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Par Elodie Dalloo
26 octobre 2021 05:36
Elle n’a pas eu une vie facile. Après avoir perdu son époux il y a plus d’une vingtaine d’années, elle a aussi perdu son unique enfant qui était interné à l’hôpital psychiatrique de Brown-Sequard. Depuis, Salima*, 84 ans, était livrée à elle-même et vivait seule dans sa modeste demeure. À ses malheurs se sont ajoutés des problèmes de santé. Souffrant d’une infection à la jambe, elle s’est retrouvée dans l’incapacité d’effectuer ses tâches quotidiennes. Elle a ainsi sollicité l’aide de Yasin C., un habitant de sa localité. Mais après qu'il lui aurait escroqué de l’argent pendant plusieurs années sans qu’elle ne s’en rende compte, ce dernier aurait fini par abuser d’elle sexuellement à son domicile le jeudi 14 octobre. Il a été livré à la police par les proches de l’octogénaire cette semaine.
Lorsqu’elle a perdu son époux et son fils, Salima a eu l’impression de voir son monde s’écrouler. «Elle répétait sans cesse qu’elle n’avait plus personne, qu’elle était seule. Perdre son époux l’avait beaucoup attristée mais le décès de son fils l’avait anéantie», raconte une proche. Malgré tout, l’octogénaire a tenu bon. Mais en 2016, elle a commencé à avoir des complications de santé : «Elle souffrait de varices et cela a entraîné une infection. Elle devait souvent se rendre à l’hôpital pour ses pansements à la jambe. Puis, la blessure s’est tellement infectée qu’elle n’a plus été en mesure d’effectuer ses tâches quotidiennes. Elle se déplaçait avec beaucoup de difficulté.»
Vu que les autres membres de sa famille n’habitent pas le quartier, Salima n’avait personne pour l’assister. C’est la raison pour laquelle elle a fini par embaucher un habitant de sa localité, Yasin C., âgé de 39 ans. «Il s’occupait du jardinage, allait lui acheter ses commissions, effectuait ses transactions bancaires et l’accompagnait à ses rendez-vous médicaux. Ma tante lui faisait entièrement confiance et le considérait comme son propre fils», confie le neveu de Salima.
Au départ, la famille était rassurée de savoir que l’octogénaire avait trouvé quelqu’un pour s’occuper d’elle. «Nous avions l’impression qu’elle avait retrouvé en lui le fils qu’elle avait perdu. Elle se sentait moins seule», explique une proche. Toutefois, Yasin C. aurait fini par abuser de la confiance placée en lui. Le neveu de la victime, Riyad*, a récemment appris d’un autre membre de la famille qu’il avait récupéré tous les documents personnels de l’octogénaire – sa carte d’identité, sa carte de pension, des documents bancaires et sa carte d’hôpital – et refusait de les lui rendre. «J’ai dû me rendre sur place pour régler ce problème. Il a eu peur et m’a aussitôt remis les documents. C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte qu’il avait transféré toutes les économies de ma tante sur son compte bancaire personnel. Elle avait signé les documents nécessaires en pensant qu’il avait l’intention de créer un compte joint pour faciliter ses transactions bancaires.»
En discutant avec sa tante, son neveu constate également un changement dans son comportement : «Elle avait l’air traumatisée et ne pouvait même plus me regarder dans les yeux. Quand mon épouse l’a questionnée, elle a raconté qu’il y a quelques jours, le jardinier s’est introduit dans sa maison vers 22 heures pour lui montrer des vidéos pornographiques sur son cellulaire et qu’il avait prétendu qu’avoir des rapports résoudrait ses problèmes de santé.»
Tourmenté, Riyad est convaincu qu’elle ne lui avait pas tout dit «parce qu’elle avait honte». Ce n’est que le lendemain, lorsqu’il a reçu la visite de Yasin C., qu’il a découvert le pot aux roses. «Le motif de sa visite était de me convaincre de ne pas porter plainte contre lui pour escroquerie. Il promettait de nous rendre l’argent volé.» Questionné aussitôt sur les vidéos pornographiques qu'il aurait montrées à la vieille femme, Yasin aurait fini par reconnaître les faits. «Il m’a avoué avoir abusé d’elle à deux reprises. Cela nous a mis hors de nous. Mes fils voulaient s’en prendre à lui mais j’ai préféré le conduire au poste de police pour éviter que la situation ne prenne une tournure encore plus dramatique.»
Les aveux de Yasin C. ont également permis à la famille de l'octogénaire de comprendre comment il l'aurait manipulé pendant si longtemps. «Il avait tenté d’éloigner ma tante des autres membres de notre famille. Nous n’avions jamais compris pourquoi son portail était toujours cadenassé lorsque nous lui rendions visite. Pendant longtemps, nous ne l’avons pas rencontrée. Vu qu’elle ne sortait pas de chez elle, elle ne s’était pas non plus rendu compte qu’il l’avait enfermée. Il lui répétait aussi que les autres membres de notre entourage lui voulaient du mal et que les médecins lui amputeraient les jambes. Il l’a donc convaincue de ne plus sortir, en lui faisant croire qu’il était le seul à vouloir son bien», explique Riyad.
Après avoir passé la nuit en détention, le suspect a comparu devant le tribunal sous une accusation provisoire de viol. Il a ensuite été reconduit en cellule, la police ayant objecté à sa remise en liberté. Quant à l’octogénaire, elle a été hospitalisée. Son état de santé est jugé stable.
*Prénoms modifiés
Il a été arrêté par ses collègues le mercredi 20 octobre, après avoir été passé à tabac par une foule hostile. Un policier de 45 ans, affecté à la Special Supporting Unit (SSU), est soupçonné d'avoir tenté d’abuser sexuellement de la fille de sa compagne en 2020. La fillette, âgée de 10 ans, a rapporté les faits au poste de police de Goodlands et a été prise en charge par la Child Development Unit. Elle a été admise à l'hôpital et devra être examinée par un médecin. Dans sa déposition, elle a également soutenu que le vendredi 15 octobre, elle a été agressée par sa mère. Celle-ci l'aurait giflée, lui aurait donné des coups de poings et l’aurait griffée au visage, dans le cou et sur les bras, jusqu'à ce qu'elle saigne. L'enquête suit son cours.
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