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Un an après la mort «suspecte» de David Gaiqui - Claudette, 72 ans : «Mo anvi konn la verite lor lamor mo garson avan mo ferm mo lizie»

10 mai 2021

Cette habitante de Pointe-aux-Sables est convaincue que son fils a été victime d’un acte malveillant.

Le deuil d’un enfant est très difficile, voire impossible à faire. Claudette Gaiqui en sait quelque chose car elle ne croit pas qu’elle pourra un jour arrêter de pleurer son fils David. Le chagrin, immense, inonde son cœur à chaque instant depuis que ce dernier est mort dans des circonstances troublantes le 10 mai 2020. Selon un communiqué officiel de la police, David Gaiqui, 44 ans, s’était effondré devant l’hôpital Jeetoo. Son décès avait été constaté par un médecin de cet établissement hospitalier peu après. Le rapport d’autopsie indique que l’habitant de Pailles a succombé à une thrombose coronaire.

 

Une thèse à laquelle son entourage a quelques difficultés à croire, d’autant que David Gaiqui s’était fait pas mal d’ennemis au sein de la force policière en menant une campagne féroce contre les brutalités policières, une pratique dont il avait lui-même été victime. En janvier 2018, des photos de lui enchaîné nu à une chaise dans le bureau de la CID de Curepipe avait circulé sur les réseaux sociaux et de nombreux Mauriciens avaient été choqués par ce traitement inhumain et dégradant qui lui avait été infligé. À l’époque, David Gaiqui avait été arrêté pour une histoire de vol pour laquelle il a été disculpé par la suite. Depuis, il menait la lutte contre les policiers brutaux.

 

Ce lundi 10 mai, sa famille tient à marquer le premier anniversaire de sa mort comme il se doit. Ses proches vont d’abord, lors d’une messe, prier pour le repos de son âme, avant d’aller se recueillir sur sa tombe et y déposer des fleurs. Claudette, la mère de David Gaiqui, ne sait pas encore si elle pourra accompagner les siens au cimetière en raison de ses ennuis de santé. «Je suis diabétique. J’ai également des problèmes de vue. Je dois bientôt me faire opérer de la cataracte à l’hôpital de Moka», souligne cette dame de 72 ans.

 

«Enn mari sok sa...»

 

Son état de santé s’est aggravé depuis le décès de son fils David, dit-elle. «Enn mari sok sa. Ziska ler, mo touzour pa krwar ki David inn mor. Mo plore toulezour. Mo pa ti pou kas latet si li ti mor natirel. Li ti bien kan linn kit so lakaz. La polis pe dir linn tombe ek mor. Ki sann-la inn trouv li tombe ? Ki sann-la inn lev li ? Eski li ti fini mor kan linn tombe ? Tou sa bann kestion-la fatig mwa. Mo anvi konn la verite lor lamor mo garson avan mo ferm mo lizie !» martèle Claudette.

 

La septuagénaire est persuadée que son fils a été victime d’un acte malveillant. «Je n’arrive toujours pas à oublier la dernière image de mon fils sur son lit de mort. Il avait, entre autres, une grosse bosse sur la tempe droite ainsi que des ecchymoses à l’œil gauche. Je suis d’avis qu’il les a eus après avoir reçu un violent coup à la tête. C’est de cette façon qu’il est tombé, je pense. S’il était tombé de lui-même, comme le dit la police, il aurait eu le réflexe de se protéger le visage avec ses mains pour ne pas se blesser», avance-t-elle.

 

Interrogée sur cette affaire, le service de presse de la police explique que le dossier sera bientôt au bureau du DPP et que les enquêteurs se sont basés sur le rapport d’autopsie pour conclure que David Gaiqui a succombé à une thrombose coronaire. Mais Claudette et les siens ont toujours beaucoup de mal à le croire.

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