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Une bagarre familiale vire au drame à Batterie-Cassée

2 décembre 2014

Les rêves de Christine Perrine sont brisés à jamais.

Depuis que leurs regards s’étaient croisés il y a trois ans, ils ne s’étaient plus jamais quittés. Très amoureux, Christine Perrine et Darnley Jolicœur étaient inséparables et profitaient de la vie à deux avec joie malgré la pauvreté contre laquelle ils luttaient au quotidien. La naissance de leur fille Taylor, il y a quatre mois, était venue compléter leur bonheur. Grâce à cette naissance, la petite famille écrivait une nouvelle page de son histoire et elle avait des projets plein la tête. Plus que tout, Christine, 17 ans, et Darnley, 23 ans, voulaient officialiser leur union par un beau mariage.

 


Malheureusement, une bagarre familiale dans la nuit du jeudi 27 novembre a fait voler en éclats les rêves de cette famille. Darnley Jolicœur a été mortellement agressé par Marguetson Legentil, l’oncle de Christine Perrine. Le meurtrier présumé a également blessé la mère de la jeune femme ainsi que son frère Joekenson Perrine, qui lutte depuis contre la mort à l’unité des soins intensifs de l’hôpital Jeetoo (voir hors texte).

 


Face à ce drame qui la frappe de plein fouet, Christine Perrine est effondrée. «Mon oncle a tué l’homme que j’aimais et a privé ma fille de son père à tout jamais. Il a brisé ma famille», pleure-t-elle amèrement. Ce soir-là, avance-t-elle, son oncle, qui serait de nature violente, se serait montré particulièrement grossier après avoir consommé de l’alcool. «Il est incontrôlable lorsqu’il se saoule. Plus tôt dans la soirée, il n’arrêtait pas de lancer des jurons aux membres de notre famille. Mais nous n’avons pas riposté afin d’éviter les ennuis», raconte Christine Perrine d’une voix brisée par le chagrin. Mais aujourd’hui, elle regrette de n’avoir pas réagi. «Si on lui avait demandé de partir à ce moment-là, mon compagnon serait toujours en vie.»

 


Maintenant, la jeune femme doit se projeter dans l’avenir sans celui qu’elle aimait tant. Elle doit surtout trouver le moyen d’élever sa petite Taylor sans le soutien affectif et financier du père de cette dernière. «Je suis au chômage. Comment vais-je subvenir aux besoins de ma fille ?», se demande-t-elle, perdue dans ses pensées.

 


«Il était tout pour moi»

 


Et dire qu’il y a peu, l’avenir souriait à Christine et Darnley car, en plus d’être devenus parents, ils avaient réussi à construire leur petit nid d’amour, une maisonnette en tôle, sur un lopin de terre appartenant à l’État, à Cité-la-Cure. «Nous avions prévu de nous y installer dans deux semaines. Tout était déjà prêt. Darnley travaillait comme maçon et ne gagnait pas beaucoup et nous n’arrivions pas à économiser le moindre sou en raison du loyer. Pour alléger notre fardeau, nous avons décidé de faire comme les autres et de construire une petite maison en tôle sur les terres de l’État», explique Christine.

 


La prochaine étape de leur conte de fées était le mariage tant désiré l’année prochaine. «Comme je suis encore mineure, nous avions prévu de nous marier civilement l’année prochaine quand j’aurais eu 18 ans. Puis nous projetions de nous rendre à Rodrigues durant quelques jours pour rendre visite à sa famille.»

 


Aujourd’hui, il ne reste plus à Christine que les souvenirs de cet amour qu’elle chérira pendant longtemps encore. C’est en 2011 que Darnley et elle se sont croisés pour la première à une fête d’anniversaire à Baie-du-Tombeau. De fil en aiguille, à travers les nombreux appels téléphoniques et SMS échangés, et les rencontres qui ont suivi, les jeunes gens sont tombés fous amoureux. Puis, les tourtereaux ont décidé de s’installer ensemble au domicile de la jeune fille à Batterie-Cassée. «Nous étions heureux ensemble et avons décidé par la suite de voler de nos propres ailes. Nous avons loué une petite maison qui se trouve dans la même cour que celle de ma mère. Darnley travaillait dur pour qu’on ne manque de rien. Il était tout pour moi.»

 


Originaire de Rodrigues, la victime avait quitté son île natale dans le but de trouver un emploi à Maurice. Passionné de musique, il était surtout connu pour ses talents de slameur. «Il adorait le slam et s’efforçait de transmettre cet amour aux jeunes de notre entourage. C’était un être exceptionnel.»

 


Dans son malheur, Christine doit surmonter un autre chagrin : celui de ne pouvoir assister aux funérailles de l’homme de sa vie. La dépouille de ce dernier a été rapatriée à Rodrigues, hier, samedi 29 novembre, par ses proches qui avaient fait le déplacement dans l’île après ce décès brutal. «Ma fille n’a même pas pu voir son père une dernière fois. Même si elle n’est encore qu’un bébé, je tenais à ce qu’elle le voie. Quant à moi, je lui ai rendu un dernier hommage à la morgue de l’hôpital Dr Jeetoo.»

 


Même si son cœur saigne et qu’elle ne sait pas de quoi demain sera fait pour elle et sa petite fille, Christine souhaite ardemment une chose : que ce crime ne reste pas impuni. «Justice doit être rendue au père de mon enfant. Mon oncle doit payer.»

 


 

 

Le meurtrier présumé Marguetson Legentil admis à l’hôpital

 

Il aurait tenté de s’enfuir après avoir commis le meurtre. Mais il a été rattrapé par les habitants de Batterie-Cassée qui l’ont roué de coup avant de le livrer à la police. Blessé, il a été admis à l’hôpital Jeetoo par la suite. La police attend que les médecins lui donnent le feu vert pour enregistrer sa version des faits.

 


C’est l’année dernière que Marguetson Legentil, originaire de Rodrigues, s’est installé à Maurice, chez des proches à Cité-la-Cure. Séparé de sa femme, il ne serait pas inconnu des services de police rodriguais. Il aurait notamment agressé son épouse à l’arme blanche et abusé sexuellement d’une fillette de 12 ans.

 


 

Le jeune homme est admis à l’hôpital Jeetoo.

 

 

Joekenson Perrine entre la vie et la mort

 

Sa mère Florette : «Que Dieu épargne mon fils»

 

Elle a assisté impuissante au meurtre de son beau-fils alors qu’il tentait de la protéger de son propre demi-frère, Marguetson Legentil, 50 ans. Ce dernier, qui avait décidé de passer la nuit chez sa demi-sœur  Florette Perrine, après une beuverie, serait entré dans une rage folle en entendant des cris d’enfants.

 


«Mes deux petits-enfants se bagarraient pour des friandises. Leurs parents essayaient de les rappeler à l’ordre et mon frère en a profité pour leur lancer des injures. Nous avons essayé de le calmer, en vain. Mon gendre Darnley est alors sorti de chez lui, avec son bébé dans les bras, pour venir voir ce qui se passait. Il a également essayé de ramener mon frère à la raison. C’est là que ce dernier a sorti une arme tranchante de sous sa ceinture et a poignardé mon gendre. Darnley a juste eu le temps de remettre sa fille à mon fils Joekenson avant de s’écrouler. Mais mon fils a alors reçu un coup de couteau à l’abdomen. J’ai moi aussi été blessée, à la jambe», soutient Florette.

 


Joekenson Perrine a été admis à l’unité des soins intensifs de l’hôpital Jeetoo. Son état est jugé très sérieux. «Il a subi une délicate intervention chirurgicale peu de temps après son admission. Son état de santé s’est quelque peu stabilisé. Dieu doit l’épargner», pleure Florette. Suite à ce drame familial, elle a été entendue par les enquêteurs pour expliquer les circonstances de
cette bagarre qui a brisé une famille.

 


Très proche de son gendre, Florette est très affectée par son décès tragique. «Il était tellement disponible, c’était quelqu’un sur qui je pouvais compter. Le plus dur à accepter est le fait que ma petite fille sera privée de l’amour de son père pour toujours. Darnley ne méritait pas de connaître une telle fin.»

 

Florette Perrine a également été agressée par son demi-frère.

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