. Li pa ti ena travay fix. Li ti fer tou bann ti travay pou gagn kas fasil pou droge. Li fek sorti prizon akoz enn case vol mem. Li ti touzour violan ek mo ser. Li pa zis zoure, li bate ousi. Linn deza koup koup mo ser. Protection Order pa ti fer li per. Dan mwa fevrye, li ti kraz de boutey lor latet mo ser. Lerla mem Swapna inn desid pou kit li ek vinn res kot mo mama dan Triolet. Mo ser ti fer case pou sa», souligne Smita.

 

Kamla Devi Mahadnac, leur mère, effondrée d’avoir perdu sa fille dans des circonstances aussi tragiques, confirme : «Sapna ti vinn res kot mwa ek so trwa zanfan depi mwa fevrye.» Après son mariage civil et religieux, la jeune femme s’était convertie à l’islam et se faisait appeler Nazima. «Elle avait eu le coup de foudre pour Burkatally. C’était son premier petit ami. Elle s’est mariée alors qu’elle avait à peine 18 ans», regrette Kamla Devi. L’habitante de Triolet souligne que sa fille travaillait nuit et jour pour faire bouillir la marmite. Le jour, elle travaillait comme cleaner à l’école du gouvernement de The Vale. Puis, elle prenait la direction de Grand-Baie où elle était employée comme garde-malade de nuit chez une dame âgée.

 

Étrange

 

Swapna n’avait plus donné signe de vie depuis le mardi 3 octobre. Ce jour-là, Kamla Devi était la dernière personne à lui avoir parlé. «Mo ti call li ver 7h30 pou dir li ki so de gran zanfan ankor pe dormi alor ki zot sipoze ena lekol. Li ti dir mwa li pa pou kapav koze-la me ki li pou sonn mwa plitar kan li rant dan lakour lekol», se souvient la vieille dame. Comme sa fille ne retournait pas son appel, l’habitante de Triolet l’a rappelée vers 8h15. «Son portable était hors-service. J’ai cru que sa batterie était à plat et qu’elle allait me rappeler. J’avais déjà préparé ses deux enfants pour l’école. Nous n’avons plus eu de nouvelles par la suite. Nous avons appris par ses collègues qu’elle ne s’était pas rendue à son travail ce jour-là», souligne Kamla Devi.

 

En temps normal, Swapna rentrait aussi de l’école dans l’après-midi pour s’occuper de ses enfants avant de se rendre à Grand-Baie pour prendre son tour de garde-malade. «Li ti pe travay dir pou kapav asir lavenir so bann zanfan», souligne Smita. Mais là, ce jour-là, elle n’était pas revenue, ce qui était très étrange. «Ma fille aînée a alors signalé sa disparition à la police dans la soirée», confie Kamla Devi.

 

Smita affirme avoir eu un mauvais pressentiment en apprenant la disparition de sa sœur. «Mo ti fini dout so mari lamem. Li ti abitie al fatig li divan lekol pou rod kas ek li pou droge. Sak fwa nou ti dir li kit so misie. Li ti per pou ale avan akoz so bann zanfan. Misie-la ti menas pou touy zot si li ale. Linn kit lakaz kan misie-la inn al prizon. Me li ti pe mari fatig li dan so travay depi linn sorti kaso. Tou inn deklanse kan monn al fer depozision missing lapolis. CID inn travay bien vit», affirme Smita.

 

Le jour fatidique, Carima, la mère de Burkatally, avait également consigné une déposition à la police pour signaler la disparition de celui-ci. Selon les dires de cette dame de 61 ans, il avait quitté son domicile ce jour-là pour se rendre sur son lieu de travail mais il n’était pas revenu par la suite. À la police, le principal concerné a expliqué qu’il a mortellement agressé son épouse après lui avoir tendu un piège. Dans sa déposition, il raconte que son épouse avait refusé de lui donner de l’argent la veille. Fou de rage, il a décidé de «touy li». Il lui a donné rendez-vous le lendemain sous prétexte de discuter de l’avenir des enfants.

 

Burkatally a récupéré son épouse à moto à Grand-Baie avant de la conduire dans un endroit tranquille. Sur place, ils ont d’abord parlé des enfants. La discussion s’est envenimée lorsque le récidiviste a confronté son épouse à des allégations d’infidélité alléguée. Il lui reprochait de voir un autre homme depuis leur séparation. Ce que Swapna a nié. Burkatally a étranglé son épouse lorsqu’elle a tenté de quitter les lieux. Après cela, il a pris de l’argent dans son sac et est allé «met enn nisa» chez un ami de la région. Suivant des informations sûres et précises, les enquêteurs ont procédé à l’arrestation de Burkatally chez un ancien policier. Ce dernier a aussi été interpelé.

 

Les deux hommes ont ensuite été remis à la Major Crime Investigation Team. L’ancien policier, devenu infirme après un accident, a été autorisé à partir après son interrogatoire. Pressé de question, le récidiviste a, quant à lui, avoué avoir étranglé son épouse. «Li ti bizin pans zot bann zanfan avan li fer enn zafer koumsa. Mo mama ek mwa ki pou pran zot responsabilite aster», confie Smita avec une infinie tristesse.

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