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14 septembre 2015 03:02
Rongé par le chagrin et la culpabilité, complètement épuisé, Ziad Kaudeer, 21 ans, fait peine à voir. La veille, il a passé quatre heures sur la table d’opération. En ce jeudi après-midi, son père Reza et les autres membres de sa famille entourent son lit d’hôpital, aux petits soins pour lui. Cela n’empêche pas le jeune homme de penser encore et encore au terrible accident qui a coûté la vie à son grand-père, dans la soirée du dimanche 6 septembre, et dans lequel plusieurs membres de la famille, dont lui-même, ont été blessés. C’est Ziad qui était au volant. Il emmenait ses proches à l’hôpital, car le plus jeune membre de la famille souffrait d’atroces douleurs au ventre.
Mais peu après qu’ils soient partis de chez eux, à Souillac, leur voiture est entrée en collision avec un autre véhicule. Le bilan est terrible pour la famille du jeune homme. Son grand-père est mort sur le coup, sa tante est dans le coma, sa cousine est blessée et lui-même souffre de plusieurs fractures. Terriblement bouleversé par ce drame, Ziad tente tant bien que mal de cacher sa douleur et son angoisse au reste de sa famille en ce jeudi après-midi. «Notre famille vit une terrible épreuve en ce moment. Nous sommes choqués, angoissés. C’est un calvaire», lâche tristement Reza Kaudeer, le père de Ziad et le fils de Mamood qui est décédé suite à l’accident.
Soudain, le visage de Ziad s’éclaire d’un sourire. Sa cousine Sharmeen, 17 ans, fait son entrée dans la salle 2.3, où il est admis, avec des béquilles sous les bras. L’adolescente, qui s’est fracturée une cheville, affiche aussi un œil au beurre noir. Elle s’assoit sur le tabouret à côté du lit et prend Ziad dans ses bras. Peu après, les deux cousins fondent en larmes. L’émotion est tellement forte que d’autres membres de la famille versent également quelques larmes devant ce déchirant spectacle.
«Pa bizin pran traka. Se kinn arive pa to fot. Aret kas to latet. Repoz twa. Inch Allah pu to bien vit», lance l’adolescente en serrant très fort son cousin. Quelques minutes plus tard, elle rejoint des proches qui vont la conduire directement chez elle à Souillac, accompagnée de son frère Shakeel, 11 ans, et de sa grand-mère Saberah.
C’est en conduisant Shakeel à l’hôpital, le dimanche 6 septembre, que l’existence de cette famille a basculé. Ce jour-là, le garçonnet a commencé à avoir des douleurs atroces au ventre dans la matinée. Ses proches l’ont alors conduit à l’hôpital de la localité pour qu’il y reçoive des soins. Là, le médecin de service lui a prescrit des calmants et a conseillé à ses parents de l’emmener à l’hôpital de Rose-Belle si les douleurs persistent, car celui de Souillac n’a pas tous les équipements nécessaires.
Dans la soirée, comme les douleurs ne s’arrêtent pas, ses proches décident de l’emmener à l’hôpital de Rose-Belle pour des examens avancés. Ziad, qui habite la même maison, au premier étage, se propose de les y conduire en voiture. Leur grand-père Mamood, 82 ans, Parween, la mère de Shakeel, et Sharmeen, sa sœur, accompagnent le petit. Il est environ 21h30 quand ils quittent leur lieu de résidence.
Quelques minutes plus tard, c’est le drame sur le pont de Bain-des-Négresses qui relie Souillac à Union Ducray. Ziad, qui a perdu connaissance après l’impact, ne se rappelle pas grand-chose : «Tout s’est passé trop vite. Je ne me souviens de rien car j’ai perdu connaissance. Je me rappelle juste avoir été aveuglé par le phare de l’autre voiture qui roulait en sens inverse. Puis, c’est le trou noir.» L’autre chauffeur, également en soins à l’hôpital, n’a pas souhaité commenter l’accident.
Lorsque Ziad revient à lui, les pompiers sont déjà sur place pour prodiguer les premiers soins aux blessés avant qu’ils ne soient transportés à l’hôpital de Souillac. Sur place, le décès de Mamood est constaté. Le cœur de l’octogénaire n’a pas tenu le choc. Ziad, étudiant en Maths à l’Université de Technologie, souffre de trois fractures à la jambe. Sharmeen s’est fracturée une cheville, en plus d’avoir reçu un violent coup au visage. Mais l’état de santé de sa mère Parween, femme au foyer, inspire de vives inquiétudes. Après son arrivée à l’hôpital de Souillac, la jeune femme, qui souffre de plusieurs fractures, a sombré dans un coma. Elle a alors été transférée à l’unité des soins intensifs de l’hôpital de Rose-Belle. Ses proches craignent le pire pour elle.
Son époux fait constamment le va-et-vient entre Souillac et Rose-Belle. «Dokter fini dir nu so leta bien kritik. Se laparey ki pe gard li an vi la», souligne son beau-frère Reza, qui est aussi le père de Ziad. Il explique que son frère est «dépressif», car toutes les tentatives pour réanimer son épouse se sont avérées vaines. Quant à Shakeel, il s’en est sorti sans blessures graves et a pu reprendre les classes.
Les funérailles de Mamood Kaudeer ont eu lieu au lendemain de l’accident. Depuis le drame, sa famille n’arrête pas de pleurer cet homme tant aimé. Ancien laboureur, Mamood vit à Souillac depuis 32 ans. Il est originaire de Rivière-des-Anguilles où son fils Reza est marchand de fruits. L’octogénaire lui donnait d’ailleurs un coup de main dans son commerce. «Mon père était en forme malgré son âge. Il était aussi un père et un grand-père exemplaire et formidable. Il nous a toujours donné des bons conseils et était respecté pour ses bonnes paroles. On ne se lassait jamais de sa présence. Il va beaucoup nous manquer», confie Reza tristement.
Aujourd’hui, tout ce que la famille souhaite, c’est que Parween sorte du coma et aille mieux. Afin de ne pas avoir à pleurer encore une fois un des leurs…
Il n’est plus sous perfusion et a recommencé à manger. Nihaal Mohadeb, 13 ans et habitant Rose-Belle, est admis à l’unité des soins intensifs de l’hôpital de Rose-Belle depuis le mercredi 9 septembre. Ce jour-là, vers 8h30, l’adolescent traversait la route pour aller prendre l’autobus lorsqu’il a été fauché par un van conduit par un habitant de Khoyratty, âgé de 46 ans. Il a subi un alcotest qui s’est révélé négatif. Nihaal Mohadeb a reçu un violent coup à la tête. «Li ena disan kaye de plas me dokter inn dir mwa ki so leta inn ameliore», souligne son père Nishan. Le personnel médical a enlevé la perfusion de son fils le vendredi 11 septembre. Mais l’étudiant en Form III au collège d’État Sookdeo Bissoondoyal reste aux soins intensifs pour le moment.
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