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19 février 2023 11:27
Il semble souffrir le martyre sur son lit d’hôpital. Pour cause : Sanjay Bissoo, le plus âgé des rescapés du drame de Mare-Longue, a été sérieusement touché sur plusieurs parties du corps, notamment à l’estomac. Malgré tout, il tente tant bien que mal de se lever pour accueillir le Premier ministre, venu lui rendre visite à la Burns Unit de l’hôpital Victoria, à Candos, en ce vendredi 17 février – le PM a également rendu visite aux deux pèlerins admis à l’ICU Burns Unit et à Adriano Speville qui se trouve aux soins intensifs ; la santé de ce dernier n’inspirerait plus de vives inquiétudes (voir hors-texte). «Monn impe korek zordi. Douler mwin», nous confie-t-il, peu après.
La voix cassée, cet homme de 55 ans revient difficilement sur les événements tragiques de la veille où il a vu des pèlerins tomber sur l’asphalte lorsque le kanwar qu’ils portaient à tour de rôle a heurté une ligne de haute tension du Central Electricity Board (CEB) à Mare-Longue, alors qu’ils étaient en route pour chez eux, à Albion. Le bilan est lourd : deux morts et 15 blessés. Parmi ces derniers, un des fils de Sanjay, qui occupe d’ailleurs un lit juste à côté de celui de son père. Le jeune homme est toujours en état de choc. Cinq autres jeunes, plusieurs parties du corps recouvertes de bandages, sont admis dans la même salle. Difficile pour eux de parler, tant ils souffrent.
«Nou tou ankor dan sok. Ziska ler, nou touzour pa krwar seki finn ariv nou», lâche Sanjay, de la tristesse dans la voix. Le quinquagénaire revient sur les tristes événements du jeudi 16 février. Ce jour-là, raconte-t-il, ses deux fils et deux neveux étaient avec lui et le groupe de pèlerins. «Nou ti kit Albion mardi. Nou ti lor sime retour lakaz kan inn ariv sa maler-la. Nou ti fek koumans marse kan inn ariv sa.»
Sanjay se trouvait à l’intérieur du kanwar lorsque le haut a heurté une ligne de haute tension. «Nou ti a 9 andan pou sarye kanwar-la. Ti ena 4 andeor. Leres ti pe marse divan. Enn sel kout, nou tann pak kan enn bout Kanwar inn tous enn difil kouran. Mo pa rapel nanye apre sa», s’émeut-il. Lorsqu’il reprend connaissance, il est déjà à l’hôpital. «Enn mari sok sa. Mo panse sa 2 garson kinn desede-la inn gagn sa gro sok kouran-la an premye», suppose-t-il.
Pour lui, le choc a été terrible aussi bien sur le plan physique que psychologique. «Monn blese dan enn lipie. Mo 2 lame ousi ek mo lestoma inn bien brile. Bann dokter fini dir mwa ki zot pou fer loperasyon ar mwa lindi. Mo garson inn bizin fer test leker li. Linn bien brile li ousi, kouma lezot bann zenn ki ti ansam ek nou. Mo sagrin sa 2 zenes kinn desede-la», regrette Sanjay. Akash, son autre fils, a, lui, pu rentrer chez lui après avoir reçu des soins à l’hôpital mais ce jeune électricien se déplace à l’aide d’une béquille. «Tou sekinn perdi lavi pann brile ar dife. Zot inn brile ar kouran», avance-t-il. «Ti bizin pa tous ek sa.»
Selon la police, le Kanwar de ce groupe de pèlerins, fabriqué avec du bambou, du plastique et de l’aluminium, a pris feu juste après avoir touché une ligne de haute tension. Selon la police toujours, une lumière LED et une batterie de 12 volts ont également pris feu. Les premiers limiers mandés sur place ont également constaté qu’un bout de fil électrique pendait.
Selon Akash Bissoo, tous ceux qui étaient à l’intérieur ont d’abord entendu «bann spark», avant que «kouran trap nou». Et alors qu’il tente de se remettre du drame, le jeune homme dit être affecté par toute la polémique autour de leur kanwar. «Boukou dimounn pe koz enn bann koze lor bann rezo sosio san kone kinn pase. Nou kont lor lapolis pou fer lanket pou sitie bann responsabilite. Nou pa ti lev ni tous okenn kab difil CEB sa zour-la», allègue-t-il. «Nou ena foto kot trouve ki ti deza ena enn brin difil pe anpandan.»
Selon Akash, leur kanwar faisait 21 pieds de haut. «Nou group pa ti lev difil kan nou ti pas laba pou al Grand-Bassin. Ti ena 2 pli long Kanwar divan nou. Zot ti pas Mare-Longue avan nou. Mo ti fer plan Kanwar-la mo mem», se défend le jeune homme qui confie qu’il avait initialement conçu un autre modèle. «Noun bizin sanz model. Nounn pas boukou la nwit pou fer sa. Nou ti pe sarye Kanwar lor zepol. Dife-la inn pran la», détaille-t-il, tout en alléguant qu’aucun générateur n’aurait été retrouvé dans le Kanwar au moment où les pompiers éteignaient le feu. «Lambilans ti fini amenn nou tou lopital sa ler-la», confie Akash qui dit néanmoins apprécier le soutien psychologique apporté par les autorités à tous les rescapés. «Mo pe sey res for malgre tou», confie-t-il.
La police a déjà annoncé la tenue d’une enquête judiciaire pour déterminer les circonstances de ce drame qui a touché toute l’île.
Son pronostic vital ne serait plus engagé. C’est, du moins, ce que le Premier ministre Pravind Jugnauth a laissé entendre après lui avoir rendu visite à l’unité des soins intensifs de l’hôpital Victoria, le vendredi 17 février. Le jeune homme de 25 ans, habitant Cité-La-Cure, n’est plus intubé, dit-il. Il est toutefois toujours sous respiration artificielle.
Adriano Speville fait partie des rescapés du terrible drame de Mare-Longue. Il était sur le chemin de retour en compagnie du groupe de pèlerins d’Albion lorsqu’ils ont reçu une forte décharge électrique. Selon les proches d’Adriano Speville, ce dernier est un fervent dévot du dieu Shiva. Il effectue le pèlerinage jusqu’à Grand-Bassin chaque année, disent-ils.
Elle n’a pu accomplir son pèlerinage. La police a retrouvé une femme de 57 ans inconsciente sur la route après Avalon, à Bois-Chéri, dans la soirée du vendredi 17 février. Mandé sur place, le personnel du Samu a transporté cette habitante de Plaine-Magnien au casualty ward de l’hôpital de Rose-Belle où son décès
a été constaté. L’autopsie a conclu à une mort naturelle.
Outre le drame de Mare-Longue, la reprise du pèlerinage à Grand-Bassin dans le sillage de la fête de Maha Shivaratree après deux ans d’arrêt a également été marquée par deux accidents de la route. À Melrose, deux pèlerins ont été heurtés par une voiture. Le conducteur du véhicule s’est constitué prisonnier après le drame. À Pamplemousses, une policière a percuté un groupe de pèlerins. Elle a été testée positive à un alcotest. Elle avait 41 microgrammes d’alcool dans le sang au moment des faits.
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