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Un vendredi noir pour l’ancien PM

8 février 2015

Hormis une somme de Rs 5 millions, deux coffres-forts et des valises ont été saisis au domicile de l’ancien Premier ministre.

L’image de l’homme sûr de lui qui était à la tête du pays ces neuf dernières années n’est plus qu’un mirage. Depuis vendredi, Navin Ramgoolam a certainement vécu l’un des pires moments de sa vie.

 


Le leader du Parti travailliste (PTr) a été arrêté par le Central Criminal Investigation Department (CCID) dans la soirée de vendredi, après une perquisition à son bureau de la rue Desforges et à sa résidence de Riverwalk. Les dirigeants et les membres du PTr dénoncent une vengeance, un complot, une vendetta politique. Notamment quand ce soir-là, Me Yousuf Mohamed, l’avocat de l’ancien Premier ministre, se voit interdire une rencontre avec son client et ne semble pas être au courant de l’agenda de la police.

 


Navin Ramgoolam et les policiers venus à la recherche de documents dans le cadre de l’affaire Roches-Noires resteront retranchés dans la résidence historique de sir Seewoosagur Ramgoolam pendant près de quatre heures, alors qu’une foule hostile, composée d’opposants, de sympathisants rouges et de fauteurs de troubles, s’était massée à l’extérieur. Le ton est vite monté et les incidents se sont multipliés devant des policiers qui avaient visiblement des difficultés à maîtriser la situation, ayant du mal à évacuer l’ancien homme fort du pays et à calmer la foule qui se montrait de plus en plus agressive. La voiture de l’avocat Yousuf Mohamed a notamment été endommagée et Shakeel Mohamed a été agressé à coups de casque de moto.

 


La Special Support Unit (SSU) sera déployée en force dans la rue Desforges et ce n’est qu’à 20 heures que Navin Ramgoolam, qui sortira sous forte escorte policière, sera conduit aux Casernes centrales. Alors que l’état major du PTr se réunissait au square Guy-Rozemont, le leader des Rouges est apparu les cheveux ébouriffés, visiblement perdu et choqué quelques minutes plus tard, alors qu’on le conduisait vers sa résidence de Riverwalk pour une deuxième perquisition qui durera jusque tard dans la nuit. L’affaire prendra alors une autre tournure lorsque Rs 3 millions, en monnaie locale et en devises étrangères, seront retrouvés à son domicile, où deux coffres-forts et deux valises ont également été saisis. Un important dispositif a dû être mis en place pour les transporter aux Casernes centrales.

 


Le sergent Nobin du Police Press Office concédera finalement, dans la journée d’hier, samedi 7 février, avoir trouvé une somme de  Rs 995 000 en espèces, ainsi que  70 025 euros, 473 dollars, 11 765 livres sterling et 20 000 dollars en Traveller’s Cheques au domicile de Ramgoolam, soit un total de Rs 5 millions.

 


Après la seconde perquisition, Navin Ramgoolam est mis en état d’arrestation et conduit, une nouvelle fois, aux Casernes centrales aux petites heures du matin, avant d’être placé dans une cellule du centre de détention de Moka. Deux accusations provisoires sont retenues contre lui : conspiracy for effecting public mischief, dans le cadre de l’affaire Roches-Noires, et money laundering.

 


 

 

Réactions

 

Paul Bérenger : «En temps et lieu»

 


Sollicité pour une réaction sur l’arrestation de Navin Ramgoolam, le leader de l’opposition s’est refusé à tout commentaire. «Pas de déclaration pour le moment. Ce sera en temps et lieu», a-t-il simplement répondu.

 

 

Arvin Boolell : «Il a le soutien de tous ses proches»

 


«C’était un moment très difficile, pénible et très lourd émotionnellement, que ce soit pour Navin Ramgoolam ou pour tous ses amis et les membres du PTr. Comme c’est un combattant, il garde le sourire, mais après ces deux jours très intenses, Navin Ramgoolam est soulagé, mais aussi très fatigué. Il a le soutien de tous ses proches et s’en remet à la justice. Il croit dans le système judiciaire du pays et laisse la police faire son enquête.»

 

 

Nita Deerpalsing : «Les Mauriciens doivent être fiers du système judiciaire»

 


«Je n’étais pas à Maurice. Je venais de descendre de l’avion lorsque j’ai appris l’arrestation de mon leader. Les membres du parti se sont très vite mobilisés. Ce samedi 7 février va rester une date importante dans l’histoire du pays. La justice a suivi son cours malgré tout. Les Mauriciens doivent être fiers du système judiciaire.»

 

 

Yatin Varma : «Est-ce la concrétisation d’une promesse électorale ?»

 


«Suite à la manière dont l’arrestation de Navin Ramgoolam a été faite, je remets en question l’état de droit dans lequel nous vivons. Je déplore la façon de faire de la police. Rakesh Gooljaury et son épouse ont eu un red carpet treatment lors de leur interpellation, dont l’une en catimini. Je me demande si l’arrestation de Navin Ramgoolam et les heures qu’il a passées en cellule ne sont pas juste la concrétisation d’une promesse électorale de SAJ. Quelle urgence y avait-il vendredi pour que la police agisse de la sorte ? N’aurait-elle pas pu téléphoner à l’avocat de Navin Ramgoolam au lieu de faire tout un tam-tam ? On fait confiance à la justice et au PTr, on est solidaire à plus de 100 %.»

 

 

Françoise Labelle : «J’ai honte pour mon pays»

 


«Quand quelqu’un est à terre, on ne lui lance pas des pierres. Je suis choquée par la manière dont l’arrestation de Navin Ramgoolam s’est déroulée. J’ai honte pour mon pays. C’est un scénario qui s’est produit dans d’autres pays d’Afrique. Mais là, ça se passe chez nous. Je déplore la façon de faire de la police. Soit elle a été incapable d’assurer la sécurité de l’ex-Premier ministre jusqu’au bureau du CCID et qu’elle a démontré son incompétence, soit elle a agi de la sorte délibérément. La convocation de l’ex-PM n’a rien à voir avec celle de Rakesh Gooljaury. Ce qui me pousse à dire que la police peut faire les choses dans la discrétion quand elle le veut. Quant à l’argent découvert chez lui, ce n’est pas un délit d’avoir de l’argent chez soi. Pour autant faut-il pouvoir démontrer d’où celui-ci provient.»

 

 

Johnson Roussety : «Bonne expérience à Navin Ramgoolam»

 


«De Rodrigues, je suis cette actualité de près. Lorsqu’il était PM, Ramgoolam a assisté à l’arrestation de politiciens et journalistes appréhendés de façon arbitraire. En 2012, quatre membres de mon parti avaient été arrêtés injustement. Moi-même j’ai été traduit dans le box des accusés. C’est à Ramgoolam de savoir ce que cela fait de s’y retrouver. Je lui souhaite une bonne expérience. Mais il faut aménager une cour de justice pour traiter les cas où les politiciens sont impliqués.»

 

 

Dev Virahsawmy : «C’est une vengeance»

 

 


«Je suis solidaire avec Navin Ramgoolam. Il est avant tout un ami. Il est victime d’une persécution systématique. Je suis attristé que des Mauriciens donnent l’impression qu’ils sont assoiffés de sang. On parle de démocratie, mais c’est la vengeance qui prime en ce moment. Si l’ex-PM a fauté, c’est aux tribunaux de le juger. Tout citoyen de notre République est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire.»

 

 

 

Joe Lesjongard

 

 


«Toute personne est innocente avant qu’on vienne prouver le contraire. Il y a une justice dans ce pays, il faut la laisser suivre son cours.»

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