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27 février 2017 13:24
Ils étaient amoureux et heureux. L’avenir leur semblait plus que radieux. Sharon et Vanessen s’étaient mariés le samedi 18 février. Dans un peu moins de deux mois, la jeune femme allait accoucher d’un petit garçon. Le couple Kamachi flottait sur un petit nuage de bonheur. Mais le rêve a viré au cauchemar. Le jeune marié est mort électrocuté sur son lieu de travail deux jours après le mariage. Il laisse derrière lui une veuve éplorée et un fils qu’il ne connaîtra jamais et qui grandira sans lui.
Depuis le lundi 20 février, la vie de Sharon Morin-Kamachi est devenue un véritable enfer. Elle a perdu son grand amour dans des circonstances tragiques au moment où elle a le plus besoin de lui. Mais elle sait qu’elle ne doit pas se laisser aller au désespoir total, qu’elle doit se ressaisir pour cet enfant qui va naître en avril. «Si ce n’était pas pour mon fils, je ne crois pas que j’aurais été en mesure de tenir le coup», lâche-t-elle, la gorge nouée et des émotions dans la voix. Malheureusement, Vanessen ne connaîtra jamais son fils et vice versa. «Il était très emballé à l’idée qu’on soit parents ; peut-être même plus que moi», confie Sharone. Pour cet enfant, il avait des projets plein la tête et faisait tout afin qu’il ne manque de rien à son arrivée. «Il se démenait au travail. Nous avions presque fini la construction de notre maison, juste au-dessus de celle de ses défunts parents. La chambre du bébé était pratiquement prête.»
Hélas, le malheur est venu frapper à la porte de cette petite famille avant que ce bébé tant attendu n’arrive et deux jours seulement après l’officialisation de la relation de Sharone et Vanessen par une union civile. Un jour maudit que la jeune femme n’oubliera jamais, même si elle souhaite plus que tout l’effacer de sa mémoire.
Ce matin-là, Kevin Kamachi, 31 ans, affectueusement appelé Vanessen, quitte son domicile, à la rue Charles Cheron, à Eau-Coulée, pour aller travailler sur le site de construction de Trio Development, à Pointe-aux-Biches. Pendant qu’il manipule une grue, l’appareil heurte accidentellement un câble de haute tension. La décharge électrique est telle que le jeune homme, directeur de sa propre compagnie, est projeté au sol. Il est conduit à l’hôpital SSR mais les médecins ne peuvent que constater son décès. L’autopsie, pratiquée par le Dr Prem Chamane, conclut à une mort par électrocution.
Ce matin-là, Sharone Morin-Kamachi s’est, elle, rendue chez sa mère, dont la maison se situe à quelques mètres de celle de Vanessen, pour aller changer de vêtements, lorsqu’elle reçoit un appel téléphonique. Au bout du fil : un des employés de son compagnon. «J’étais dans la salle de bains. Il m’a dit que Vanessen avait eu un accident au travail. J’étais loin de me douter que c’était aussi grave mais j’ai tout de même paniqué et j’ai raccroché. Ma mère l’a ensuite rappelé et il lui a donné plus de détails, sans lui raconter ce qui s’était réellement passé. Il lui a expliqué que Vanessen avait été conduit à l’hôpital.»
Les deux femmes grimpent alors à bord d’un véhicule pour se rendre à l’hôpital du Nord mais à mi-chemin, Mevin Kamachi, le jeune frère de la victime, les appelle pour leur demander de ne pas venir. «C’est à ce moment-là que nous avons compris ce qui lui était arrivé. Le conducteur a immédiatement fait demi-tour et Mevin nous a dit qu’il nous rejoindrait à la maison.» La suite n’est que pleurs et tristesse.
Les funérailles de la victime ont eu lieu le jeudi 23 février, à 10h30, juste après que sa sœur aînée soit rentrée d’Angleterre. Afin de lui rendre un dernier hommage, la chanson du couple – Only you de Jah Cure – a été jouée une dernière fois. C’est au son des ravanes que le cortège s’est avancé car Vanessen était un passionné de séga. «Durant les trois jours précédant son enterrement, j’en ai profité pour lui écrire tout ce que j’avais sur le cœur. Dans ces lettres, je lui ai demandé de partir en paix et que je surmonterai cette épreuve pour notre fils. Il a été enterré avec», souligne Sharone. Les proches du jeune homme ont également tenu à ce qu’il quitte ce monde avec les objets qui ne le quittaient jamais, tels que sa paire de lunettes de soleil et sa casquette.
Pour le moment, le manque, le vide sont impossibles à surmonter pour Sharone et le reste de la famille de Vanessen. «Nous nous disons tous les jours que tout cela n’est jamais arrivé. J’ai encore l’impression que je le verrai apparaître ou que je recevrai un appel de lui. C’est plus que dur, même si je pense que le pire reste à venir.» Mais pour son fils, pour leur fils, qu’elle va appeler Vanessen comme son père, elle veut tenir le coup. Une manière aussi de rendre hommage à l’amour de sa vie, celui avec qui elle allait se marier religieusement l’année prochaine.
Cela faisait sept ans que Sharon et Vanessen se connaissaient et presque six ans qu’ils se fréquentaient. Avant cela, le jeune homme avait vécu durant plusieurs années en Angleterre avec sa sœur aînée et travaillait pour un service de livraison. C’est à son retour au pays que Sharone et lui ont appris à se connaître et se sont rapprochés. «Il était vraiment gentil, amical, très populaire. Personne ne pourra dire du mal de lui.»
Malgré son chagrin, la jeune femme esquisse un petit sourire en se remémorant «sa joie de vivre et ses fossettes lorsqu’il souriait». Des souvenirs impérissables qu’elle chérira toujours et qu’elle s’efforcera de transmettre à son fils Vanessen. Afin qu’il sache qui était son père. Un père qui l’aimait à la folie avant même qu’il ne vienne au monde et qui avait tellement de rêves et de projets pour lui.
Les Kamachi vont de deuil en deuil. Déjà, il y a deux mois, en décembre 2016, le père de Vanessen a été emporté par une maladie cardiaque, laissant sa famille dans une grande tristesse. Un mois plus tard, en janvier, c’est un oncle du jeune homme qui est décédé des suites d’une maladie alors que sa mère a succombé à un cancer il y a plus de six ans. En février, c’est Vanessen qui s’en est allé tragiquement. Si sa mort est terriblement difficile à accepter pour son épouse, le frère et la sœur du jeune homme sont tout aussi affectés. «Pour le moment, son frère Mevin est entouré des autres membres de la famille mais lorsque sa sœur aînée rentrera en Angleterre, il se retrouvera seul», confie Sharone Morin-Kamachi.
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