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Vassen Kauppaymuthoo au MSM

12 mai 2014

L’homme veut débattre de ses idées, dit-il. C’est pour cela qu’il a choisi le MSM.

Prendre une profonde inspiration. Et se lancer. Ne pas vraiment hésiter car, sinon, les doutes et les interrogations viendront noyer la motivation. Écouter son cœur, suivre le chemin de ses idées, même s’il est parfois tortueux, et chercher la lumière… du côté du soleil qui se reflète sur l’eau. Pour Vassen Kauppaymuthoo, ses premiers pas en politique se sont apparentés à une plongée, un saut vers l’inconnu, une percée vers un monde aperçu, mais pas – encore – apprivoisé. Pourtant, certains disent déjà qu’il a fait une plongée en eaux troubles en rejoignant les rangs du MSM.

Le récent engagement de l’homme, respecté pour ses prises de position apolitiques, a choqué. Est-ce que les flots de la politique laveront le militant écologique de son aura ? Ou alors rayonnera-t-il toujours au sein du parti soleil ? L’océanographe aux nombreux combats pour protéger l’environnement y croit : «Je continuerai à me battre pour mes idées. Ce n’est pas parce que je me tourne vers la politique que je ne suis plus le même. Je suis toujours le même Vassen.»

Surprise ! Le meeting tant attendu de sir Anerood Jugnauth, à Rivière-du-Rempart, le 30 avril, après les nombreux remous sur la scène politique, a été celui du coming out politique de Vassen Kauppaymuthoo. Lors de son discours, l’ancien leader du Remake 2000, défunt mais encore convoité, annonçait la venue dans les rangs du MSM de sang neuf. Vassen Kauppaymuthoo et l’avocat Roshi Bhadain étaient les «personnalités» du lot.

Depuis, l’engagement de l’océanographe fait jaser. «J’en suis conscient», confie-t-il, le sourire dans la voix. Que s’est-il donc passé pour que ce professionnel respecté se jette dans l’arène politique ? Surtout que celle-ci a plutôt des allures de cage aux folles ces derniers temps. Vassen Kauppaymuthoo avait, tout simplement, envie d’engagement. Un désir de s’impliquer à un autre niveau pour son pays : «Cela fait suite à de nombreux événements – la réforme électorale, les probables changements dans notre constitution, les discussions autour d’une deuxième République – qui auront un impact sur le pays. Je trouvais que le temps était venu, avec tous ces bouleversements, de faire part de mes idées et de m’engager.»

Sortir de la simple contestation pour aller vers la participation aux prises de décisions. Vivre sa citoyenneté à un autre niveau : «Le débat citoyen, les prises de position, ça me convenait. Mais, aujourd’hui, j’estime que ça ne suffit plus.» Nombreux sont ceux qui se demandent, aujourd’hui, si ses nombreuses déclarations contre certaines décisions gouvernementales étaient le fruit de son rapprochement avec le MSM. Le charismatique océanographe, lui, ne laisse pas la place au doute… en bon politicien novice, qu’il est : «Je peux dire clairement et sincèrement que je me suis toujours battu pour mes idées sans arrière-pensées politiques.» D’ailleurs, précise-t-il, son entrée au parti soleil est une décision récente.

Elle date seulement de quelques semaines : «C’est moi qui ai approché SAJ. J’ai demandé un rendez-vous. Et cette rencontre m’a conforté dans mon choix. C’est un homme constant, ferme et déterminé. S’il dit qu’il va faire quelque chose, il va le faire. J’ai aimé ça.» Par la suite, il s’est entretenu avec Pravind Jugnauth et a fait une demande d’adhésion qui a été acceptée.

Mais pourquoi avoir choisi le MSM alors que d’autres plus grands partis l’auraient accueilli à bras ouverts ?  Vassen Kauppaymuthoo dit avoir fait son choix en toute connaissance de cause : «Je ne voulais pas d’un parti qui a un leader maximo. Je suis un scientifique et je veux des débats d’idées et des échanges. Je sais que c’est possible au MSM. Et puis, cette formation politique laisse la place aux jeunes. Et je sens que je pourrai y faire avancer mes idées concernant la protection de l’environnement, entre autres.»

 

Ses prises de position, comme ici contre la centrale à charbon de CT Power, étaient-elles motivées politiquement ?


Pour lui, il n’y a pas de grands et de petits partis : «Je pense que ce sont les idées et les personnes qui comptent. De grands leaders politiques qui ont évolué seuls ont changé la destinée d’une nation. Ça ne m’intéresse pas d’être au pouvoir à n’importe quel prix. Je veux défendre les intérêts de la population et cela implique une réflexion à long terme pour les générations futures.» D’ailleurs, c’est à sa façon qu’il écrit son histoire avec le MSM : «Déjà, je trouvais que la décision de ce parti de quitter le gouvernement était une preuve de son intégrité. Il n’y avait pas de concession possible quand ils ont décidé que certaines choses ne leur plaisaient pas. C’est une action qui m’a plu.» Une version plus qu’édulcorée de la cassure de l’Alliance de l’Avenir, une des conséquences de l’affaire Medpoint. «C’est ma vision des choses», martèle-t-il.

Malgré tout, le pouvoir, il y pense. Rien de plus normal. Sans ce Graal, les plus belles initiatives ne connaissent pas souvent de belles destinées : «Ça me permettrait de faire avancer mes idées et de changer les choses.» D’ailleurs, il espère bien obtenir un ticket pour les prochaines législatives : «Je souhaite m’engager à fond. Pourquoi pas à Quatre-Bornes ?» Et il ne doute pas que le MSM soit appelé à participer à la création d’une île Maurice meilleure (avec ou sans le MMM, voir hors-texte) : «Je crois que les Mauriciens ne sont plus ceux qui vont voter pour enn pie banann. Ils veulent des gens avec des idées et des convictions.»

Au fil de la conversation, l’idéaliste qu’il est impressionne… d’idéalisme. Pour lui, le verre n’est ni à moitié rempli ni à moitié vide, il n’y a plus de verre. Oubliés le vote communal, les intérêts «noubanistes» et le passé, pas toujours glorieux, du MSM, il conjugue l’avenir en teintes orangées : «Les choses sont en train de changer. Les jeunes ont d’autres priorités et parmi elles, je pense que la protection de l’environnement figure en bonne place. Moi je veux défendre mes idées et je reste persuadé que si elles intéressent les gens, ils me suivront.»

Pour l’instant, son immersion en politique n’en est qu’à ses premières brasses. Son océan de possibilités n’est pas encore une mer remplie de requins. Son matériel de plongée : un regard neuf, une vision positive de la politique, un filet rempli d’idées, une motivation intacte. Reste à savoir si, au bout de quelque temps, il ne manquera pas d’inspiration… pris dans le tourbillon de la réalité de la politique mauricienne.

 



Remake 2000 : ça donne quoi ?


Vassen Kauppaymuthoo ne se mouille pas. Le Remake 2000 est un sujet à «handle with care». «Les choses doivent se faire comme elles doivent se faire», confie-t-il quand il est interrogé sur la défunte alliance de Paul Bérenger et SAJ. Ce dernier, lui, ne perd pas espoir. Sir Anerood Jugnauth a refait un appel du pied au leader du MMM lors d’un congrès à Mare d’Albert, cette semaine. Le Remake 2000, il y croit… encore : «Navin Ramgoolam a couillonné Paul Bérenger. Je lui demande de reconsidérer le Remake afin que nous puissions continuer la lutte et que nous accomplissions notre mission de sauver le pays.»

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