Publicité
25 juin 2015 03:50
Quelle analyse faites-vous de la victoire de l’Alliance Lepep aux dernières élections municipales ?
La date des élections municipales a été plus favorable au gouvernement. L’humeur de l’électorat lors des élections générales de décembre 2014 plane encore. Un renversement de tendance seulement six mois plus tard aurait été très surprenant. En outre, le programme proposé par l’Alliance Lepep a été plus attrayant en reliant les spécificités des villes et les priorités nationales, comme le développement des smart cities ou le soutien aux petites et moyennes entreprises. De nouvelles idées comme la création de zones piétonnières dans toutes les villes, les check-up médicaux gratuits, un code de déontologie pour tous les élus, l’utilisation de peintures adaptées au climat de Curepipe, un marché à Phoenix, le Hawkers Mall, la transformation de la rue Vandermeersch à Rose-Hill, entre autres, ont impressionné. Pour ma part, le programme du MMM proposait peu d’innovations sur des projets spécifiques dans chacune des villes. Les neuf piliers du programme du MMM ont tourné autour des zones traditionnelles d’intervention.
Votre avis sur la campagne...
Dans le domaine de la communication politique, l’Alliance Lepep a marqué plus de points. Son slogan, En toute confiance, était plus accrocheur que celui du MMM (Mo content mo la ville : mo vote l’équipe MMM.) Un slogan doit être convaincant et se connecter avec les gens. Malheureusement, le slogan du MMM ne résume pas l’essence de la campagne.
Les commentaires comme «L’après SAJ est déjà là» ont davantage mis en avant SAJ dans la campagne, provoquant plus de dommages au MMM. Et Ajay Gunness et Reza Uteem ont de la peine à s’imposer face à Bodha et Soodun.
Le score de 120-0 et l’absence de l’opposition sont qualifiés, par de nombreux observateurs, comme n’étant «pas bon pour la démocratie». Partagez-vous cet avis ?
Le succès d’une démocratie en fonctionnement repose sur une citoyenneté effective qui, à son tour, repose sur la diversité des opinions. La situation idéale serait d’avoir une opposition forte. Cependant, comme c’est le cas maintenant, le gouvernement devrait accueillir favorablement toutes les idées et les opinions divergentes, même au sein de sa propre équipe. Nos élus doivent impérativement prôner la transparence, avoir des discussions franches et honnêtes, au-delà de la démagogie, et avoir la capacité et le courage de s’opposer à des projets considérés inappropriés. Une consultation avec le public, y compris les opposants, sur des grandes décisions serait souhaitable.
Que signifie, selon vous, le fort taux d’abstention à ces élections ?
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les gens ne votent pas. Soit ils ne comprennent pas l’importance du vote. Soit ils sont indécis, en ont marre de la politique, ne trouvent pas les bons candidats pour les représenter. Soit ils considèrent que leur vote ne changera rien. Il est regrettable que les abstentions ne comptent pas. Dans certains pays, comme la France et l’Espagne, les bulletins de vote offrent une option supplémentaire, celle de ne choisir «aucun de ces candidats». Les électeurs peuvent ainsi manifester leur désaccord avec tous les candidats. À Maurice, l’abstention n’est pas un vote nay (non), ni un vote yae (oui). C’est juste un «pas de vote». Ainsi, le taux d’abstention n’est pas une référence pour approuver ou désapprouver le résultat. Néanmoins, l’abstention semble traduire une crise de la représentation et peut poser la question de la légitimité du pouvoir politique. Xavier-Luc Duval a raison de s’inquiéter !
L’absence du PTr à ces élections a-t-elle quelque chose à voir avec ce résultat ?
Pas du tout. Avec le Parti travailliste, le résultat aurait été pire. Navin Ramgoolam aurait dû ne rien dire. Son mot d’ordre lui a fait plus du mal à lui-même. C’est malheureux que l’ex-Premier ministre et beaucoup d’autres n’aient pas de stratégie de communication efficace. Quelquefois, même sir Anerood Jugnauth frôle l’émotion et gère mal sa communication verbale.
Quelle leçon le MMM devrait-il retenir de cette défaite ?
L’adversaire du jour est redoutable ! L’hémorragie est douloureuse. Business with a difference is desirable !
Paul Bérenger a proposé à son exécutif qu’il prenne du recul, mais le bureau politique a rejeté cette proposition. Qu’en pensez-vous ?
C’est Bérenger qui doit décider de ce qu’il veut faire. Il doit prendre ses responsabilités. La lourde défaite du MMM repose sur sa tête. Ses proches collaborateurs ont peur de leur propre avenir politique. Il est vrai qu’un éventuel départ de Bérenger serait difficile à gérer et que le successeur de Bérenger n’est toujours pas identifié. Le leader historique, malheureusement, n’a pas préparé sa succession.
Si son nom ne vous est pas inconnu, c’est parce qu’il a été pendant quinze ans à la tête de la Mauritius Family Planning and Welfare Association, jusqu’à sa démission en 2006. Sangeet Jooseery a aussi été le directeur exécutif de Partners in Population and Development à New York. Marié à Usha et père de deux enfants, Smita et Kentish, il met aujourd’hui son expérience au profit de High Plus Communication and Management Consulting.
Publicité