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Tentative d’assassinat sur une collégienne de 16 ans par un homme épris d’elle - Sa mère : «Nou per pou nou sekirite»

17 août 2021

C'est à proximité de cet arrêt d'autobus que la jeune fille a été agressée par le Maintenance Officer.

Il n’arrête pas d’y penser. Entre choc, colère et soulagement, ce père de famille ne peut s’empêcher de se dire qu’il aurait pu avoir perdu sa fille il y a quelques jours. Cette dernière, une collégienne de 16 ans, que nous prénommerons Laura*, a été agressée à l’arme blanche par Bryan Daventin, 26 ans, qui se disait amoureux d’elle. Si une policière n’était pas descendue d’un autobus pour lui porter secours, elle aurait pu y laisser la vie. «Ankor enn tigit, li koup lagorz mo tifi», confie son père, révolté.

 

La jeune fille a effectivement frôlé la mort car le couteau de cuisine n’est pas passé loin de sa carotide. Les nombreux points de suture qu’elle a au cou témoignent de l’acharnement de son agresseur. Quant au suspect, il a été arrêté peu après l’agression et a avoué les faits. Une charge de tentative d'assassinat pèse sur lui. Paraissant souffrir de troubles psychiatriques, il est actuellement admis à Brown Sequard sous stricte surveillance policière. Il comparaîtra en cour à sa sortie.

 

Traumatisée, Laura, elle, ne trouve plus le sommeil depuis son agression. Après plusieurs jours à l’hôpital, elle a pu rentrer chez elle mais les douleurs dues à ses blessures la font aussi terriblement souffrir. Elle a aussi des difficultés à entendre après avoir été touchée à une oreille. Celle-ci saigne également et doit être nettoyée régulièrement avec beaucoup d’attention. La jeune fille n’arrive pas non plus à se regarder dans le miroir. Elle ne veut pas voir la blessure qu’elle devra désormais porter toute sa vie et qui aura peut-être une incidence sur son avenir.

 

Mais cette agression aurait pu avoir des conséquences beaucoup plus graves pour elle si une policière n’était pas intervenue à temps, en ce lundi 9 août. Ce jour-là, la Woman Police Constable (WPC) Lungar se rendait à l’école du gouvernement de Petit-Raffray pour aider les enfants à traverser la route après les heures de classe lorsqu’elle a vu un jeune homme en train d’agresser une collégienne avec une arme tranchante. Sans hésiter, elle est descendue de l’autobus où elle se trouvait pour porter secours à la jeune fille. En voyant arriver la policière, l’agresseur s’est infligé des coups à lui-même avec son couteau, avant de prendre la fuite. Saignant abondamment, la jeune fille a, elle, été transportée d’urgence à l’hôpital SSRN dans une voiture.

 

«Sous le choc»

 

Après des journées difficiles à l’hôpital, Laura est rentrée à la maison où ses parents sont aux petits soins pour elle. «Elle est encore sous le choc. Elle se remet difficilement de ses blessures. Elle a beaucoup de points de suture. Nous faisons de notre mieux pour l’aider à retrouver le moral», explique son père qui ne cache pas sa colère et son mépris pour l’agresseur en question. «Li fini koup mo tifi. Aster li pe deklar fou. Li bien kone ki linn fer. Mo swet li pa gagn kosion ditou. Mo ti kapav perdi mo tifi. Mo ti fini koz ek li avan sa ek dir li aret fatig latet mo tifi me li pann ekout mwa ditou», s’insurge notre interlocuteur.

 

Il explique que ce jeune homme, un Maintenance Officer, s'est épris de sa fille depuis plusieurs mois. «So ser res dan mem blok apartman ki mo ser dan Trou-aux-Biches. Li res laba li ousi. Se koumsa ki linn konn mo tifi ek koumans fatig so latet. Mo pa ti konn tousala avan mwa. Letan nounn konn sa inn gagn sis mwa parla, mo madam ek mwa inn zwenn ek li dan Triolet pou dir li zantiman aret koz ek nou tifi. Nou ti mem ramas portab nou tifi pou li aret gagn dialog ek li. Nou ti panse linn kompran.»

 

La mère de Laura abonde dans le même sens. «En avril, on a appris qu’il insistait pour sortir avec notre fille. Nous étions contre car elle est mineure. Elle avait 15 ans à ce moment-là. Mon époux et moi avons rencontré le jeune homme et lui avons fait comprendre que notre fille devait se concentrer sur ses études. On lui a également dit qu’on allait se rendre à la police pour le dénoncer s’il persistait à harceler notre fille. Il nous a dit qu’il comprenait notre point de vue. Il nous a alors affirmé qu’il devait lui aussi se concentrer sur son avenir car il projetait d’aller travailler sur un bateau de croisière. Mon époux et moi avions cru qu’il nous avait bien compris.»

 

Tel n’était visiblement pas le cas. Tout laisse croire que le Maintenance Officer surveillait les faits et gestes de l’adolescente depuis un moment. Il est passé à l’acte le jour même où elle s’était rendue au collège pour la première fois depuis la rentrée. «Mo panse li ti pe vey nou zafer. Nou tifi pa ti ankor al lekol ditou akoz bann ka Covid dan landrwa kot so kolez ete. Sa garson-la ti telefonn mwa sa zour-la ver 3 zer. Li dir mwa li pa pou kit mo tifi koumsa mem. Enn ti moman apre, nou gagn enn call de nou tifi lor nou telefonn fix kot li dir nou vini parski linn blese», relate le père de Laura.

 

«Il la harcelait trop»

 

Son épouse ajoute que ce jour-là, au téléphone, le jeune homme avait aussi insisté pour venir chez eux avec sa famille afin de discuter de sa relation avec Laura. «Il m’a dit qu’il était disposé à attendre qu’elle soit majeure pour officialiser leur relation. On lui a répondu qu’on maintenait notre position. De plus, notre fille ne voulait plus le voir car il la harcelait trop. Il utilisait plusieurs SIM cards pour l’appeler. Il était également très violent avec elle. Il a raccroché en nous donnant rendez-vous chez lui à Trou-aux-Biches, vers 17h30. À ce moment-là, on ne savait pas qu’il se trouvait déjà à l’arrêt d’autobus de notre localité.»

 

La collégienne souligne, pour sa part, que le Maintenance Officer a commencé à le harceler à partir de 7h30 ce jour-là par le biais d’un appel téléphonique. «Il m’a appelée à nouveau au cours de la journée alors que j’étais au collège. Il m’a insultée lorsque je lui ai demandé d’arrêter de me téléphoner. Quand après l’école, je suis descendue à mon arrêt d’autobus, il m’attendais sous un arbre. Je l’ai repoussé à nouveau mais il m’a brutalisée lorsque j’ai voulu prendre mon portable pour téléphoner à mes parents. Il voulait me poignarder dans le dos et m’a atteint avec son arme lorsque je me suis penchée pour ramasser mon téléphone qui était tombé. Je n’ai rien senti. J’ai paniqué lorsque j’ai commencé à saigner», raconte l’adolescente encore toute tremblante à la pensée de ce qui lui était arrivé et de ce qui aurait pu arriver encore si la policière n’était pas intervenue.

 

Saignant abondamment

 

Quand les parents de Laura ont appris ce qui s’était passé, cette dernière était déjà en route pour l’hôpital. «La policière avait réquisitionné la même voiture dans laquelle l’agresseur était venu sur les lieux pour emmener notre fille à l’hôpital de Pamplemousses. Comme nous habitons non loin du lieu du drame, le chauffeur s’est arrêté en cours de route pour nous récupérer. La constable avait déjà prodigué les premiers soins à notre fille qui saignait abondamment. Elle avait été touchée au cou et à la tête», se souvient le père de Laura.

 

La mère de l’adolescente précise que sa fille a été très courageuse. «Enn larm li pann verse me li touzour dan sok. Mo pa kone ki ti pou arive si sa madam la polis-la pa ti sov li. Zame mo pa pou fini remersie li. Seki linn fer inkrwayab. Linn sap lavi nou tifi alor ki ena lezot dimounn pann fer nanye kan zot inn trouv sa agresion-la. Fode pa sa garson-la gagn kosion. Li ti bien kone ki li pe fer. Li ti fini dir mo tifi li pa pou kit li koumsa mem. Li ti ousi dir li ki li pou deklar fou ek ki li pou sove depi lopital ek komplisite dimounn. Nou per pou nou sekirite.»

 

Aujourd’hui, entre choc, colère, sentiment d’insécurité et soulagement, cette famille essaie tant bien que mal de se remettre, en espérant que justice sera rendue dans cette affaire, au plus vite.

 

*Prénom fictif

 


 

Le suspect, âgé de 26 ans, admis à l’hôpital Brown Sequard

 

«Mo dakor mo finn pik mo kopinn (…) avek sa kouto ki ti avek mwa-la ek apre mo finn esay pik mo mem par regre.» C’est ce que Bryan Daventin a déclaré à la police lors de son arrestation. Le jeune homme de 26 ans a, par la suite, été transporté à l’hôpital de Pamplemousses où il a été hospitalisé pendant quatre jours, avant son transfert à l’hôpital Brown Sequard, le jeudi 12 août, après avoir montré des signes de troubles psychiatriques. Une équipe du Field Intelligence Office a procédé à son arrestation peu après l’agression, alors qu’il se trouvait non loin d’une boutique à Trou-aux-Biches. Le Maintenance Officer a, par la suite, conduit les policiers de cette unité à l’endroit où il avait caché l’arme du crime. Il leur a également remis le T-shirt qu’il portait. Il a ensuite été hospitalisé sous étroite surveillance. Ses proches n’ont pas souhaité faire de  commentaires.

 


 

La policière Lungar, qui l’a secourue : «Je n’ai fait que mon travail»

 

 

 

Elle a été reçue aux Casernes centrales avec les honneurs après son acte de bravoure. Anil Kumar Dip, commissaire de police par intérim, lui a d’ailleurs remis un Certificate of Bravery à cette occasion. La WPC Lungar est celle qui a sauvé la collégienne alors qu’elle se faisait agresser à l’arme blanche. «Je n’ai fait que mon travail», nous dit la jeune femme qui est affectée au poste de police de Goodlands. Elle explique qu’elle se trouvait dans un autobus lorsqu’elle est descendue pour porter secours à l’adolescente. «J’ai immédiatement ordonné au chauffeur de s’arrêter pour intervenir. Le garçon a agressé la fille avec un couteau lorsque le portable de cette dernière est tombé.»

 

Elle raconte que l’agresseur a pris la fuite après son intervention. Elle a, par la suite, prodigué les premiers soins à l’adolescente. «La fille était paniquée. Elle saignait abondamment. J’avais du tissue paper sur moi. Je les ai appliqués sur les plaies pour stopper l’hémorragie. J’ai tout fait pour la calmer, avant de l’embarquer dans une voiture pour l’hôpital. Nous nous sommes arrêtées en cours de route pour récupérer ses parents», explique la WPC Lungar.

 

La policière a été reçue aux Casernes centrales deux jours plus tard. Mariée à un policier et mère d’une fille de 5 ans, la jeune femme porte l’uniforme depuis maintenant 11 ans. Elle explique que ce n’est pas la première fois qu’elle fait preuve de courage et de détermination dans le cadre de sa fonction de policière qu’elle assume avec passion et par vocation. Elle raconte qu’un jour, en 2015, elle était en congé lorsqu’elle a repéré une voiture suspecte sur une station-service et a alerté ses collègues. Ces derniers ont, par la suite, arrêté deux suspects recherchés pour plusieurs cas de vol. «J’ai toujours fait mon travail avec honneur et passion. Je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin», confie la WPC Lungar. On ne peut que lui souhaiter de continuer une belle carrière dans la police.

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