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Vandana Venethethan, 24 ans, meurt après cinq jours - Ses parents : «Tous ses projets sont partis en fumée d’un coup»

14 août 2023

Elle était une jeune femme forte, ambitieuse, brillante, déterminée, avec une âme douce et chaleureuse. Âgée de 24 ans, Vandana Luchmee Venethethan possédait toutes les qualités et compétences requises pour se construire un bel avenir. Très impliquée sur le plan professionnel autant que culturel, la jeune femme faisait la fierté de ses parents, de son frère aîné, ainsi que de tous ceux qui la côtoyaient. Même si elle avait une vie déjà bien remplie, avec beaucoup de responsabilités sur les épaules, elle voulait encore accomplir énormément de choses. Néanmoins, un terrible drame est venu rendre impossible la réalisation des nombreux projets et rêves qu’elle avait en tête. «Tout est parti en fumée d’un coup», lâchent ses parents Rageenee et Devarajen, dévastés. Le dimanche 6 août, elle a poussé son dernier soupir à l’hôpital Nehru, à Rose-Belle, où elle était hospitalisée depuis cinq jours suivant un accident de la route.

 

Le mardi 1er août, elle était en compagnie de deux amis d’enfance lorsqu’un drame s’est produit dans les parages de Mare-d’Albert. Il était environ 22 heures lorsque la fourgonnette à bord de laquelle se trouvait cette habitante de La Source, Quatre-Bornes, a dérapé près d’un rond-point et s’est retrouvé les quatre roues en l’air. «Nous ne connaissons pas l’identité de la personne qui nous a informés de l’accident ; nous pensons qu’il s’agissait d’un passant», confient ses parents.

 

Alertée, la police s’est rendue sur les lieux, où elle a trouvé Vandana et les deux autres occupants du véhicule coincés dans le caniveau et portant des blessures. Les pompiers ont dû être sollicités pour les extirper du fossé, avant qu’ils ne soient conduits à l’hôpital par le SAMU. Le conducteur de la fourgonnette – un habitant de Trèfles, Rose-Hill – a été soumis à un alcotest, qui s’est avéré négatif. Après avoir obtenu les premiers soins, il a été autorisé à rentrer chez lui. La deuxième passagère de la voiture – une habitante d’Ollier, Quatre-Bornes –, dont les blessures étaient également superficielles, a elle aussi pu quitter l’hôpital sans trop tarder.

 

Néanmoins, le cas de Vandana Venethethan était plus préoccupant. «Lorsque nous l’avons retrouvée à l’hôpital, elle était consciente. Elle nous a même parlé, à moi et à sa mère. Nous ne lui avons pas demandé si elle se souvenait des circonstances de l’accident, car c’était déjà bien assez dur pour elle. Elle nous a simplement dit qu’elle avait des douleurs et nous a parlé de ce qu’elle avait mangé», relate son père. À peine quelques heures plus tard, elle a subi une intervention chirurgicale, «puis elle a été plongée dans le coma pour ne plus jamais se réveiller». Au bout de cinq jours, elle a succombé à ses blessures. L’autopsie pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médicolégal de la police, a attribué sa mort à une septicémie due à un polytraumatisme.

 

Artiste dans l'âme

 

Depuis, tous ses proches n’arrêtent pas de la pleurer, de la regretter. Car Vandana était très aimée de son entourage et elle avait, elle aussi, beaucoup d’affection pour toutes les personnes qui faisaient partie de sa vie, sa famille, ses amis et autres proches. Elle abordait également les étrangers qu’elle rencontrait et avec qui n’échangeait parfois que quelques paroles avec beaucoup d’amour. Il s’agissait là de sa plus grande qualité, s’accordent à dire ses proches. «Elle allait facilement vers les autres. Elle avait beaucoup d’amis, de tous âges confondus. Elle s’entendait aussi bien avec les enfants et les jeunes de son âge qu’avec les personnes âgées», relate sa mère, les larmes aux yeux. Elle adorait passer du temps avec ses camarades, avec lesquels elle organisait souvent des sorties.

 

Vandana était, par ailleurs, une jeune femme brillante, avec une vie bien remplie. Ayant obtenu sa licence en gestion et management à l’Université de Technologie de Maurice (UTM) en 2021, elle travaillait comme Cooperative Administrator pour une compagnie basée à Ébène. Elle visait, cependant, plus loin. Selon ses parents, elle voulait poursuivre ses études et envisageait d’entamer un Master of Laws in Business Law and Governance à l’UTM. Ils ont également appris d’une proche qu’elle pensait à aller émigrer au Canada. «Elle avait déjà commencé à se renseigner dans ce sens. Elle n’allait sûrement pas tarder à nous en parler», relate Rageenee. Elle était très certainement une jeune femme «mature, déterminée, qui savait ce qu’elle voulait, mais tous ses projets sont tombés à l’eau», s’attriste son père.

 

Ayant plusieurs cordes à son arc, Vandana était aussi très impliquée sur le plan culturel ; une passion certainement transmise par ses parents. Son père était le président du Tamil League et sa mère, membre de l’association féminine du kovil, elle participait, depuis son plus jeune âge, à bon nombre d’activités socioculturelles. «Elle a grandi dans ce milieu. Elle m’accompagnait à chaque fois lorsque je me rendais au temple. Lorsqu’elle était enfant, elle s’est impliquée et s’est inscrite à l’école tamoule du kovil», confie sa mère. En grandissant, cette passion ne l’a pas quittée. Elle était membre active de la Quatre-Bornes Tamil Federation, membre de l’aile jeune de celle-ci à La Source, et plus récemment, elle a été nommée secrétaire du Tamil League Youth Club. Elle enseignait aussi la langue tamoule aux plus petits et les encourageait toujours à participer aux événements culturels.

 

Véritable artiste dans l’âme, Vandana «aimait le chant, la danse et jouait de plusieurs instruments. Elle jouait du veena, un instrument classique, mais aimait tout autant la ravanne et chanter du séga», racontent ses proches. D’ailleurs, elle a eu l’occasion de représenter la Quatre-Bornes Tamil Federation lors de nombreuses compétitions de chant. «Cette année, elle avait préparé les enfants à une compétition organisée par la fédération à l’occasion du Nouvel an tamoul. Pour la remercier, les membres lui ont même offert une médaille pour sa contribution en tant que chorégraphe.» Mais cette compétition n’est pas la seule où elle a été récompensée pour son talent. Aussi passionnée par le théâtre, elle a participé au Tamil Drama Festival, une compétition nationale organisée par le ministère des Arts et de la Culture, où elle a représenté son kovil. «Le sketch en question, dans lequel elle tenait le premier rôle, a décroché le deuxième prix. Elle y a incarné un roi qui s’est sacrifié pour sa patrie. Sa prestation était impressionnante», relate son entourage avec fierté.

 

Ses funérailles ont eu lieu le mardi 8 août dans une atmosphère lourde de chagrin. Bouleversés, affligés, des membres de sa familles ont pris l’avion de France et d’Afrique du Sud, notamment, pour venir  lui dire un dernier adieu et soutenir ses parents. Une pluie d’hommages lui a aussi été rendue sur les réseaux sociaux par ses nombreux amis. Depuis le décès de la jeune femme, des prières sont dites également tous les jours et les sessions de prière se poursuivront jusqu’à la cérémonie du karumathi. La police, de son côté, poursuit son enquête afin de faire la lumière sur les circonstances exactes de cette tragédie.

 

Prakash Narain, 26 ans, décède 73 jours plus tard

 

Son père Vinay : «Il respirait la joie de vivre»

 

Il a lutté pour sa survie pendant plus de deux mois ; une période durant laquelle son entourage a même cru voir la lumière au bout du tunnel. Pour cause, après plusieurs semaines sous respiration artificielle au département des soins intensifs, Prakash Narain, aussi connu comme Ankush et âgé de 26 ans,avait fini par se réveiller et avait commencé à parler. Néanmoins, son état de santé s’est à nouveau détérioré et il a poussé son dernier soupir le lundi 7 août, au grand dam de ses proches. Une autopsie pratiquée par le Dr Prem Chamane, Police Medical Officer (PMO), a attribué son décès à une septicémie.

 

Le père de cet habitant de Saint-François s’en souvient encore. Le jour du drame, soit le 26 mai, il avait eu son fils au bout du fil peu avant la tragédie. «Li ti dir mwa “mo pe vini la”», se remémore Vinay. À ce moment-là, le jeune homme, qui venait de décrocher un emploi au port, devait rentrer chez lui après ses heures de travail. Vers 20 heures, alors qu’il était en chemin, la moto qu’il pilotait est entrée en collision avec un autobus en panne garée sur le slow lane de l’autoroute à Forbach, près de la succursale d’Espace Maison. Le conducteur de l’autobus a été soumis à un alcotest, qui s’est révélé négatif. Ne le voyant pas rentrer, Vinay raconte avoir à nouveau tenté de joindre son fils mais c’est une autre personne qui lui a répondu : «C’est un policier que j’ai eu au bout du fil, me demandant de me rendre à l’hôpital parce qu’il avait été victime d’un accident.» D’abord admis au département des soins intensifs de l’hôpital SSRN, Prakash Narain avait, par la suite, été transféré en salle parce que son état s’était amélioré. Hélas, au bout de 73 jours d’hospitalisation, son état avait à nouveau décliné au point où il n’a pas survécu. Vinay raconte que son fils était un jeune homme populaire, débrouillard et qui respirait la joie de vivre. Il a notamment travaillé comme coiffeur et sur les bateaux de croisière avant de décrocher un poste au port. Ses funérailles ont eu lieu ce mardi 8 août.

 

Collision entre une fourgonnette et une moto : les amis Walid Mungur, 17 ans, et Shakib Hossein, 16 ans, unis dans la mort

 

Il ne s’était pas rendu au collège ce jour-là. En ce mercredi 9 août, Walid Ibne Khalid Mungur – un habitant de Cité Gareeboo, Vallée-des-Prêtres, âgé de 17 ans – était allé rejoindre son ami Shakib MD Farhad Hossein – un Portlouisien de 16 ans – pour tester avec ce dernier la moto qu’il avait l’intention d’acheter. Il avait ainsi pris place sur le deux-roues, derrière son ami, et ils s’étaient dirigés vers Grand-Baie. Hélas, aux alentours de midi, la moto est entrée en collision avec une fourgonnette à la rue La Salette, près de l’église, ne leur laissant aucune chance de survie. Walid Mungur et Shakib Hossein ont été tués sur le coup.

 

Les corps sans vie ont ensuite été transportés à la morgue de l’hôpital Jeetoo, où une autopsie a été pratiquée par le Dr Maxwell Monvoisin, chef du département médicolégal de la police. Celui-ci a attribué leur mort au choc de leurs multiples blessures. Les funérailles des deux jeunes ont eu lieu dans la soirée du même jour.

 

Suite au drame, le conducteur de la fourgonnette impliquée – un habitant de Fond-du-Sac âgé de 56 ans – a été appréhendé par la police de Grand-Baie. Il a été soumis à un alcotest, qui s’est avéré négatif. Il a déclaré aux policiers qu’il venait de Grand-Baie et se dirigeait vers The Vale lorsque la moto, qui roulait dans le sens opposé, a changé de voie en dépassant deux autres deux-roues. Il n’a, ainsi, pas été en mesure d’éviter leur véhicule lorsque celui-ci s’est retrouvé dans sa voie, conduisant à un choc frontal. Le quinquagénaire a comparu devant le tribunal le lendemain sous une accusation provisoire d’homicide involontaire. Les lieux n’étant pas couverts par les caméras Safe City, l’enquête suit son cours afin de faire la lumière sur cette tragédie.

 

Walid Mungur, un passionné de motos, était en Grade 12 à la SSS de Pailles. Il vivait avec sa mère, ayant perdu son père l’an dernier, et était l’aîné d’une fratrie de six enfants. Son ami Shakib Hossein, originaire du Bangladesh, était venu s’installer dans l’île en 2016 et détenait un resident and dependent of spouse permit, sa mère étant mariée à un Mauricien.

 

Deux autres personnes tuées dans des accidents

 

Deux autres personnes ont trouvé la mort dans des accidents durant la semaine écoulée. Le dernier en date est Tekram Laloo, un habitant de Cité EDC, Balance, Plaine-Magnien, âgé de 42 ans. Ce samedi 12 août, aux alentours de 5h30, les forces de l'ordre ont trouvé le quadragénaire gisant inconscient sur l'asphalte à côté de son vélo dans les parages de Solitude, dans sa localité. D'après leurs renseignements, il a été percuté par un 4x4 conduit par un habitant de Mahébourg âgé de 26 ans. Lorsque les médecins du SAMU sont arrivés sur les lieux, ils n'ont pu que constater le décès du cycliste. Une enquête a été ouverte.

 

Un autre accident s'est produit dans la soirée du dimanche 6 août. Il était environ 23 heures lorsque les limiers du poste de police de Baie-du-Tombeau se sont rendus sur la route principale de la localité, près du supermarché Simla, après avoir été informés d’un accident. Ils y ont trouvé Muhammad Shazid Korimbocus, 19 ans, et un autre jeune de 21 ans, tous deux domiciliés à Pailles, gisant sur l’asphalte à côté d’une moto.

 

D’après leurs renseignements, le plus âgé pilotait le véhicule. Blessés, les deux ont été conduits à l’hôpital SSRN par le SAMU. Si le conducteur du deux-roues, testé négatif à l’alcotest, a pu rentrer chez lui après avoir obtenu les premiers soins, Shazid Korimbocus a, pour sa part, dû être opéré d’urgence. Malheureusement, les médecins n’ont rien pu faire pour le sauver. Il a succombé à ses blessures après quelques heures. Une autopsie pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médicolégal de la police, a attribué son décès à un hemorrhagic shock. Quant au motocycliste, il fait l’objet d’une accusation provisoire d’homicide involontaire. L’enquête suit son cours.

 

Un taxi dérape et percute les mains courantes : l'un des passagers, âgé de 6 ans, amputé d'une jambe

 

La tragédie s’est jouée en une fraction de seconde, mais cela aura suffi à bouleverser sa vie entière. Aux petites heures du samedi 5 août, un garçonnet de 6 ans et ses proches revenaient d’un mariage à Eco Farm, Plaine-Magnien, et rentraient chez eux à Grand-Bois lorsque le taxi dans lequel ils se trouvaient a fait une sortie de route près de la passerelle de Rose-Belle. Il a ensuite percuté une barrière avant de terminer sa course contre les mains courantes. Les occupants de la voiture ont par la suite été conduits à l’hôpital Nehru par le SAMU. Grièvement blessé, le petit garçon a, hélas, dû être amputé de la jambe gauche ; une épreuve aussi traumatisante pour lui que pour les membres de son entourage. Parmi les autres occupants de la voiture, quatre ont été autorisés à rentrer chez eux après avoir reçu les soins nécessaires, tandis que deux autres sont hospitalisés. Quant au chauffeur, âgé de 32 ans, il n’a pu être soumis à un alcotest car il a été blessé à la bouche. Les enquêteurs ont, toutefois, effectué un prélèvement sanguin pour des analyses. Questionnés, les membres de cette famille ont déclaré à la police que «sofer-la ti pe roul vit». L’enquête suit son cours.

 

Sécurité routière : plus de 90 morts depuis le début de l'année

 

Il s’est adressé à la presse la semaine dernière, après avoir présidé la Commission pour la sécurité routière. «Il s’agit de l’une des priorités à notre agenda», a déclaré le Premier ministre Pravind Jugnauth, avant de lancer un appel aux usagers de la route pour qu’ils fassent preuve de prudence et de courtoisie. Cela n’a, toutefois, pas empêché l’hécatombe de cette semaine avec six autres personnes tuées dans des accidents. À l’heure où nous mettions sous presse, le nombre de victimes sur nos routes depuis le début de l’année avait dépassé la barre des 90 ; les motocyclistes et leur passager, ainsi que les piétons, étant les plus vulnérables. Selon le Premier ministre, «il y a un gros travail à faire (...) Il y a évidemment beaucoup de facteurs, mais un facteur qui reste déterminant dans beaucoup de cas d’accidents, c’est le comportement du chauffeur, du motocycliste, du cycliste ou du piéton». Il a annoncé le lancement d’une vaste campagne de sensibilisation sur la sécurité routière allant du mois d’octobre à la fin de l’année.

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