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«Unlockdown» graduel du pays : Mon travail en ce temps de confinement

15 mai 2020

Gilles Faustin, électrotechnicien parle de sa réalité.

Ils n’attendent que ça : pouvoir reprendre le chemin du travail après plus d’un mois d’inactivité. Car avec la mesure de confinement mise en place pour combattre la propagation du virus, plusieurs entreprises et secteurs s’étaient retrouvés à l’arrêt étant dans l’incapacité d’opérer, le personnel devant rester à la maison comme le stipulent les consignes de sécurité. Mais plus le temps passe, plus la situation devient difficile. Et cela, même si les autorités ont mis en place des plans d'aide pour les Mauriciens qui ne pouvaient pas travailler ces derniers temps.

 

C’est en répondant à la Private Notice Question (PNQ) d’Arvin Boolell, le leader de l’opposition, ce mardi 5 mai, que le Premier ministre Pravind Jugnauth a fait savoir que la Mauritius Revenue Authority (MRA) a déboursé Rs 5,6 milliards pour le Wage Assistance Scheme et le Self-Employed Assistance Scheme, afin de venir en aide aux employés du secteur formel et aux travailleurs du secteur informel en ces temps de confinement. Suite à une question de Richard Duval, député de PMSD, le PM a révélé que 7 492 permis ont été délivrés du 22 mars au 4 mai, ce qui a permis à 182 595 personnes des secteurs public et privé de se rendre sur leur lieu de travail.

 

Dans le sillage de l’annonce du gouvernement pour un déconfinement par phase pour certains secteurs le 15 mai, l’Attorney General Maneesh Gobin a annoncé que le retour au travail se fera par étapes et a ainsi indiqué que les personnes ne pourront se déplacer qu’avec un Work Access Permit délivré par la police. Les travailleurs indépendants comme les soignants, les plombiers, les planteurs et les pêcheurs, détenteurs d’une carte professionnelle, sont ainsi concernés. Ce service sera digitalisé pour un octroi rapide des permis de déplacement.

 

Gilles Faustin, Self-Employed et électrotechnicien qui compte 15 ans d’expérience dans le domaine, fait partie de ceux qui ont tout enclenché pour reprendre le chemin du travail. «J'accueille favorablement cette mesure parce que beaucoup de personnes comme moi pourront se remettre à nouveau debout», lance ce père de famille. Mais une question le taraude : «Est-ce que le flux de travail sera toujours pareil avec le spectre de la crise économique qui plane actuellement sur le monde du travail ?»

 

Après de longs jours de confinement, il est d’attaque : «Avec deux enfants, les choses n'étaient pas faciles. Il a fallu se serrer la ceinture mais heureusement, j’ai pu faire face jusqu’à présent.» Avec les risques de contamination qui existent toujours et les consignes de sécurité à respecter, l’électrotechnicien sait qu’il devra désormais faire avec de nouvelles habitudes : «Je ne vais pas me déplacer sans mon masque. Les gants ont toujours été d'actualité pour moi et je sais aussi que la distanciation sociale sera désormais de rigueur. Et une fois rentré à la maison, je vais laisser mes équipements dehors pour être désinfectés.»

 

«La situation est difficile»

 

D’un secteur à un autre, l’envie de se remettre au travail est palpable. Déjà au boulot, la main dans la terre, c’est de son champ de légumes à The Vale, Fond-du-Sac, que Gorahbye Maudarbocus accepte de se livrer. «La situation est difficile», lâche le planteur qui comptabilise 35 longues années au service de cette profession. «Cette crise est sans précédent.» Si le confinement et tout ce qui va avec l'a privé d’entretenir comme il le faut son champ, il dit faire tout pour permettre à ses clients de s’approvisionner en légumes : «J'ai des bringelles ou encore des giraumons, entre autres, que je vends à un prix habituel, alors que d’autres personnes, certains même qui sont venus acheter des légumes avec moi, les vendent à des prix plus élevés.»

 

Mais il y a une ombre au tableau, ce qui l’empêche de vite se remettre en selle. «Il y a un manque accru de semence actuellement sur le marché et, du coup, on ne peut pas se remettre au travail. Ces derniers temps, beaucoup de personnes se sont mises à travailler la terre, ce qui peut expliquer le manque de semence. J’espère vraiment que ce problème sera vite résolu.» Gorahbye Maudarbocus espère que cette période difficile sera vite chose du passé.

 

Ce souhait, Marie-Eliane Grand-Paul, Carer, elle aussi au travail malgré le confinement, le partage également. Elle parle de son emploi avec passion et est heureuse de pouvoir l’exercer en cette période difficile pour son équilibre personnel, pour joindre les deux bouts mais aussi pour la personne qu’elle aide. «Je suis garde-malade depuis plus de 20 ans et je fais partie de l’équipe d’Angels, firme qui s’occupe des personnes âgées, depuis cinq ans. Avant, je travaillais à mon compte, c’était un peu la galère. Je m’occupe d’une personne depuis trois ans et au fil du temps, nous sommes devenues des amies. Elle me connaît et a confiance en moi», confie Marie-Eliane Grand-Paul.

 

Elle confie avoir aussi eu des craintes pour son emploi avec la crise sanitaire : «Avec le coronavirus, j’ai eu peur de perdre mon gagne-pain. Heureusement que l’agence pour laquelle je travaille nous a rassurées.» Heureuse de pouvoir assurer son travail, elle règle ses pas sur ceux de la personne pour qui elle travaille : «Avec le confinement, la maison de madame n’est plus son espace de vie mais la nôtre. Je nettoie autour de moi et je fais du rangement. C’est ce que j’aurais fait chez moi, alors pourquoi pas là où je travaille. De plus, c’est ce qui m’aide à faire un peu d’exercices.»

 

Alors que la mesure pour permettre à certaines personnes de reprendre leur travail stipule que les pêcheurs peuvent aussi reprendre leurs activités, une confusion plane toutefois concernant ce secteur. Des pécheurs qui ont repris la mer ce lundi 4 mai, pensant pouvoir le faire comme le Premier ministre l’a annoncé vendredi dernier lorsqu’il expliquait le déconfinement par phases, ont été interpellés par la National Coast Guard et ont eu une contravention pour breach of curfew order.

 

Cela vient ainsi troubler davantage la communauté des pêcheurs qui espéraient enfin pouvoir reprendre leurs activités. Un pécheur que nous avons sollicité dit ne pas comprendre si oui ou non il peut retourner en mer. «J'ai entendu le cas de ces pécheurs qui sont partis en mer mais de mon côté, je suis vraiment dans le doute. Il y a trois catégories de pécheurs : ceux qui pêchent à la ligne, ceux qui pêchent au casier et ceux qui, comme moi, pêchent à la senne. Il faut établir pour quelle catégorie de pécheurs s’applique la mesure annoncée. Cette crise nous affecte comme elle affecte beaucoup de personnes», confie Steeve Curpanen, un habitant de Grand-Gaube.

 

Il semblerait que la communauté des pêcheurs sera informée avant le 15 mai des nouvelles directives pour qu’elle puisse bientôt reprendre la mer. Steeve Curpanen, comme d’autres de ses collègues, n’attend que ça pour pouvoir reprendre le chemin du travail.

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