Publicité

Une lettre anonyme relance l’enquête sur la mystérieuse disparition de Salma Mungur : Latiff, son époux : «Comment peut-on croire que je l’ai tuée ?»

6 juin 2016

Latiff dit vivre un véritable calvaire au quotidien depuis que son épouse est portée disparue.

«J’ai eu la honte de ma vie», martèle-t-il. Le ciel couvert de Camp-Diable en ce début de soirée de vendredi n’arrange en rien l’état d’esprit de Latiff. Ce dernier, âgé de 67 ans, vient de rentrer de son assar(NdlR : la prière des musulmans en fin d’après-midi) lorsque nous le rencontrons. Il ne tarde pas à exprimer sa colère et sa révolte depuis que plusieurs unités de police ont effectué une descente à son domicile, à SSR Lane, la veille. Cette intervention faisait suite à la réception d’une lettre anonyme alléguant que Latiff a tué son épouse Salma avec la complicité de ses deux fils – Riad, 42 ans, employé à l’Independent Commission Against Corruption,et Rehman, 41 ans, sergent de police fraîchement nommé –, avant de jeter sa dépouille dans la fosse septique familiale.

 

«Comment peut-on croire que j’ai tué ma femme ?» lâche cet ancien Laboratory Attendant,qui a travaillé dans deux collèges d’État de l’île. «Mo lespri pa anplas. Seki finn pase yer finn tromatiz mwa. Lapolis inn pran mwa kouma kriminel, amenn mwa stasion pou pran lanket. Pe akiz mo bann garson kitsoz nou pa finn fer. Nou fami respektab dan Camp-Diable. Laont lor nou. Mo pe bizin marse latet anba kan al moske. Mo fami net dan tristes. Ala enn lot ramadan ki nou pe fer dan sagrin», confie-il.

 

Cela fait plus de deux ans qu’il n’a plus de nouvelles de son épouse Bibi Salma Mungur qui était saine d’esprit.Le 3 mars 2014, cette habitante de Camp-Diable, âgée de 56 ans, a disparu dans des circonstances qui plongent les siens dans le flou. Ce jour-là, Bibi Salma Mungur, femme au foyer, s’est réveillée comme d’habitude à 3 heures du matin pour faire la tahajub,une prière volontaire accomplie dans le dernier tiers de la nuit. Latiff, lui, s’est ensuite rendu à la mosquée pour faire la fajr,soit la première prière quotidienne des musulmans vers 3h45. Mais vers 5h30, Rehman, un de ses deux fils, remarque qu’une porte se trouvant à l’arrière de la maison est ouverte alors qu’elle ne l’est pas d’habitude. Une cuvette contenant des vêtements est posée à côté de la ros lave.

 

«Où est mon épouse ?»

 

Pensant que sa mère prie dans sa chambre, il ne s’inquiète pas et se rend dans la cuisine. Mais c’était sans savoir qu’il n’aurait plus jamais de ses nouvelles. La dernière personne ayant vu Bibi Salma Mungur étant son époux, quelques heures plus tôt. Depuis qu’elle a mystérieusement disparu, les Mungur ont toujours écarté la thèse du suicide car, selon eux, Bibi Salma Mungur aimait trop ses enfants et ses deux petits-enfants pour mettre fin à ses jours.

 

«Tous les jours, j’implore Allah pour qu’il me dise où se trouve mon épouse. Je veux savoir si elle est vivante. Je me rends souvent au cimetière de la localité. À chaque fois, je rentre chez moi complètement effondré. Je n’arrive pas à entrer au cimetière alors que je viens à chaque fois avec un bouquet. Où le déposer ? C’est la question que je me pose à chaque fois avant de rentrer à la maison en larmes. Mon épouse et moi avions l’habitude de quasiment tout faire ensemble depuis que nous nous sommes mariés», confie Latiff, qui est également papa d’une fille, la jumelle de Rehman.

 

L’attente est longue et affecte sa santé. Au fil de ces deux dernières années, dit-il, son état de santé – Latiff est cardiaque – s’est aggravé. Il a d’ailleurs dû être hospitalisé le 13 septembre dernier. Cela, après que sa famille eut fait l’objet d’une première lettre anonyme l’accusant d’avoir commis un acte malveillant sur son épouse afin de disposer de ses biens. «La police a interrogé tous nos voisins. L’auteur de cette lettre a induit la police en erreur une première fois. Selon nos informations, il l’avait postée à Quatre-Bornes. Mais les images des caméras CCTV seraient floues. La deuxième lettre a également été postée à Quatre-Bornes. J’invite le commissaire de police à initier une enquête sur l’expéditeur. Il est possible qu’il ait commis quelque chose de grave et qu’il tente de détourner l’attention vers nous pour que la police ne remonte pas jusqu’à lui», soupçonne Latiff.

 

Principaux suspects

 

Le sexagénaire se demande, en outre, si la police a relevé des empreintes sur les deux lettres : «C’est bien que la police ne lâche pas prise. Je déplore toutefois le fait que mes fils et moi sommes considérés comme les principaux suspects à chaque fois. C’est trop facile de nous accuser. Que compte faire la police s’il y a d’autres lettres anonymes nous incriminant ? Je précise que tous les éléments figurant dans les deux premières lettres ont fait l’objet d’une enquête minutieuse de la police, mais que celle-ci n’a rien donné, car le contenu est totalement faux.»

 

Une source aux Casernes centrales nous informe que ces lettres anonymes sont considérées comme de nouveaux éléments de l’enquête qui est toujours en cours. D’ailleurs, le service de presse de la police a lancé un nouvel avis de recherche en avril.

 

Reste que Latiff, lui, digère très mal la fouille effectuée à son domicile. C’est la raison pour laquelle il envisage d’écrire une lettre à la Commission nationale des droits de l’homme pour dénoncer «l’humiliation»dont il se dit victime. Le sexagénaire envisage également d’écrire au Premier ministre, à la présidente de la République et au commissaire de police afin de solliciter une rencontre avec eux pour leur faire part de ses doléances.

 

Car en sus de la mystérieuse disparition de son épouse, il doit faire fasse à des accusations qui, dit-il, sont fausses. Mais malgré tout, il garde l’espoir de revoir vivante celle dont il a partagé la vie pendant plus de 40 ans.

 


 

Avis de recherche

 

À ce jour, toutes les recherches en vue de retrouver Bibi Salma Mungur se sont avérées vaines. La dernière fois que la quinquagénaire a été vue, elle portait un churidarbleu, un pantalon noir et des savates en cuir. Toute information la concernant doit être communiquée à la Police Information Room en téléphonant au 999, au 208 0034 ou au 208 0035, ou en contactant le poste de police le plus proche.

Publicité