Publicité
Par Elodie Dalloo
2 juillet 2023 17:19
Elle avait des bleus au visage et sur tout le corps. Lorsque les médecins l’ont examinée de plus près, ils ont constaté qu’elle avait des cicatrices, ainsi que des blessures encore fraîches, sur le postérieur et au menton. Des traces de morsures ont aussi été décelées sur son petit corps fragile. Agée de tout juste deux ans, cette fillette semble avoir vécu le martyr au cours de ces deux dernières semaines, soit après avoir été sous la responsabilité d’un couple domicilié à Roche-Bois. L’homme et la femme, qui sont des amis de la mère de la petite victime, auraient été choisis comme tuteurs légaux après que celle-ci est allée dans un centre de désintoxication. Interpellé, le couple nie les faits qui lui sont reprochés et a été autorisé à regagner son domicile. Cependant, la fille de l’homme, qui est âgée de 14 ans, a déclaré à la police avoir été témoin de toutes les punitions corporelles que son père et la compagne de ce dernier lui auraient fait subir.
En début de soirée, ce jeudi 29 juin, une habitante de Cité Roche-Bois, proche du couple, raconte s’être rendue à leur domicile après que d’autres proches l’ont informée que cet homme et sa compagne, qui seraient des toxicomanes, auraient torturé une fillette de deux ans leur ayant été confiée il y a un peu plus d’une semaine. «Kan monn arive, lapolis ti deza la. Mo bann fami ti fini sonn zot pou dir zot ki zanfan-la ti pe gagn bate. La mère de l’enfant étant en cure, je me suis portée volontaire pour conduire la fillette à l’hôpital en voiture.» Sur place, dit-elle, «bann dokter-la finn bien pran zanfan-la kont. Lorsqu’ils ont examiné en ma présence, ils ont constaté que l’enfant avait non seulement des ecchymoses sur le visage et sur le dos, mais aussi des blessures encore fraîches et des traces de morsures sur le postérieur. La fillette était également blessée au menton ; une blessure qui, selon le médecin, aurait nécessité des points de suture, mais elle n’avait jamais été conduite à l’hôpital. Elle avait aussi des ulcères dans la bouche, qui se sont formés après qu’elle a reçu des coups. Kan mo finn trouv sa, monn fini konpran ki se pa bann mark kot zanfan-la finn tonbe. Li kler ki li ti enn zanfan maltrete. » A ce moment-là, la fillette, qui pouvait à peine s’exprimer, n’a pas été en mesure d’expliquer ce qui lui était arrivé.
Dès le lendemain, soit le vendredi 30 juin, notre interlocutrice, ainsi que d’autres membres de cette famille, ont accompagné la mineure de 14 ans à la Child Development Unit (CDU) pour qu’elle dénonce ce cas de maltraitance dont elle a été témoin. Les parents de cette dernière étant séparés, l’adolescente vivait avec son père et la compagne de ce dernier, désignés récemment comme tuteurs légaux de la fillette. Il était prévu que le couple s’occupe de l’enfant pendant les six prochains mois, le temps pour sa mère de faire une cure de désintoxication, mais les choses ne se sont pas passées comme prévu. «L’adolescente avait pris des photos des blessures de la fillette et les a remises aux autorités.» Dans sa déposition, elle a expliqué aux enquêteurs le martyr qu’aurait vécu l’enfant. «L’adolescente a raconté que lorsque la fillette ne voulait pas obéir, ils la punissaient en utilisant une règle en métal, qu’ils chauffaient au préalable, et la frappaient sur le postérieur. D’ailleurs, elle en porte encore les cicatrices. Le couple l’aurait aussi giflée et donné des coups de poing au visage à plusieurs reprises.» D’après la mineure, «ils l’auraient aussi déjà plongée dans un aquarium jusqu’à ce qu’elle éprouve des difficultés à respirer et laissée sans nourriture pendant plus de 24 heures.» Néanmoins, ce couple serait allé bien plus loin. «La fillette errait bien souvent dans la maison sans couches. Il est déjà arrivé qu’elle fasse ses besoins sur le lit et pour lui donner une correction, ils l’auraient fait ingurgiter ses excréments. Lorsqu’elle a tout régurgité, ils l’auraient même forcée à ravaler son vomi. Ce qu’on lui a infligé est cruel et inhumain ! Zanfan-la so mama finn kit li avek zot, finn fer zot konfians.»
Lorsque ces faits se sont produits sous les yeux de la mineure, relate notre interlocutrice, «elle n’a pas tout de suite su quoi faire.» Sans compter que «le beau-père de la fillette l’appelait régulièrement en appel vidéo pour prendre de ses nouvelles, mais le couple faisait en sorte de dissimuler ses ecchymoses. Zot ti pe mem mett fon de tin lor so figir.» Ne supportant plus de voir souffrir l’enfant, la mineure a fini par se confier à sa mère. C’est ainsi que d’autres proches sont venus sur place pour sortir l’enfant des griffes de ce couple. Ce que déplore notre interlocutrice, c’est que «les officiers de la CDU auraient dû faire le déplacement immédiatement lorsque nous les avions alertés ce jeudi. Ils ne sont jamais venus sur place, prétextant que leurs agents n’étaient pas disponibles, et avaient promis de se rendre à son chevet à l’hôpital le lendemain. Cependant, ils ne sont jamais venus et nous avons, nous-mêmes, dû nous déplacer jusqu’à leur bureau pour consigner une déposition. La police n’a pas, non plus, pris des photos des blessures de la petite lorsque le médecin l’a examinée.» Elle poursuit : «Ce qui est arrivé est bien grave. Je suis, aussi, une mère de famille et ne peux tolérer de tels actes. J’espère que la justice prend cette affaire au sérieux, et que les coupables seront arrêtés. Zanfan-la inosan.»
Alertée, la mère de la fillette s’est rendue à la CDU de Port-Louis, dans le cadre de cette affaire. Le ministère de l’Egalité des genres et du Bien-être de la famille, également informé, dit prendre cette affaire très au serieux. Il a fait émettre un Emergency Protection Order pour que l’enfant soit placée sous sa tutelle. En attendant, la petite est toujours hospitalisée. La police poursuit son enquête.
Ils l’avaient conduit à l’hôpital Victoria, à Candos, le samedi 24 juin, mais les médecins n’avaient rien constaté d’anormal. Bien que les parents de ce petit garçon de 4 mois aient insisté pour des tests approfondis, le personnel les a rassurés et les a recommandés de rentrer chez eux, en ne prescrivant au nourrisson que du sirop Panadol. Quatre jours plus tard, soit ce jeudi 29 juin, l’état de santé du bébé s’est détérioré alors qu’il se trouvait à la garderie. En allant donner son biberon à l’enfant, peu après la mi-journée, la directrice de l’établissement s’est rendu compte qu’il avait du mal à respirer. Alertés, les parents sont venus récupérer l’enfant et l’ont conduit à l’hôpital à nouveau, mais son décès y a été constaté. Une autopsie a attribué sa mort à une bronchopneumonie. Sa famille, qui estime qu’il s’agit de cas de négligence, compte porter plainte contre l’établissement hospitalier bientôt. Le ministère de la Santé, informé de ce cas, compte réclamer un rapport à l’hôpital avant de déterminer si une enquête sera nécessaire.
Publicité