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Par Elodie Dalloo
15 février 2022 13:01
Il y a quelques mois, c’est avec joie et excitation qu’ils ont accueilli la nouvelle ; leur famille allait s’agrandir à nouveau. Déjà parents d’un garçonnet de 7 ans et d’une fillette de 11 mois, Laurent et Ashvina Clément, des habitants de Trou-aux-Biches, se réjouissaient à l’idée de donner un petit frère à leurs enfants. Mais alors que l’accouchement est initialement prévu pour le 23 février, la jeune femme de 28 ans accouche prématurément à l’hôpital du Nord, aux petites heures du matin, le jeudi 3 février.
Le bébé souffre alors de détresse respiratoire car sa mère avait développé du diabète pendant la grossesse. Mais après quelques jours à la nurserie, puis aux soins intensifs, le petit Miles se rétablit et est prêt à quitter l’établissement hospitalier pour retrouver sa famille à la maison. C’était sans compter une «grave faute médicale» d’un infirmier, qui a prolongé son séjour à l’hôpital du Nord. Laurent et Ashvina Clément reviennent sur ce drame…
Les souvenirs de ses deux précédents accouchements sont encore frais dans sa mémoire. C’est pourquoi Ashvina a immédiatement compris que l’arrivée de son petit garçon était imminente, le jeudi 3 février, lorsqu’elle a ressenti les premières contractions. Conduite d’urgence à l’hôpital du Nord, elle a donné naissance à un beau petit garçon qu’elle a prénommé Miles, aux alentours de 3h50. Malheureusement, elle n’a pas pu le prendre tout de suite dans les bras, le câliner, le dorloter ou lui donner son premier repas. «Mon enfant souffrait de détresse respiratoire parce que j’avais développé du diabète pendant ma grossesse. Les infirmiers m’ont informée qu’ils l’avaient conduit à la nurserie de l’hôpital. Je ne me suis pas inquiétée. J’étais convaincue qu’ils s’occuperaient bien de lui», confie Ashvina.
Durant les heures ayant suivi son accouchement, son premier visiteur a été son époux Laurent, impatient de rencontrer le petit dernier de la famille. «Je me suis rendu à la nurserie mais mon enfant ne s’y trouvait pas. Lorsque j’ai questionné les infirmiers, on m’a appris qu’il avait été transféré aux soins intensifs parce qu’il avait été pris de convulsions. J’ai voulu annoncer la nouvelle moi-même à mon épouse, de peur qu’elle s’inquiète», relate Laurent.
Faisant entièrement confiance aux médecins, ce n’est que le lendemain, soit dans la matinée du vendredi 4 février, que le couple Clément s’enquiert de l’état de santé du nouveau-né. «Son pédiatre m’a d’abord dit qu’il souffrait d’une infection. Lorsque je l’ai questionné davantage, il m’a expliqué qu’il avait fait une hémorragie à la tête après les convulsions. Ils l’avaient décelé après des examens médicaux. Miles a obtenu les soins nécessaires et son état s’est très vite stabilisé.»
Au bout de deux jours, il était déjà en pleine forme, prêt à obtenir sa décharge. Il devait d’ailleurs rentrer chez lui le lundi 7 février. Cependant, un terrible incident est venu tout chambouler. «Les infirmiers sont venus m’annoncer qu’une partie de son auriculaire gauche avait été accidentellement sectionnée lorsqu’ils lui ont enlevé son pansement. Je suis tombée des nues. Je n’ai pas compris comment une chose pareille avait pu se produire», s’insurge Ashvina. «Ils se sont excusés mais lorsque je me suis mise en colère, ils ont eu l’indécence de me dire qu’il ne s’agissait que d’une partie de son doigt.»
Durant les minutes ayant suivi ce grave incident, précise, pour sa part, Laurent, «on nous a recommandé de prendre une décision rapidement pour une intervention chirurgicale. Nous avons sollicité l’avis du médecin qui allait se charger de son opération et il nous a indiqué que recoudre la partie sectionnée comportait des risques de perte de sensation dans le doigt ou de gangrène. Nous avons donc préféré que le doigt de notre fils soit recousu tel quel».
Soupçonnant leur petit Miles d’avoir été victime d’une négligence médicale, ils n’ont pas tardé à réagir. C’est ainsi que Laurent s’est rendu au Police Post de l’établissement hospitalier afin de consigner une déposition et a retenu les services d’une avocate. Informé de ce cas, le ministère de la Santé n’a pas tardé à réagir. «Nous avons obtenu un rapport de l’hôpital et référé l’affaire au Medical Negligence Standing Committee pour que la lumière soit faite au plus vite. Un premier constat a établi que c’était flagrant qu’il y avait, en effet, eu une grave faute médicale. Les procédures ont déjà été initiées pour la suspension de l’infirmier responsable, en attendant que l’affaire soit bouclée», avance une source.
Ashvina et Laurent comptent, eux, suivre l’affaire de près. «Nou espere ki pran bann sanksyon sever kont seki finn fote. Nou pa anvi sa ariv lezot zanfan», lâche le couple. Hors d’elle, Ashvina lance : «Je veux savoir qui est responsable de ce qui est arrivé à mon enfant. Nous avons placé notre confiance en cet hôpital, ce n’est pas normal qu’une chose pareille s’y produise. Mon enfant est né avec tous ses membres. À cause de leur incompétence, il a perdu une partie de son doigt. Je ne sais pas quelles séquelles cela aura sur lui à l’avenir ! Si zot pa konpetan pou fer travay-la, zot bizin pa fer li !»
Le reste du séjour du petit Miles à l’hôpital du Nord ne s’est pas, non plus, déroulé sans encombre. «Après qu’on lui a cousu le doigt, mon fils a dû rester en observation pour la nuit. Ce n’est que le mardi 8 février que j’ai pu le prendre pour la première fois dans les bras et l’allaiter. Les médecins m’avaient informée qu’il devait aller mieux mais il était complètement affaibli. Li ti pe larg lekor», soutient-elle. Craignant que les infirmiers ne s’occupent pas bien de lui, encore plus après la négligence médicale alléguée dont l’enfant a été victime, elle n’a cessé de faire le va-et-vient entre son lit et la nurserie.
Ce n’est finalement que le vendredi 11 février, soit après plus d’une semaine d’hospitalisation, que mère et fils ont finalement pu rentrer chez eux, pour le plus grand soulagement du couple Clément. S’ils ont gagné la première bataille avec le premier constat du Medical Negligence Standing Committee, ils avancent être en possession d’autres preuves pouvant faire progresser cette enquête.
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